Confrontées à une crise patente depuis au moins deux ans, vu que les événements de 2019, ont gravement impacté les activités de communication et particulièrement suite à l’annulation de plusieurs événements économiques, les agences de communication ont reçu ce qui s’apparente à un coup de grâce avec l’arrivée de la crise sanitaire qui les a tout simplement achevé.
Par Nadjib K.
De par leur nature même, les agences de communication dépendent exclusivement de l’état de l’activité économique du pays. Et comme cette dernière s’est vue réduite à sa simple expression, depuis au moins une année, l’impact s’est avéré catastrophique pour les professionnels de la communication. Si les chiffres quant au nombre d’agence spécialisées ne sont pas disponibles, sachant que beaucoup d’entre elles préfèrent rester en veilleuse, dans l’attente «de jours meilleurs», il est évident que beaucoup parmi les employés du secteur se sont vu, du jour au lendemain, réduits au chômage. «Nous n’avons d’autre choix que de libérer les employés, car en l’absence de plan de charge, et vu l’annulation de tous les événements économiques (salons, foires…), nous nous trouvons avec des caisses vides et des dettes fiscales et parafiscales qui s’accumulent», dira Adel, propriétaire d’une agence de communication événementielle à Alger.
«Nous sommes des laissés pour compte»
Le même constat est partagé par l’ensemble des professionnels de la communication que nous avons interrogé. Amel, qui travaille dans ce domaine depuis des années, et qui a monté sa boite en 2018, se plaint du fait qu’aucune aide des pouvoirs publics n’est venue alléger les effets de cette crise étouffantes. «Nous sommes des laissés pour compte», dira-t-elle, avant de s’interroger : «comment expliquer que, même avec beaucoup de retard, les pouvoir publics ont décidé d’une aide, même insignifiante, au profit des agences de voyage, mais pas les agences de communication qui, au même titre que ces dernières ont vu leur activité stoppé net suite à l’imposition du confinement et l’annulation de tous les événements économiques.» Un avis que Partage Redouane, qui travaille pour une agence de communication à Oran. Pour lui, «c’est injuste !» Et puis, dira-t-il : «En plus de l’abandon par les pouvoirs publics, il y a cette culture au sein des entreprises algériennes qui fait qu’à chaque fois qu’il y a une crise, c’est le budget de communication qui est sacrifié. Alors que, logiquement, ce dernier demeure le fer de lance de toute activité économique qui veut prospérer.»
Ceci dit, si la situation est restée bloquée depuis des mois, les professionnels de la communication ne sont pas restés les bras croisés. Un collectif des entreprises d’organisation, de gestion, de conception et de réalisation des foires, des expositions, des manifestations évènementielles, et des prestations annexes a été mis en place en septembre dernier. Dirigé par Mohamed Boudjimar, responsable de l’agence Exposign, spécialisée dans l’événementiel, ce collectif a initié une pétition adressée aux autorités, mais sans qu’il y ait de répondant, selon les initiateurs.
«Il faudra penser à un véritable plan marshal»
Dans un document rendu public par ce collectif, il est indiqué que «La crise sanitaire qu’on connait aujourd’hui ne cesse d’avoir des répercussions sur l’ensemble de l’économie et plus particulièrement sur le secteur de l’évènementiel qui a pris un sacré coup depuis l’avènement de la pandémie du COVID 19. Notre activité a dû faire face à une multitude d’annulations et de reports qui nous imposent de trouver, ensemble, des solutions visant à compenser les pertes causées par cette conjecture.»
La situation est jusqu’à présent à l’arrêt, même si du côté du gouvernement des signaux ont été donnés pour trouver de meilleures issues à même de redynamiser le secteur. Le ministre de la Communication, porte-parole de gouvernement, M. Amar Belhimer, a en effet entrepris un travail de réforme permettant de mettre de l’ordre dans le secteur depuis son installation. Au sujet des agences de communication, il a fait savoir, dans un entretien accordé au site Algérie1, que son département «est en passe d’élaborer le projet de décret exécutif régissant l’activité les agences de communication». Dans le sillage des différentes démarches engagées pour assainir le secteur, à commencer par celui de la publicité et de l’audiovisuel, des mesures sont attendues, nous dit-on de sources proches du ministère. Toutefois, pour les professionnels, l’attente n’a que trop duré, et pour remettre les entreprises spécialisées en place, étant déjà laminées par la crise, «il faudra penser à un véritable plan marshal», disent les concernés.
N. K.