La relance et la diversification de l’économie nationale nécessite une synergie et l’implication des différents acteurs et institutions, y compris la diplomatie. Un département absent et non associé, jusque-là, à la stratégie de relance économique du pays, depuis des années, et ce, malgré sa présence politique en force dans les quatre coins du monde.
Par Akrem R.
Afin de remédier à cette situation, le gouvernement a décidé d’assigner au ministère des Affaires Etrangères la mission de la promotion du produit «made in algeria» à l’international et l’amélioration de l’image de notre pays, notamment, en matière d’attractivité des investissements directs étrangers (IDE).
Il a été, déjà, décidé la mise en place d’un réseau interactif des chargés d’affaires économiques et commerciales auprès de nos missions diplomatiques et consulaires à travers le monde. Ce Bureau offre, selon les explications du directeur de la promotion et du soutien des échanges économiques au ministère, Rabah Fassih, aux opérateurs des informations sur des projets, des appels d’offres ou des propositions de partenariats, outre l’organisation de cycles de formation dans le domaine de la diplomatie économique.
Ainsi, sont évoquées, la création du Bureau d’information et de promotion des investissements et des exportations (BIPIE), la formation des diplomates chargés des affaires économiques et commerciales au niveau des représentations diplomatiques algériennes à l’étranger et la création d’une rubrique web sur le site du MAE dédiée à la diplomatie économique.
Lors d’une rencontre sur la promotion de la diplomatie économique, organisée avant-hier à Alger par le ministère des AE, le chef de la diplomatie, Sabri Boukadoum, a fait état de la mobilisation de son département pour contribuer au développement de l’économie nationale et immuniser notre nation contre la dépendance excessive au secteur des hydrocarbures. «Lors de la rencontre du jeudi passé, j’ai passé en revue avec mes collègues du gouvernement, les mesures prises pour adapter l’appareil diplomatique et lui permettre de multiplier les efforts afin promouvoir nos produits nationaux et attirer les investissements directs étrangers», lit-on dans un tweet posté sur son compte officiel.
Il a indiqué, dans ce sens, que la réalisation de cet objectif implique «l’adaptation du dispositif diplomatique pour lui permettre de contribuer concrètement à l’aboutissement du Plan de relance économique tracé», annonçant «la mise en application d’une série de propositions issues du groupe de travail, mis sur pied en octobre 2020».
Devant plusieurs membres du gouvernement ainsi que du président du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), Reda Tir, du gouverneur de la Banque d’Algérie et des représentants d’entreprises et d’organisations patronales, M. Boukadoum a instruit les chefs des représentations diplomatiques et consulaires à l’intensification des efforts et à élaborer des rapports périodiques sur les dispositifs en place dans les pays d’accréditation en vue de promouvoir les produits nationaux et attirer les investissements étrangers.
A cette occasion, M. Boukadoum a affirmé que ces mesures visent essentiellement à «œuvrer de concert et en coordination avec les organes et instances de l’Etat chargées de tous les volets (financier, commercial, transport, logistique, législation et autres) afin de contribuer à la réalisation des objectifs tracés par le président de la République», à savoir, l’exportation de plus de 4 milliards de dollars en 2021.
C’est un véritable challenge et défi à relever par le gouvernement et les opérateurs économiques. Ils doivent travailler en étroite collaboration, chacun dans son domaine, afin d’atteindre les objectifs fixés. Les producteurs qui se disent prêt pour cette bataille, réclament, entre autres, un accompagnement adéquat de la part des pouvoirs publics et la levée de certaines contraintes, liées en premier lieu, à la logistique et au système bancaire. Selon le chef de la diplomatie, la série de mesures prises par son département s’inscrit dans ce cadre, à savoir, rester à l’écoute et au service des opérateurs économiques en matière d’information, de soutien et d’accompagnement.
Après avoir relevé que l’appareil diplomatique était l’un des maillons de la chaine des intervenants, M. Boukadoum a fait observer que cette chaine commence par l’agriculteur, l’artisan, le producteur et l’industriel en passant par les instances législatives, les ministères de tutelle, les organes d’appui, les banques, les organisations patronales, les services de logistique, les douanes et autres.
L’offensive de l’Algérie
Partant de là, a-t-il estimé, «cette mission collective exige la coordination, l’efficacité et l’engagement de résultats de tout un chacun pour gagner la bataille de l’édification d’une économie forte, diversifiée et intégrée à l’économie mondiale».
Et d’ajouter: «Une telle démarche ne saurait aboutir sans la finalisation des mesures inhérentes, en particulier, le développement du réseau bancaire, à travers l’ouverture d’agences en Europe et en Afrique, l’augmentation des offres de fret aérien et maritime et de transport terrestre pour la région sahélo-saharienne et l’Afrique de l’ouest, ainsi que l’ouverture de nouveaux points frontaliers avec nos voisins pour développer le commerce bilatéral».
Des foires et salons du produit national seront organisés, annonce-t-il, dans les Etats de la région et de journées d’information en Europe, en Asie et en Amérique sur les potentialités du marché algérien et les opportunités d’investissement, outre, l’envoi de missions commerciales dans les marchés ciblés en vue d’accroitre le volume des exportations hors hydrocarbures et renforcer nos recettes en devises.
Lors d’une journée parlementaire organisée en janvier dernier à l’APN, des exportateurs et experts économiques avaient mis en avant le rôle de la diplomatie économique dans la prospection de nouveaux marchés et la vulgarisation des produits nationaux. Le président de la Commission des affaires économiques de l’APN, Nabil Louhibi a indiqué dans une déclaration à l’APS, en marge de la séance, que l’Algérie « dispose actuellement de grandes opportunités en vue de bâtir le nouveau modèle économique, en conférant à la politique étrangère une dimension économique ». «L’Algérie est présente en force sur la scène politique, à travers ses positions au double plan régional et international», a-t-il rappelé. C’est pourquoi, indique M. Louhibi, il faut « exploiter cette importance politique pour appuyer la présence économique».
A. R.