Le Président Abdelmadjid Tebboune vient de procéder à la nomination de 10 directeurs du Tourisme au niveau de 30 wilayas. Ces nominations interviennent dans un contexte assez particulier, et reflètent ainsi une prise de conscience au plus haut sommet de l’Etat, de la nécessité de sauver ce secteur naufragé. Si Tebboune a affiché sa volonté de remodeler le visage du pays, ces nouveaux directeurs, devront déployer d’énormes efforts pour tirer vers le haut un secteur en plein déclin et dont la situation a été exacerbée par la Covid-19.
Par Réda Hadi
S’il faut saluer cette prise de conscience, certains observent, tout de même, que ce secteur a besoin de plus que des nominations pour s’en sortir, sans préjuger des capacités et des compétences des nouveaux nommés.
En effets, ceux-ci, promus par le Président Tebboune et dans l’esprit des reformes qu’il veut insufler aux secteurs clés de l’économie, devront changer de gestion et de stratégie, disent des observateurs.
Déjà rompus aux questions du Tourisme, ces directeurs, auront comme premier grand chantier celui des services. Partout dans le monde, le secteur des services est en évolution permanente et s’adapte continuellement aux changements rapides de l’environnement. Ainsi, le Tourisme est devenu un enjeu majeur des sociétés contemporaines, pas seulement en tant que fait économique mais aussi comme une réalité socioculturelle d’envergure.
Aussi, ces directeurs auront la lourde tâche de relever cette industrie qui peut générer autant d’avantages et qui peut, en outre, être une économie plus que complémentaire aux hydrocarbures en Algérie, et agir vite car ce secteur n’a pas connu dans notre pays le développement escompté en rapport avec son énorme potentiel touristique.
Si le tourisme en Algérie a sombré, certains disent que c’est à cause d’une bureaucratie trop lourde et handicapante, ainsi qu’à un manque de diversification et d’adaptation aussi.
Il n’y a aucune honte à copier ce qui fonctionne ailleurs. La Tunisie et le Maroc ont su s’adapter et offrir à leurs touristes, des prestations de qualité et à des prix abordables surtout. Au point où nos compatriotes préfèrent se dorer au soleil de Sousse en lieu et place de celui de Zéralda.
Nous devons reconquérir les touristes algériens, avant d’aller à l’assaut des étrangers.
Pour beaucoup, ces directeurs devront parfaire leurs armes (et ce d’autant plus qu’ils ont l’expérience et qualités requises) et faire revenir l’Algérien dans son pays.
De plus si ce secteur a fortement sombré, c’est aussi, (les économistes l’assurent) par manque d’une vision à long terme et une faible stratégie de communication.
Que n’a-t-on vu le stand algérien dans les manifestations internationales, avec une vaste superficie d’exposition, attirer peu de monde, contrairement à ceux de nos voisins immédiats, qui drainent plus de gens avec moins d’espace d’exposition.
Notre tourisme se meurt aussi du peu de vision de ses gestionnaires, et de l’inexistence d’une coordination multisectorielle pour son développement.
Pendant que nos amis marocains et tunisiens se lancent dans le tourisme «grand luxe» pour plus de diversifications, nous en sommes encore à élaborer des plans de sauvetage.
Le Tourisme en Algérie, n’a pas besoin d’un ravalement de façade, mais bien d’une politique engagée et ferme. De réformes en profondeur, tant législatives, managériales que sociétales aussi.
De ce point de vue aussi, ces directeurs devront gérer et adapter des mentalités qui ont subi de profonds changements dus, entre autres, aux conservatismes bigots et socio-cuturels, par exemple.
De plus, il faut savoir vendre sa destination, et ne pas se contenter de placards publicitaires dans quelques journaux par exemple, avec le sentiment du devoir accompli.
Il n’est pas besoin de préciser que confrontée à une forte concurrence dans le bassin méditerranéen, l’Algérie souffre d’un véritable problème de promotion. Pour se renseigner sur notre destination par exemple, les étrangers désirant visiter notre pays ont le choix entre les pages Facebook de certains opérateurs et les sites de certaines institutions publiques, dont celui du ministère du Tourisme décliné en deux langues seulement, arabe et français. Le site du ministère du Tourisme est frappé par une indigence, celui de l’Office national algérien de tourisme (Onat), également. Nos sites, nos portails, sont très loin par rapport à la concurrence dans le bassin méditerranéen.
En somme, il faut que ces directeurs osent et aient une politique percutante pour attirer des touristes, tant algériens qu’étrangers, et qui deviennent de plus en plus exigeants.
Il est beaucoup attendu de leurs expériences et savoir-faire.
R. H.