Le mégaprojet de l’autoroute Est-Ouest, l’une des plus grandes réalisations de ces 20 dernières années, continue encore à faire parler de lui, en raison des pénétrantes par lesquelles les wilayas de l’intérieures doivent être reliées à cette infrastructure autoroutière qui peinent à être achevées. C’est le cas particulièrement de la pénétrante qui doit relier Tizi Ouzou via la wilaya de Bouira, celle comprenant l’axe Jijel-El Eulma et celle de Bejaïa via la localité d’Ahnif, pourtant, les trois lancées entre 2013 et 2014.
Par Mohamed Naïli
Néanmoins, après plusieurs années de retards cumulés pour des raisons diverses, dont la difficulté des reliefs ayant nécessité de nouvelles études plus approfondies, des oppositions de riverains et propriétaires terriens ou la pandémie de Covid-19 ayant entrainé l’arrêt des chantiers, l’année 2022 semble marquer un nouveau point de départ pour ces projets non moins stratégiques et d’une utilité vitale pour le désenclavement de plusieurs wilayas et la relance effective de la machine économique du pays.
Les trois pénétrantes viennent en effet de faire l’objet de décisions et de nouvelles mesures prises au niveau du gouvernement confirmant ainsi cette volonté de les relancer et achever leurs travaux dans les plus brefs délais, et ce, suivant les instructions successives du chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, lors des dernières réunions du conseil des ministres.
C’est ainsi que la pénétrante de la wilaya de Tizi Ouzou vient de faire l’objet d’une décision majeure devant permettre la reprise des travaux de sa réalisation d’une manière accélérée. Le président de l’APW, Mohamed Klalèche a annoncé hier une enveloppe financière de 22 milliards de dinars qui vient d’être versée au consortium algéro-turc chargé du projet et constitué des entreprises, Engoa, côté algérien, et Özgün-Nurolİnşaat, côté turc.
Une autre enveloppe de 20 milliards de dinars sera également versée auxdites entreprises au courant de l’année 2023, avant d’être complétée avec le montant restant l’année d’après, 2024, a affirmé encore le P/APW de Tizi Ouzou, selon qui, cette décision, est prise dans le but d’ « accélérer les travaux au niveau de ce chantier qui accuse des retards énormes et dont le taux d’avancement est de 65% seulement à présent ».
Ce projet de pénétrante a été conçu et attribué en 2013 au groupement algéro-turc, avec une estimation financière initiale qui s’élevait à près de 56 milliards de dinars, plus de 410 millions de dollars. Après avoir lancé les premiers travaux en 2014, les entreprises attributaires se sont engagées pour livrer le projet dans un délai de 36 mois, mais c’était sans compter l’entrée en jeu de nombreux autres facteurs ralentissant, voire bloquant complètement l’avancement des travaux de ce projet d’autoroute d’une longueur de près de 50 km, conçu en 2×3 voies, comprenant pas moins d’une vingtaine de viaducs totalisant plus de 10 km de longueur et deux tunnels.
Des retards de plusieurs années
Lors d’une précédente visite sur le chantier, le wali de Tizi Ouzou a eu déjà à donner des instructions pour l’accélération des travaux de ce projet afin de rattraper l’énorme retard qu’il accuse, alors que pas moins de 90 milliards de dinars y ont déjà été consommés.
Plus à l’est du pays, c’est le dossier de la pénétrante Jijel-El Eulma qui vient d’être rouvert au niveau du gouvernement. C’est ce que vient de faire savoir jeudi dernier le ministre des Travaux publics, de l’hydraulique et des infrastructures de base, Lakhdar Rakhroukh, ayant affirmé lors de son intervention à la séance des questions orales au Sénat que des instructions ont été données par les autorités publiques pour la relance du projet en question.
Le ministre a précisé aussi qu’une demande de réévaluation du projet en question vient d’être formulée pour son inscription dans le cadre de la Loi de Finances pour l’année 2023, avant de revenir sur les raisons de son blocage, alors qu’il a été lancé pour la première fois en 2014. A ce propos, le membre du gouvernement a imputé les raisons ayant entrainé ce blocage de plusieurs années à la difficulté du terrain au sein du périmètre de son passage, ce qui a nécessité une étude approfondie, mais aussi l’opposition de certains habitants ayant empêché l’avancement des travaux.
Pour ce qui est enfin de la pénétrante devant relier la wilaya de Bejaïa à l’autoroute Est-Ouest qui, malgré l’achèvement de plusieurs tronçons à son niveau il n’en demeure pas moins que le projet peine à aboutir dans son intégralité. Courant octobre dernier, le wali de Bejaïa a ainsi donné son engagement pour l’achèvement des travaux de réalisation du tronçon situé entre les localités d’El Kseur et Takerietz avant la fin de l’année en cours, alors que la partie de ce projet devant aller jusqu’au port de Bejaïa, sur une longueur de 20 km, lui, reste encore en suspens. Logue d’une centaine de kilomètres, cette pénétrante, dont les travaux ont été lancés en 2013, n’est encore réalisée qu’à hauteur de 62%.
Outre ses pénétrantes, l’autoroute Est-Ouest elle-même n’est pas encore achevée à 100%, lorsque l’on sait qu’un tronçon de 84Km à l’extrême est, dans la wilaya d’El Tarf, reste encore inachevé. En été dernier, le directeur général de l’ADA (Algérienne des Autoroutes), Mohamed Khaldi, s’est engagé à livrer la totalité du projet avant décembre prochain, précisant que, « sur les 1 216 km de l’Autoroute Est-Ouest, 1 132 km sont ouverts à la circulation ». Pour ce qui est des retards enregistrés au niveau de la wilaya d’El Tarf, le DG de l’ADA a expliqué qu’ « il est dû aux conduites d’alimentation en eau potable qui y traversent et ayant nécessité la réalisation d’ouvrages d’art, ce qui est en train de se faire actuellement ».
L’autoroute Est-Ouest constitue, avec les pénétrantes et les différents maillages qui y sont prévus pour rallier la quasi-totalité des wilayas du nord et des Hauts Plateaux, une infrastructure stratégique pour la fluidité de la circulation mais aussi pour l’optimisation de l’économie nationale, d’où la nécessité d’achever les différents projets qui lui sont liés et en finir avec le sempiternel retard qu’ils accusent.
M. N.