Si les membres actionnaires ont autorisé l’adhésion de l’Algérie au sein de la Berd (Banque européenne de reconstruction et de développement), son accession au statut de bénéficiaire des aides, ne l’est pour le moment pas encore acquise, du moins pour 2021. Le 18 avril dernier, Alger a franchi une nouvelle étape dans son intégration des institutions financières internationales, avec l’adoption en Conseil des ministres du «projet de décret présidentiel présenté par le ministre des Affaires étrangères, et portant adhésion de l’Algérie» à la Berd, selon le communiqué de la présidence algérienne.
Par Réda Hadi
Après la Banque africaine de développement, dont Alger est le cinquième actionnaire africain, l’Algérie fait donc son entrée au sein d’une institution européenne, «ce qui pourrait marquer un assouplissement de sa position face à l’endettement extérieur, un chemin que le président, Abdelmadjid Tebboune s’est toujours refusé d’emprunter vis-à-vis du FMI et de la Banque mondiale» note Billel Laouali, expert en économie.
Pour cet économiste cette adhésion «ne veut toutefois pas dire qu’il s’agit d’un pays d’opération’ (country of operation), et de poursuivre que «l’Algérie est un pays membre, mais il n’a pas pour l’heure le statut de pays bénéficiaire des services de financement et de conseil de la Berd. Il faudra encore attendre un certain nombre d’événements avant que le pays puisse voir l’ombre d’un euro arriver sur son compte» nous a-t-il précisé.
Par ailleurs, M. Laouali précise que cette démarche devra être suivie par une autre plus formelle : «L’Algérie, a bel et bien esquissé son dessein de faire partie des bénéficiaires des aides de la Berd dans sa demande d’adhésion, mais devra se montrer encore plus explicite et déposer une requête formelle d’accession au statut de bénéficiaire des aides.vce qui n’est pas automatiquement acquis»
D’autre part, cet économiste, reste sceptique sur le fond de cette adhésion, car pour lui elle est beaucoup plus «politique et diplomatique qu’économique» remarqua-t-il.
Exigences
Par ailleurs Billel Laouali a mis en avant le fait que notre économie est «une économie «fermée». Or pour faire partie du club des bénéficiaires, cette demande formelle «sera examinée par les actionnaires de la banque en vue d’un accord. Un audit de l’économie locale sera exigé, des allers-retours avec le secteur privé ou encore une évaluation des besoins, seront ensuite nécessaires pour valider son nouveau statut. Un processus qui peut prendre plusieurs mois» nous a-t-il expliqué, jugeant que «l’Algérie n’est sûrement pas à l’agenda de 2021» De plus, ce contrôle rigoureux sera difficile à observer dans un pays «où l’informel est pratiquement maitre des lieux et avec un climat des affaires pas encore assaini», conclut-il.
Un constat fait par des spécialistes qui affirment que, l’accession d’un nouveau pays en tant que bénéficiaire des aides, est traditionnellement votée lors des assemblées générales annuelles de l’institution, dont la prochaine édition se tiendra en juin prochain. Mais pour le moment, l’Algérie ne figure pas à l’agenda de la rencontre, soulignent-ils. Il est plus probable que l’accord, si accord il y aura, soit donné, même d’ici à juin 2022.
En somme, d’autres conditions seront encore exigées pour que l’Algérie soit membre-bénéficiaire des prestations de la Berd.
Billel Laouali pousse son expertise encore plus loin et affirme : «Pour l’approbation pour les aides, la banque, va rechercher comme de coutume, des opportunités pour soutenir la compétitivité du secteur privé, parce que le secteur public, est réputé être lié à des affaires de corruption»
12 milliards d’euros d’aides
Pour rappel, l’Algérie se situe dans la partie orientale et méridionale du bassin méditerranéen (SEMED), une région où la banque de développement investit et appuie déjà les réformes des politiques à mettre en œuvre en Égypte, en Jordanie, au Liban, au Maroc, en Tunisie et en Cisjordanie et Gaza.
À ce jour, la Banque a consacré plus de 12 milliards d’euros à 260 projets répartis dans la région SEMED, qui concernent les ressources naturelles, les institutions financières, les agro-industries, les industries manufacturières, ainsi que les infrastructures.
R. H.