Moins d’un mois après avoir réussi à remobiliser l’ensemble des pays arabes pour donner une nouvelle dynamique à la GZALE (Grande zone arabe de libre-échange), à l’occasion du Sommet de la Ligue arabe qui s’est tenu à Alger au début du mois de novembre courant, l’Algérie met le cap désormais sur le contient africain, à travers la ZLECAF (Zone de libre-échange africaine).
Par Mohamed Naïli
C’est cette volonté que vient d’exprimer le Premier ministre, Aïmen Benabderrahmane, dans son intervention au 17ème Sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) qui s’est tenu ce week-end dans la capitale nigérienne Niamey.
A cette occasion, le Premier ministre, représentant le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, au sommet en question, a souligné « l’entière disposition de l’Algérie et son engagement à adhérer aux démarches communes ainsi que son appui au renforcement de l’industrie et de l’industrialisation dans notre continent (africain) et à atteindre les plus hauts niveaux d’intégration, en concrétisation des objectifs majeurs tracés par les fondateurs de notre organisation panafricaine ».
Détaillant l’approche de l’Algérie en matière d’opportunités qui s’offrent aux pays de la région pour une relance économique au niveau du continent, M. Benabderrahmane a mis l’accent sur le rôle que peuvent jouer les petites et moyennes entreprises dans divers domaines d’activité, en mettant l’accent sur « l’importance de leur accorder le soutien et l’appui nécessaires et d’améliorer leurs capacités concurrentielles ».
Dans les secteurs d’industrie, à travers lesquels les économies africaines seront en mesure de parvenir à leur industrialisation, le chef du gouvernement a mis en exergue la nécessité de mettre en place « un nouveau modèle économique et à l’élaboration d’une stratégie industrielle globale, en vue d’atteindre une industrie efficiente et une économie forte, intégrée et cohérente qui lui assure une place dans les chaînes de valeurs régionales, continentales et africaines ».
« L’Algérie récolte aujourd’hui les fruits de ces efforts »
En outre, se penchant sur l’expérience de l’Algérie de ces deux dernières années en la matière, le Premier ministre a rappelé, que l’Algérie « a amorcé, sous la direction judicieuse du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, le processus de développement de son économie et de diversification de ses exportations pour ne pas rester tributaire des cours des hydrocarbures, tout en accordant une extrême importance au développement et à l’aménagement des zones industrielles dans le cadre de son plan de développement », avant de faire remarquer devant les chefs d’Etat et de gouvernement du continent que « l’Algérie récolte aujourd’hui les fruits de ces efforts, ses exportations hors hydrocarbures ayant triplé au cours des deux dernières années », allusion faite aux recettes des exportations en produits autres que les hydrocarbures ayant atteint 5 milliards de dollars en 2021, alors que 7 milliards de dollars sont attendus à la fin de l’année en cours, avant d’atteindre le cap des 10 milliards de dollars en 2023.
Dans le sillage des bouleversements que traverses la scène économique mondiale dans la conjoncture actuelle, du fait des retombées de la crise due à la pandémie de Covid-19 qui perdurent et de la crise issue de la guerre en Ukraine, provoquant des perturbations inédites du marché mondial des matières premières, le Premier ministre a mis en garde les membres de l’Union africaine que « le continent africain, fortement affecté par cette situation déplorable, est aujourd’hui face à un nouveau défi dicté par la conjoncture internationale actuelle et son impact sur la chaîne d’approvisionnement en denrées alimentaires, matières premières et énergie ».
Face à cette situation, recommande le Premier ministre, « nous devons, nous les Africains, renforcer la solidarité interafricaine pour pouvoir résister à ces bouleversements et leurs répercussions, notamment en ce qui concerne notre sécurité alimentaire, car il est désormais nécessaire d’intensifier notre action commune afin de relancer nos économies et de trouver les moyens de réaliser l’intégration en particulier dans le domaine de l’industrie et de la fabrication ».
C’est dans cette perspective que, a rappelé M. Benabderrahmane, la Zlecaf est considéré comme « une étape cruciale dans la réalisation de l’intégration continentale » et « constituera le cadre réglementaire idoine pour garantir le flux de marchandises et de biens entre les pays, au vu des grands avantages assurés aux produits d’origine africaine, notamment industriels, ce qui en fait un véritable moteur pour la réalisation des objectifs de développement industriel dans notre continent ».
Depuis la mise en œuvre de la nouvelle politique de développement prônant la diversification de l’économie et la promotion des exportations hors hydrocarbures, l’Algérie accorde un intérêt prioritaire à la coopération régionale, notamment à travers le renforcement des échanges interafricains.
Dans cette perspective, l’Algérie s’investit activement ces derniers mois dans des projets permettant de fluidifier les échanges entre les pays de la région et permettant de créer un marché régional actif. C’est le cas de la relance du projet de la route Transsaharienne, rebaptisée désormais « Corridor économique », devant relier la cote méditerranéenne, d’Alger et Tunis, aux cotes atlantiques, dans la capitale nigériane, Abuja, en traversant le Mali, le Niger et le Tchad. Le projet de gazoduc, lancé à l’initiative de l’Algérie et du Nigéria et devant relier les deux pays via le Niger, pour aboutir jusqu’en Europe, lui aussi s’inscrit dans cette perspective d’intégration régionale, au même titre que la promulgation en août dernier de la loi portant la création de zones franches, notamment dans le sud du pays, ainsi que l’ouverture prochaine de filiales de banques nationales, dont le CPA, la BEA et la BNA, dans des capitales africaines comme Nouakchott et Dakar.
M. N.