Quinze jours après la rentrée scolaire des collégiens et lycéens, la situation sanitaire n’a fait qu’amplifier le désaccord entre le ministère de l’Education et les syndicats d’enseignants et personnels de l’éducation. Même les élèves expriment leurs inquiétudes quant à la poursuite de leur cursus. Déjà absents des bancs scolaires depuis 8 mois, la reprise leur a été difficile et ce, d’autant plus que la pandémie a davantage creusé les inégalités sociales et scolaires. Celle-ci ne semble pas être une réussite totale à entendre les enseignants et les parents d’élèves.
Par Réda Hadi
A cause de la situation sanitaire, les cours ne durent que 45 min. Ce qui fait craindre aux élèves d’épuiser le programme d’une année, en un tiers du temps nécessaire et subir, ainsi, une surcharge de travail. De plus, certains professeurs pointent du doigt l’impossibilité de conserver le même programme, tout en réduisant les heures de cours.
Il faut rappeler que certains établissements ont mis en ligne des cours des différents niveaux. Si cette décision est d’un certain point de vue bénéfique, elle n’a fait, pourtant, qu’aggraver les inégalités sociales qui existent entre les élèves.
Nabila, la mère d’une enfant en 2e année moyenne dans un CEM à Bachdjarah, ne cache pas sa colère, car, pour elle, cette décision n’est faite que pour les mieux lotis.
«J’ai une enfant au CEM en 2e année, et un garçon en 1re année secondaire, et même avec Internet à la maison, il me faudrait 2 micro ordinateurs ou alors, des tablettes. Ce système favorise ceux ayant déjà accès à Internet et, surtout, à un ordinateur. Mes enfants sont restés, donc, sur le carreau, et la rentée n’a pas arrangé les choses. Mes enfants sont en situation de handicap question niveau», a déploré Nabila, peu enthousiaste, par ailleurs, pour la poursuite de l’année scolaire.
Du côté de l’Association nationale des parents d’élèves, son président souligne le caractère «précipité» de cette rentrée. Pour Ahmed Khaled, en effet, «les conditions ne sont pas toutes réunies, pour une rentrée dans les meilleures conditions. Quinze jours après, les mêmes problèmes persistent et dans certaines régions, ils se sont aggravés».
Pour lui, toutes les conditions n’ont pas été réunies pour une rentrée satisfaisante. «Le protocole sanitaire est très peu observé, et il y a toujours des classes surchargées».
Même son de cloche du côté du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), qui, par le biais de son président, Messaoud Boudiba, a relevé les «incohérences» et la «non-préparation» de cette rentrée scolaire. M. Boudiba précise, surtout, qu’«hormis l’eau de Javel et les citernes d’eau, il n’y a rien d’autre. L’état de certaines écoles est catastrophique et cela ne date pas d’aujourd’hui».
Selon lui, mis à part les sempiternels problèmes de transport scolaire et des cantines, «les dysfonctionnements» apparus lors de ce retour des élèves sur les bancs de l’école ne se limitent pas à l’aspect matériel. Car, du côté pédagogique, la situation «n’est guère plus reluisante», estime-t-il.
Alors 15 jours après, la situation semble s’être aggravée au point que des parents d’élèves envisagent sérieusement de demander un report immédiat de la rentrée, afin de mieux s’organiser.
Par ailleurs, selon certaines sources, des tractations sont en cours avec le ministère de l’Education, et même des pourparlers sont engagés avec certaines APC, pour «faire respecter le protocole sanitaire».
R. H.