D’aucuns parlent de l’eau du robinet, comme une nécessité qu’il faudra assurer à tous les citoyens là où ils sont. Toutefois, si les autorités publiques ont investis d’énormes sommes pour assurer l’approvisionnement, il reste que la question de la qualité de l’eau servie se pose à plusieurs niveaux. Bonne ou mauvaise à la consommation, l’eau du robinet demeure toujours prisée. Pour être édifié, nous sommes partis chercher la vérité là où elle est…
Par Nabila Agguini
«Eau jaunâtre», «eau impropre à la consommation», «eau impure», voilà un leitmotiv qui revient ces dernières années, sur les langues des habitants, notamment des grandes villes alimentées à partir des barrages. Mais, es-ce vrai ? Du côté des autorités publiques et des sociétés de gestion de la distribution de l’eau, l’on comprend mieux le processus suivi, et c’est là où on trouve les réponses, les vraies. Ainsi, affirme-t-on : «Quelle que soit leur provenance, les eaux prélevées dans le milieu naturel ne sont jamais distribuées sans traitement, autrement dit, elles passent par plusieurs étapes de traitement et de contrôle avant de devenir des eaux adaptées à la consommation humaine.»
Ainsi et contrairement aux idées reçues, les eaux provenant des barrages subissent des contrôles réguliers, suivant des procédées spécifiques pour chaque usage. La loi étant là pour déterminer cette exigence. Régi par six (6) textes de loi, le contrôle de la qualité de l’eau est une exigence légale opposable à tous les organismes et autres entreprises intervenant dans le circuit de distribution. Il s’agit des Décrets exécutifs n° 08-195, n° 09-414, n° 10-26, n° 10-317, n° 11-219, et enfin le n°14-96. Ces textes de loi fixent «la nature, la périodicité et les méthodes d’analyse de l’eau de consommation humaine, les conditions de prélèvement et les produits chimiques utilisés…»
Désinfection obligatoire
Ceci dit, l’eau est obligatoirement analysée avant de subir le traitement de potabilisation approprié. Ainsi, donc, l’eau puisée dans la nature subit toute une série d’opérations unitaires. L’on nous explique que «le choix du procédé unitaire (physiques, chimiques, physico-chimiques et biologiques) dépend, en premier lieu, des matières à éliminer ainsi que de l’origine de l’eau.» A l’Algérienne des eaux (ADE), les responsables et autres techniciens interrogés, affirment que «quelle que soit son origine (souterraine ou de surface), l’eau doit subir une étape obligatoire et commune, à savoir la désinfection.» Cette désinfection consiste principalement en le passage via membrane et filtre ultraviolet, comme d’ailleurs l’eau subit une désinfection par oxydation chimique via des agents chlorés. De ce fait, «les bactéries et virus pathogènes qui demeurent dans l’eau sont éliminés lors de l’étape de désinfection. Toutefois, une infime quantité de chlore demeure dans l’eau traitée afin d’éviter un développement bactérien dans le réseau de distribution.»
Cette opération de désinfection est permanente. Toutefois, et comme la saison chaude est celle qui pose plus de problèmes, avec davantage de risques de contamination de l’eau potable, des mesures spécifiques sont mises en place chaque année, et avant même le début de la saison estivale, nous dit-on. En effet, plusieurs mesures sont prises, tant pour assurer la disponibilité que la qualité de l’eau distribuée. Il s’agit, donc, de veiller à la constitution de stocks suffisants de produits de traitement (sulfate d’alumine, polymères, chlore…etc., du nettoyage et désinfection des réservoirs et châteaux d’eau, d’analyses quotidiennes des eaux de consommation humaine au niveau des points de distributions (réservoir et châteaux d’eau). L’augmentation du nombre de prélèvement et contrôle de chlore ainsi que l’augmentation des fréquences d’analyses sont également effectuées avant l’avènement de chaque saison estivale.
