Dissolution de l’Assemblée nationale, remaniement ministériel, libération de dizaines de détenus « hirakistes »… Quelques jours après son retour en Algérie, le Président Abdelmadjid Tebboune a fait d’importantes annonces ce jeudi 18 février. Des annonces fortes, du président de la République, qui, pour la première fois les annales politiques du pays, a désavoué publiquement la gestion de son gouvernement ? Tebboune s’est engagé à faire prendre un virage à 360 degrés à l’Algérie. Notre pays en a bien besoin, mais, mais la tâche sera rude, car les vieilles habitudes persistent, et l’administration algérienne ne veut pas s’avouer vaincue.
Par Réda Hadi
Ce que doit réussir le président Tebboune s’apparente au nettoyage des écuries d’Augias, et surtout, qu’en plus d’avoir cette force tranquille qu‘il dégage, le coup de pied dans cette fourmilière qu’il dénonce sans détours, devra être concis et précis, soulignent des observateurs.
En effet, lors de son discours à la Nation, Tebboune a affirmé sa volonté de changer d’équipe ministérielle, qui est loin de réussir la mise en pratique de son programme et surtout qui peine à répondre aux aspirations des Algériens. Qu’il s’agisse des zones d’ombres, un dossier qui lui tient à cœur particulièrement, les télécoms, ou Algérie poste, pour ne citer que ces secteurs touchant au quotidien, le compte n’y est pas au goût du chef de l’Etat.
Le Président avait donc, jusque-là, la laborieuse tâche de «dénicher» des hommes et/ou des femmes ayant la stature et les compétences exigées, sachant qu’ils ne seront peut-être pas tentés par des portefeuilles, aussi prestigieux soient-ils, dans le prochain gouvernement, pour la simple raison qu’ils qu’il pourrait être mis fin à leurs fonctions, dès l’élection de la prochaine Assemblée nationale, échéance anticipée annoncée officiellement aussi par M. Tebboune.
Le sort du gouvernement Djerad, était par conséquent scellé depuis quelques mois déjà, et les « rumeurs » autour de son « profond » remaniement allaient bon train.
L’on s’est fié à ce sujet aux remarques qu’il avait faites lors de son dernier Conseil des ministres du 3 janvier 2021, et l’on avait supposé que plusieurs départements ministériels devaient être touchés par ce changement en vue. Parmi ces départements, revenaient immanquablement, celui du Commerce, de l’Intérieur, de l’Industrie, des Ressources en eau, de l’Agriculture, des Finances et de la Santé.
Les mauvais élèves
Il faut se souvenir que le Président Tebboune avait, en effet, critiqué la gestion du dossier des zones d’ombre dans certaines wilayas. Le chef de l’Etat semble également mécontent de la gestion du secteur des Ressources en eau, au point d’avoir mis en garde contre «la poursuite du phénomène d’approvisionnement en eau par les méthodes rudimentaires».
Autre secteur dont le rendement a été critiqué par le chef de l’Etat : celui de l’Agriculture. Ne cachant pas son mécontentement, le Président Tebboune a ordonné l’ouverture d’une enquête sur l’affaire d’importation de blé avarié de Lituanie, et chargé le ministre des Finances de procéder à un audit au sein de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC).
La prestation du ministre du Commerce n’est pas, non plus à la hauteur des attentes. Les déclarations contradictoires du ministre ne semblent pas être au goût du chef de l’Etat, surtout en ce contexte socioéconomique tendu, marqué par la hausse des prix des denrées alimentaires. Le secteur de la Santé était également, visé par le chef de l’Etat, en raison notamment, du retard enregistré dans le lancement de la campagne de vaccination contre la Covid-19.
Qui ne se souvient pas de la guéguerre entre le ministre de l’Industrie et celui du Commerce, par ailleurs ? Qui a pu oublier le coup de gueule du Garde des Sceaux, qui a mis en cause les lourdeurs administratives de certaines cours locales, qui vont à l’encontre des directives émises.
Le nouveau gouvernement aura, donc, et le moins que l’on puisse dire, du pain sur la planche, car le Président tient absolument à changer la face du pays et ce en application de la nouvelle Constitution, mais aussi à son plan de relance.
La première difficulté pour Tebboune sera de trouver un Premier ministre d’envergure qui accepterait d’ «aller au charbon» sur un terrain miné de toutes parts par une multitude d’obstacles.
R. H.