Les efforts de l’Algérie pour la lutte contre la corruption se poursuivent. Considéré en tant que l’un des engagements principaux du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, dans son programme électoral, voire, une priorité, la lutte contre la corruption a réalisé de grands pas, mais un grand travail reste encore à faire.
Par Akrem R.
C’est ce que le chef de l’Etat a écrit sur son compte Twitter, en affirmant que « Nous avons fait de grands pas ensemble dans la lutte contre la corruption et la responsabilisation des corrompus et nous sommes toujours fidèles à cet engagement».
Un engagement ferme à éradiquer ce phénomène qui a pris de l’ampleur durant les deux dernières décennies, notamment durant l’ère de l’ancien régime. Avec l’embellie financière durant les années 2000, la corruption est devenue «un sport national», avait, d’ailleurs, déclaré maitre Farouk Ksentini, ex-président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des Droits de l’Homme (CNCPPDH).
Des milliards de dinars ont été détournés par des «oligarques» d’une manière ou d’une autre! En effet, l’enrichissement et l’intérêt personnel avaient primé sur l’intérêt de la nation et des populations. Une situation qui a failli mettre le pays à genou.
Depuis son investiture, le président Tebboune, qui va clôturer, demain lundi sa troisième année de son mandat présidentiel, a œuvré sans relâche à la lutte contre le phénomène de la corruption et contre les groupes d’intérêts.
La célébration de la Journée internationale de lutte contre la corruption, coïncidant le 8 décembre de chaque année, a été une occasion pour le chef de l’Etat de réitérer, avant-hier vendredi, son appel aux Algériennes et les Algériens, chacun à partir de son poste, « à poursuivre le combat contre la corruption».
Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, avait pour rappel, réaffirmé, en octobre dernier, la détermination du Gouvernement à lutter contre la bureaucratie et la corruption et à asseoir un cadre juridique devant simplifier les procédures administratives, garantir la transparence et contribuer à l’amélioration de la qualité du service public. Afin d’atteindre cet objectif, tout un arsenal juridique et des outils de protection contre ce phénomène ont été mis en place.
Bientôt une loi pour protéger les lanceurs d’alerte
D’ailleurs, il est prévu la préparation d’une « loi indépendante » visant à protéger les lanceurs d’alerte qui signalent les affaires de corruption, a annoncé, jeudi dernier, le secrétaire général de la Haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption, Moulay Larbi Chaâlal.
«Le signalement est l’un des mécanismes les plus importants pour lutter contre la corruption, mais, malheureusement en Algérie, nous n’avons pas cette culture, d’autant plus que les lanceurs d’alerte craignent les menaces et les provocations auxquelles ils peuvent être exposés », a déclaré M. Chaâlal sur les ondes de la radio chaîne 1.
Selon lui, cette loi contribuera grandement à lutter contre le phénomène de la corruption . Lorsque la loi est claire, cela donnera plus de confiance aux citoyens pour signaler «les affaires de corruption», a estimé M. Chaâlal, qui a fait savoir que « dans le cadre de son travail, un appareil spécial a été mis en place au niveau de l’autorité, dont la mission est de mener des enquêtes financières et administratives sur l’enrichissement illégal d’agents publics ».
200 commissions rogatoires internationales lancées
Il a également fait état de la création d’une agence nationale de gestion des biens gelés, saisis et confisqués, qui « ont connu une augmentation significative depuis le lancement de l’opération en 2020 », a-t-il relevé, tout en ajoutant que plus de 200 commissions rogatoires internationales ont été lancées pour la récupération des fonds détournés à l’étranger.
La question de la récupération des biens des oligarques condamnés par la justice algérienne pour corruption est revenue avec insistance ces derniers mois. Lors du dernier Conseil des ministres, le président Abdelmadjid Tebboune a instruit le gouvernement à l’effet d’accélérer les procédures pour transférer les biens saisis au secteur public. Il a chargé le ministre de l’Industrie de suivre l’opération et de présenter un rapport sur son déroulement en Conseil des ministres.
Pour rappel, un responsable du ministère de la Justice avait annoncé, au début du mois de décembre dernier, que les entreprises appartenant aux frères Kouninef, à Ali Haddad et à Tahkout Mahieddine seront récupérées par l’Etat. Sur ce point, le ministre de l’industrie Ahmed Zeghdar a affirmé ce jeudi lors d’une plénière à l’Assemblée nationale populaire (APN) consacrée aux questions orales qu’«un travail était en cours pour relancer graduellement ses entreprises une fois le verdict définitif prononcé par la justice.
La relance de ces entreprises requiert des procédures administratives particulières et un constat technique». Hormis l’importance de l’aspect administratif et juridique qui caractérise ces affaires, il y a lieu de convenir que la relance de ces entreprises, sous de nouvelles bases, apportera forcément un plus non négligeable en matière de capacités pour la concrétisation des grands axes de ce plan d’action. L’objectif étant, dira le ministre, d’insuffler une nouvelle dynamique à même de porter le secteur de l’industrie et l’économie nationale, à la hauteur des ambitions et des directions économiques retenues.
A. R.