Inscrite sur toutes les tablettes depuis de longues années, l’industrie de récupération, de valorisation et de recyclage des déchets demeure le parent pauvre. Pourtant, si l’on tient compte des diverses études faites à ce sujet, cette filière constitue un véritable filon d’or dont les dividendes escomptés peuvent être évalués en milliards…
Par Nabila Agguini
Le recyclage des déchets est devenu, au fil du temps, une filière à part entière, et les entreprises de récupération, de mise en valeur et de recyclage poussent comme des champignons. Toutefois, et de par sa nature, le recyclage est un secteur particulièrement exposé à la variabilité de son environnement. Basée sur un modèle économique traditionnel, cette filière peine à se frayer un chemin. Les entreprises, dont l’activité repose essentiellement sur la collecte et la transformation de gisements destinés à alimenter les chaînes des entreprises de recyclage, évoluent dans un environnement difficile. Ne pouvant pas agir directement sur la nature ou le volume de ces gisements, avec en sus une réglementation et une fiscalité qui ne sont pas toujours au rendez-vous des besoins d’évolution de la filière, certaines entreprises spécialisées se meurent.
L’exemple nous vient de Koléa (wilaya de Tipaza), où Youcef Khaled, ingénieur de son état, et propriétaire d’une unité de recyclage des déchets plastiques, nous explique comment il est difficile d’évoluer sur ce circuit, vu «l’inadaptation des règlements appliqués, à la réalité du terrain». Se plaignant de l’absence d’accompagnement de la part des pouvoirs publics, notre interlocuteur, qui fait même dans la production de broyeurs et autres appareils qu’il utilise dans sa petite usine, «avec les moyens rudimentaires» dont il dispose, montre du doigt l’inadaptation du traitement fiscal de l’activité. «Au moment où les pouvoirs publics doivent nous encourager à faire des collectes à grandes échelle, pour réduire l’impact des déchets sur l’environnement, et, de là, créer une plus-value en économisant les devises destinées à l’importation des matières premières utilisées dans la transformation, nous nous retrouvons imposés de manière inconsidérée, ce qui impacte gravement le développement de cette filière», dira-t-il.
«Le recyclage peut contribuer à la création de richesses»

Si, en aval, la fixation des prix des matières récupérées dépend des cours des matières vierges, d’autres facteurs, dont le coût de l’énergie, la réglementation, la fiscalité, et la concurrence souvent déloyale, compliquent la situation. Ceci dit, l’enjeu pour les entreprises spécialisées dans le domaine du recyclage, est avant tout de «trouver les moyens, individuellement ou collectivement, de réduire leur dépendance aux évolutions des marchés de matière première actuellement en déclin, afin d’atténuer la violence des cycles courts.». Une chose est sûre, par contre, les spécialistes du domaine estiment que «la réglementation et la fiscalité du secteur seront déterminantes pour assurer l’avenir de l’industrie du recyclage. Ce qui exige du législateur des mesures allant dans le sens de l’accompagnement du développement du secteur.»
Sur ce, Karim Ouamane, DG de l’Agence nationale des déchets (AND), qui ne cesse de multiplier les initiatives pour asseoir une véritable stratégie, pour accompagner cette filière, estime dans une déclaration rapportée cette semaine par l’APS, que «le recyclage des déchets peut contribuer grandement à la création de richesses et d’emplois, à travers la mise en place d’unités dédiées à cette activité»
En effet, selon une étude réalisée récemment par l’AND, cette filière est en mesure de créer plus de 7 200 emplois, dont 220 emplois directs et plus de 5 000 indirects, et 90 unités dans le domaine du recyclage des déchets plastiques.
Outre la création d’emplois, l’activité de recyclage des déchets plastiques permettra, selon l’étude, de gagner une surface de 100 000 m2 au niveau des centres d’enfouissement technique (CET), où la disponibilité du foncier se pose avec acuité dans plusieurs wilayas, a encore expliqué M. Ouamane.
N. A.