Par Akrem R.
Vers un nouvel essor des relations bilatérales et économiques, notamment, entre l’Algérie et la Chine. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, est depuis hier lundi à Pékin, pour une visite d’Etat, sur invitation de son homologue chinois, Xi Jinping.
Cette visite s’inscrit dans le cadre du raffermissement des relations solides et enracinées et du renforcement de la coopération économique entre les deux pays amis, avait indiqué un communiqué de la présidence de la République. La coopération économique sera au menu de cette visite d’Etat. D’ailleurs, 150 chefs entreprises algériens ont effectué le déplacement à Pékin avec le chef de l’Etat. Les liens qui unissent l’Algérie et la Chine, sont profonds et durables. C’est surtout grâce à des relations partagées et équitables, que l’amitié entre les deux pays, n’a fait que se renforcer, pour se transformer en partenariat stratégique.
D’ailleurs, en ce sens, l’Algérie et la Chine ont signé un plan de coopération stratégique qui s’étend jusqu’en 2026. Il s’agit du deuxième plan du genre, puisque la Chine et l’Algérie ont signé en 2014 l’accord de «partenariat stratégique global», visant à renforcer la coopération économique entre les deux pays. Il portera sur les domaines de l’économie, de l’énergie, de l’espace et de la culture.
Le plan vise à continuer à intensifier la communication et la coopération entre les deux pays dans tous les domaines, y compris l’économie, le commerce, l’énergie, l’agriculture, la science et la technologie, l’espace, la santé et la communication humaine et culturelle, ainsi que la promotion du jumelage entre les stratégies de développement de l’Algérie et de la Chine.
Ce déplacement de Tebboune en Chine sera une occasion pour lui de présenter le plan de développement de l’Algérie et les ambitions de «l’Algérie nouvelle». En effet, cette visite d’Etat sera également une occasion pour le président de la République de négocier chez la deuxième puissance économique et militaire de la planète, tout ce qui peut concourir à bâtir «l’Algérie nouvelle». Ainsi, elle sera une occasion pour l’Algérie de présenter ses opportunités et atouts en matière d’affaires et d’investissement.
Le poids économique de la Chine en Algérie est déjà très conséquent. Les entreprises chinoises raflent tous les gros marchés dans le BTP (bâtiment et travaux publics) en Algérie depuis 2000. Les Chinois ont réalisé une bonne partie de l’autoroute est-ouest, un contrat d’une dizaine de milliards de dollars ; la Grande mosquée d’Alger c’est encore la Chine, pour un financement de 1,5 milliard de dollars ; idem pour le Centre international des conférences (CIC) d’Alger (un budget de 500 millions de dollars), des milliers de logements AADL, des stades etc. Maintenant, disent des spécialistes, l’Algérie a besoin d’investissements directs pour son industrialisation et diversification de l’économie nationale.
En clair, l’Algérie ne veut plus être un marché pour les produits chinois, mais produire davantage sur son territoire, afin de réduire sa facture des importations et surtout sa dépendance vis-à-vis des pays étrangers.
Donc, les investisseurs chinois sont invités à venir s’installer en Algérie et l’accompagner dans la mise en œuvre de son Plan d’action. Cette visite donc servira aussi et surtout à renforcer la coopération économique entre les deux pays amis.
BRICS et initiative la Ceinture et route de la soie : Des perspectives prometteuses pour une coopération étroite
Sur le plan international, l’Algérie compte sur l’appui de la Chine pour adhérer au groupe des Brics. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi avait indiqué que la Chine accueillait favorablement l’adhésion de l’Algérie au Groupe des BRICS, soulignant que l’Algérie est un « grand pays en développement » et un « représentant des économies émergentes ».
Le chef de la diplomatie chinoise avait déclaré, par ailleurs, que son pays était « disposé à œuvrer avec l’Algérie pour jouer un rôle constructif dans la réalisation de la paix et du développement dans le monde ».
Ainsi, les relations de coopération entre l’Algérie et la Chine se sont développées davantage dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route », lancée par la Chine en 2013 et à laquelle l’Algérie a adhéré en 2018.
