Le ministère du Commerce et de la promotion des exportations hors hydrocarbures multiplie ses efforts pour une meilleure organisation des marchés et du commerce d’une manière générale. Les services du département de Kamel Rezig ont procédé à l’élaboration de cartographies pour la production et la distribution qui reste le maillon faible de la chaine en Algérie.
Par Akrem R.
Les multiples perturbations que connait le marché, notamment en matière de produits de large consommation et subventionnés (lait, huile de table, semoule, farine et autres) sont à l’origine d’un dysfonctionnement dans ce réseau de distribution. En effet, les mesures et mécanismes d’organisation adoptés récemment ont donné des résultats sur le terrain, surtout avec le durcissement de contrôle sur la spéculation et de la concurrence «illicite».
Un phénomène qui a pris de l’ampleur durant ces derniers mois, tout en provoquant une désorganisation et des pénuries de certains produits sur le marché. L’entrée en vigueur de la loi sur la spéculation et l’intensification des opérations de contrôle ont permis la stabilisation du marché en matière d’offre, ce qui a fait que, présentement tous les produits sont disponibles et à des prix plafonnés, notamment l’huile de table, le sucre et la semoule.
Ainsi, durant les dix (10) premiers mois de 2022, les services de contrôle ont effectué plus de 85.000 interventions concernant la lutte contre la spéculation, soldées par la constatation de 171 infractions ayant abouti à l’établissement de 148 procès-verbaux suivis de poursuites judiciaires, a fait savoir hier, Mohamed Louhaidia, Directeur général du contrôle économique et de la répression de la fraude (DGCERF) au ministère du Commerce.
Saisie de 373.000 litres d’huile de table en 10 mois
Ces opérations ont été également soldées par la saisie de 373.000 litres d’huile de table, 900 tonnes de bananes et 3.600 tonnes de divers produits (semoule, sucre, farine…), précise Louhaidia lors de son passage au «Forum de la radio». Les interventions de contrôle sont réparties au niveau du marché national dans le cadre de la lutte contre les pratiques commerciales illicites, selon le secteur d’activité comme suit: «le commerce de détail: 68.455 interventions, soit 80,27%; le commerce de gros: 13.250 interventions, soit 15,54%; la production: 2.582 interventions, soit 3,03%, et les locaux des importateurs: 999 interventions, soit 1,17%».
S’agissant des autres opérations de contrôle, le DG du contrôle économique a indiqué que le bilan des activités de contrôle durant les dix premiers mois de l’année 2022, s’est soldé par 1.773.842 interventions ayant permis de relever 171.712 infractions ainsi que l’établissement de 146.836 procès-verbaux de poursuites judiciaires.
En outre, les services de contrôle ont eu à prendre des mesures administratives conservatoires consistant en la saisie de marchandises pour une valeur globale de 1,495 milliards de DA et la proposition de fermeture de 14.440 locaux commerciaux. Indiquant que les opérations de lutte contre la spéculation se poursuivront, Louhaidia a relevé que des programmes communs sont déjà tracés, en association avec plusieurs départements ministériels et services de sécurité. En clair, le gouvernement est déterminé à mettre de l’ordre et d’en finir avec le phénomène de la spéculation.
4.401 entrepôts recensés à travers le pays
Des sommes colossales sont allouées annuellement pour la préservation du pouvoir d’achat des ménages et faire face à la spirale inflationniste mondiale, rappelle-t-on. Mais, avec les désorganisations que connait le marché algérien, les prix des produits de large consommation avaient enregistré des hausses conséquentes! Il s’agit là d’une situation jugée «inacceptable» par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lequel avait promis de sévir pour mettre de l’ordre dans ce secteur. Lors de plusieurs de ses sorties médiatiques, le Président Tebboune, a en effet avertis quant à l’abus de certains commerçants qui usent de pratiques illégales et condamnées par la loi, pour créer des monopoles et de provoquer des pénuries injustifiées.
Il a ordonné, à cet effet, aux services du ministère du Commerce de renforcer le contrôle et de lutter contre ces pratiques illégales et préjudiciables à l’économie nationale et au pouvoir d’achat des citoyens.
D’ailleurs, les commerçants et opérateurs économiques sont tenus de déclarer obligatoirement leurs entrepôts. Une plateforme numérique a été créée à cet effet. «Cette opération nous a permis le recensement 4.401 entrepôts à travers le pays, d’une capacité de stockage globale de 13.105.87 m3», indique le responsable du ministère, tout en rassurant les commerçants que cette opération d’identification vise à avoir des statistiques fiables et non pas des redressements fiscaux. Les impôts représentent la principale contrainte chez les commerçants et opérateurs économiques. C’est pour cela, il y a une réticence chez beaucoup d’opérateurs. Sur ce point, le directeur de l’organisation des marchés et des activités commerciales au ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, Ahmed Mokrani a apporté une précision de taille, en indiquant que l’impôt (5%) est calculé sur le revenu net et non pas sur le chiffre d’affaires réalisé, selon les dispositions de LFC 2020. «Lorsque le commerçant gagne un million de dinar, les services des impôts prendront 50.000 DA», précise-t-il.
Vers le plafonnement des prix de pomme de terre et du poulet
Concernant la régulation des prix, M. Mokrani a annoncé que son département avec celui du ministère de l’Agriculture interviennent à chaque perturbation du marché. D’ailleurs, il a annoncé le début de l’opération de déstockage de 62.000 tonnes de pomme de terre à partir de cette semaine, en la proposant à 60 DA/kg pour le consommateur. Actuellement, les prix de ce tubercule connaissent une flambée. Elle est proposée entre 85 DA à 100 DA notamment dans les grandes villes. Même chose pour les oignons, dont le prix avoisine les 90 DA/kg. Des quantités importantes seront déstockées également.
Sur un autre registre Ahmed Mokrani a fait savoir qu’un projet de loi régissant la concurrence est sur la table du gouvernement. Cette nouvelle loi permettra au ministère du Commerce d’intervenir afin de réguler le marché, durant des périodes précises, en particulier durant le mois de Ramadhan. En effet, il sera possible de recourir au plafonnement de la marge bénéficiaire ou carrément du prix du produit en question. «Nous avons proposé le plafonnement des prix de pomme de terre et celui du poulet jusqu’à ce que le marché retrouve sa situation normale», conclut-il.
A. R.