De près de 3 millions en 2008 et 4 millions en 2018, le nombre de personnes atteintes de la maladie du diabète en Algérie avoisine les 5 millions en 2022, ce qui représente plus de 11% de la population totale du pays. En cette journée mondiale de la lutte contre le diabète, qui coïncide avec le 14 novembre de chaque année, de nombreux professionnels de la santé viennent de relancer le débat sur cette maladie chronique pour, non seulement sensibiliser sur la nécessité de la prévention et du diagnostic précoce, mais aussi pour attirer l’attention sur l’ampleur des coûts inhérents à la prise en charge des malades.
Par Mohamed Naïli
Considérée comme l’une des principales maladies les plus répandues en Algérie, la prise en charge du diabète représente en effet pas moins de 28% des dépenses de la CNAS (Caisse nationale des assurances sociales), a indiqué récemment le professeur Ammar Tbaibia, spécialiste en médecine interne et chef de service à l’EPH d’El Biar, à Alger.
Dans le détail, le spécialiste en question a précisé que les dépenses de la CNAS dans la prise en charge des personnes diabétiques atteignent 54 milliards de dinars, soit plus de 385 millions de dollars annuellement, dont 29 milliards de dinars pour l’insuline, 14 milliards de dinars pour les bandelettes de glycémie et 8 milliards de dinars pour les traitements par voie orale.
De son côté, une équipe de spécialistes de cette maladie relève qu’«à l’instar des autres pays, la prévalence du diabète continue d’augmenter en Algérie pour atteindre 14,4% de la population entre 18 et 69 ans, soient environ 4 millions de personnes atteintes de diabète en Algérie en 2018», dans une étude qu’elle a menée sous le titre «Baromètre Algérie: enquête nationale sur la prise en charge des personnes diabétiques».
Au moment où le secteur de la santé et la sécurité sociale se mobilisent pour multiplier les campagnes de sensibilisation sur la nécessité de prévenir les risques favorisant la maladie du diabète et le diagnostic précoce afin de limiter ses dégâts, les pouvoirs publics concentrent les efforts depuis quelques mois sur le développement de la production pharmaceutique locale en médicaments et traitements destinés aux diabétiques afin de réduire la facture des importations.
Ainsi, pour ne citer que l’insuline, dont la facture d’importation est estimée à 400 millions de dollars par année, le plan d’action mis en œuvre par le ministère de l’industrie pharmaceutique mise sur la réduction de pas moins de 50% de cette facture d’ici 2023, avec le lancement de la première unité de production de ce médicament 100% algérienne dans la wilaya de Constantine.
Le ministre de tutelle, Ali Aoun, vient de réaffirmer cette semaine cette option, en annonçant la décision de son département ministériel de confier cette mission de production d’insuline au niveau local au groupe Saïdal, avant d’appeler les cadres de la société publique à «se mobiliser pour permettre à l’Algérie de sortir des griffes des laboratoires qui ne cessent de spéculer à ce sujet». En instruisant les cadres de Saïdal «à reprendre la production d’insuline dans les plus brefs délais», Ali Aoun affirme que «l’outil de production mais aussi la volonté de réaliser cet objectifs existent».
Menace sur 14% de la population
Outre la prise en charge médicale des personnes atteintes du diabète, ce sont les causes et les risques qui en sont à son origine qui suscitent encore plus d’inquiétudes auprès des spécialistes de la santé mais aussi des familles des patients. S’exprimant hier sur ce sujet à la radio nationale, à l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre le diabète, organisée cette année sous le thème de «l’éducation sanitaire protège notre avenir», le président de l’association nationale des diabétiques, Fayçal Ouhadda, a avancé le taux de 14% de la population totale du pays qui est menacée d’atteinte de la maladie du diabète.
Selon lui, en effet, la croissance constante d’année en année du nombre de malades est due essentiellement au nouveau mode d’alimentation qui s’éloigne des anciens régimes diététiques sains. «Tous les citoyens, sans exception, sont appelés à adopter un régime alimentaire qui préserve la santé et favoriser les activités physiques pour éviter les risques de prévalence», a-t-il expliqué.
C’est ce qu’affirme aussi, la présidente de la Commission scientifique de lutte contre le diabète de la wilaya d’Alger, Docteur Faïza Khelfaoui, précisant que «le changement des habitudes alimentaires ces dernières années, avec le recours dans la plupart du temps à la restauration rapide, fastfood, au détriment des régimes alimentaires sains et équilibrés, accompagné de la sédentarité et la diminution des activités physiques auprès d’une grande partie de la population a provoqué une nette hausse de nouveaux cas de diabète diagnostiqués annuellement, notamment parmi les franges jeunes et les enfants».
Enfin, pour endiguer la prévalence de cette maladie au sein de la société, le ministère de la Santé organise, à l’occasion de cette célébration de la Journée mondiale de la lutte contre le diabète, et ce, jusqu’au 19 novembre prochain, une campagne de sensibilisation à l’importance du diagnostic précoce de la maladie, sous le thème «l’éducation sanitaire protège notre avenir», et sous le slogan « Vivre avec le diabète, une amélioration de la qualité de vie», comme il organise également, en collaboration avec la Clinique mobile «Route de la prévention», une autre campagne dans le même objectif.
Cette année, l’accent est mis sur l’importance de la prévention du diabète (stade II), de l’éducation thérapeutique et de la gestion efficace de cette maladie par le patient lui-même, en vue d’éviter les complications, tout en montrant comment vivre avec cette maladie.
M. N.