Cette initiative repose sur la préservation de l’intérêt mutuel et le développement de la coopération constructive entre les Nations et les peuples dans le cadre d’un système mondial utile et équitable et en faveur de la paix et la sécurité mondiales, loin de l’hégémonie d’un système mondial à l’essence et aux dimensions étranges. Dans ce cadre, les deux pays avaient signé, décembre dernier, le plan exécutif pour la concrétisation conjointe de l’initiative « la Ceinture et la Route » pour approfondir et renforcer davantage la coopération, outre le Plan triennal 2022-2024 de coopération dans des domaines stratégiques qui constitue un autre mécanisme bilatéral devant booster la coopération dans les principaux domaines économiques d’importance stratégique dans les politiques de développement des deux pays.
A. R.
Mahfoud Kaoubi, économiste : «La Chine, un modèle à méditer »
L’Algérie, qui veut réduire sa dépendance à l’économie rentière, est appelé à diversifier ses partenariats et à s’inspirer des modèles réussis d’autres pays. La Chine, qui a pu multiplier par 30 son PIB pendant plus de 30 ans, en enregistrant des taux de croissance variant entre 10 à 14% annuellement, est un modèle à méditer par l’Algérie.
Selon l’économiste, Mahfoud Kaoubi, la Chine a réussi, depuis les années 1980, à attirer les investissements étrangers par des avantages fiscaux et une main d’œuvres pas chère. Des avantages et atouts, dont dispose l’Algérie, dira-t-il dans une déclaration à la radio. Toutefois, estime-t-il, il ya lieu de passer à l’action et la vitesse supérieure pour la concrétisation de la volonté politique pour amorcer cette transition économique.
Durant ces trois dernières années, des réformes et ajustements juridiques ont été engagées, notamment avec l’introduction d’un nouveau Code de l’investissement, dont l’Etat a fixé clairement les secteurs à développer. En outre, l’Algérie s’est investie grandement à l’international pour son redéploiement planétaire. Des actions salutaires, indique Kaoubi. Maintenant, la priorité c’est de traduire ce plan sur le terrain. Donc, l’heure est à construire et à bâtir notre économique sur des bases solides, conformément à la logique du marché. Sur ce point l’économiste a recommandé l’établissement de ces connexions avec le marché. « Nous sommes hors de connexion du marché. Nous faisons face à une dualité de taux (taux de change) et un régime du subvention qui pèse lourdement sur le Trésor public», déplore-t-il.
Soulignant la nécessité de la réorganisation du tissu industriel en nouant des partenariats, l’économiste a indiqué clairement que notre pays à besoin de valoriser ses atouts pour capter des investissements étrangers directs, (IDE).
Il est nécessaire d’aller vers la création de joint-ventures dans les domaines choisis par l’Etat pour la diversification de notre économie (la mécanique, électronique, les TIC, EnR …). Pour l’intervenant, il faut passer à la vitesse supérieure pour accélérer notre transition et atteindre les objectifs fixés par le président de la République.
Sur ce point , l’économiste a estimé qu’il est inconcevable que l’Algérie n’arrive pas à capter des IDE chinois, alors que l’Empire du Milieu investit annuellement 280 milliards de dollars dans les différents pays à travers le monde. « C’est anomale qu’on ne puisse pas capter entre 10 à 15% de ces investissements, d’autant que nous avons tous les avantages ( un marché qui peut concerner les 54 africains, infrastructures considérables, on dispose d’un capital humain important), déplore-t-il également. La solution pour cet expert c’est d’aller vers des logiques du marché.
Pour lui, le contexte est favorable pour drainer des IDE. « Une occasion unique se présente à l’Algérie. On doit tout simplement regler cette question de l’attractivité et du parachèvement des réformes économiques», souligne-t-il, en indiquant que l’Algérie a besoin de bâtisseurs.
Questionné sur les échanges commerciaux entre l’Algérie te la Chine, Mahfoud Kaoubi a précisé que 76 milliards de dollars d’importation en 2010-2020, soit un solde négative de 61 milliards de dollars en défaveur de l’Algérie. « On a financé des infrastructures mais on peut penser autrement. La logique de consommation doit être abandonnée », suggère-t-il.
A. R.