L’état des conductions en cause…
Ceci dit, le citoyen peut être rassuré quant à la qualité de l’eau qu’il consomme au quotidien. Cependant, il y a un bémol, à savoir celui relatif à l’état de la tuyauterie. En effet, au niveau des grands centres urbains, il subsiste encore des conduites vieillottes, et dans certains immeubles, l’on trouve encore des conduites d’eau qui date de plusieurs années, ce qui parfois impacte la qualité de l’eau qu’on reçoit dans son robinet. Ainsi, et lorsque les conduites sont de mauvais état, il se pourrait bien que l’on reçoive de l’eau de couleur jaunâtre ou même d’un goût un peu désagréable. D’autre part, et vu les «picages sauvages», il n’est pas impossible de voir l’eau mélangée aux eaux de surface notamment en hiver, lors des averses et autres inondations.
N. A.
Divers tests sont effectués sur l’eau
Un contrôle rigoureux
L’eau de surface, qui est la plus exposée aux risques de pollution, subit plusieurs traitements, suivant un processus détaillé et plus approfondi. Ceci dit, les eaux de surfaces ne sont rendus potables qu’en suivant une filière plus complète que les eaux souterraines.
Charriant plusieurs résidus, tels que des bactéries, des matières organiques, des algues, qui sont à l’origine de goûts ou d’odeurs désagréables, les eaux de surface passent par divers traitements.
Il s’agit, notamment, de la coagulation, la floculation, la décantation et enfin la filtration. Durant ce processus appelé «clarification», les particules en suspension dans les eaux s’agrègent en flocons en présence de produits coagulants et floculants. Le poids de ces flocons provoque la sédimentation des particules au fond des bassins de décantation. La filtration finale à travers des filtres minéraux (sable) ou des membranes permet de produire une eau limpide débarrassée de ses particules.
Par la suite, l’eau ayant subi ces différentes étapes est analysée et testée quasiment en permanence, afin de s’assurer qu’elle est conforme et prête à la consommation.
Afin d’assurer le contrôle à tous les niveaux, pas moins de 9000 tests de chlore (les résultats d’analyse sont obtenus entre 4 et 8h), sont réalisés par jour au niveau national. Près de 2100 analyses physico-chimique et bactériologique par jour (les résultats au bout de 24h et confirmé au bout de 48 à 72 h), alors que chaque analyse est composée de 65 paramètres.
Nécessitant beaucoup de moyens humains et matériels, le contrôle de la qualité de l’eau est assuré, au niveau national, par 1200 agents (ingénieurs, techniciens et préleveurs), 145 laboratoires et 92 stations de traitement.
E. T.
Stockage de l’eau et à la prévention des maladies hydriques à Alger
Un budget de 3 milliards DA alloué
Une enveloppe financière de 3 milliards DA a été allouée durant l’année 2020 par la wilaya d’Alger au soutien du stockage de l’eau et à la prévention des maladies hydriques, selon le wali d’Alger, Youcef Cherfa qui a précisé que «l’eau constitue un chapitre « prioritaire » dans le plan d’action de la wilaya et représente un taux de 35% dans le budget d’équipement de l’exercice 2020.»
S’agissant de l’enveloppe financière alloué à ce secteur, le même responsable cité par l’APS, a affirmé que celle-ci a permis de lancer la réalisation de projets de stations de dessalement de l’eau de mer.
Dans ce contexte, M. Cherfa a précisé que les habitants de la capitale ont besoin d’un volume de 275.000 m3 pour satisfaire leurs besoins quotidiens en eau potable.
Le plan d’action de la wilaya d’Alger prévoit, notamment, la réparation des fuites sur le réseau de distribution de l’eau, ce qui va permettre de récupérer jusqu’à 30.000 m3/j, a-t-il fait savoir.
Néanmoins, les interventions sur le réseau peuvent engendrer des coupures «indispensables» d’approvisionnement en eau potable, parfois au niveau de plusieurs communes, de 4 à 10 jours selon la nature des travaux, a signalé le Wali d’Alger.