En entreprenant, en 1764, de rédiger son monumentale De la richesse des nations, qu’il termina, en 1776, Adam Smith ne se doutait sûrement pas de l’énorme impact qu’aura son œuvre sur la pensée économique, en général, et l’économie politique, en particulier.
Par Rachid Mihoubi
En effet, on considère cet ouvrage imposant souvent comme étant fondateur de la doctrine économique libérale. Ce célèbre penseur écossais y expose son analyse sur l’origine de la prospérité récente de certains pays, comme l’Angleterre et les Pays-Bas, véritables puissances économiques (et navales, au XVIIIe siècle). Adam Smith, dans ce livre gigantesque, affirme que la richesse d’une nation est le produit du travail de ses enfants, et voit dans le processus de la division du travail (tant industriel qu’agricole) la source principale du croissement de la richesse du pays.
Ce même processus, selon lui, est à l’origine de l’échange marchand, qu’Adam Smith considère comme étant un phénomène naturel et bénéfique.
D’autre part, il énonce, également, dans cette œuvre magistrale, sa fameuse théorie de la «main invisible». Ainsi et selon ce grand économiste libéral, sous la pression de la concurrence, chaque personne – dans la communauté — en agissant, dans son domaine d’activité, pour son propre intérêt, va, en réalité, dans le sens de l’intérêt collectif.
A cet égard, il cite dans son livre, l’exemple du boucher. Ainsi, ce dernier s’efforcera de fournir toujours la meilleure viande possible à ses clients, et au meilleur prix. Pourquoi, donc ? Tout simplement, parce qu’il conservera de cette façon ses clients, et pourra même en gagner de nouveaux encore. Adam Smith pense qu’il en va ainsi pour toute l’économie, où chacun — pour vendre sa marchandise au plus grand nombre de clients possible — la fournira, donc, avec la meilleure qualité et le meilleur prix possibles. Smith utilise pour cela ce terme de «main invisible», en affirmant que les gens en agissant, de cette façon, pour leurs intérêts propres, agissent en même temps pour l’intérêt collectif, comme s’ils étaient poussés par une force que l’on ne voit pas.
Adam Smith développe, dans son ouvrage, ses idées à travers une introduction et cinq livres, ayant successivement pour thèmes :
1 – Des causes qui ont perfectionné les facultés productives du travail, et de l’ordre suivant lequel ses produits se distribuent naturellement dans les différentes classes du peuple,
2 – De la nature des fonds et des capitaux, de leur accumulation et de leur emploi,
3 – De la marche différente des progrès de l’opulence chez différente nations,
4 – Des systèmes d’économie politique,
5 – Du revenu du souverain ou de la République.
Bio:
Adam Smith, le père des sciences économiques, est le premier véritable économiste connu dans l’histoire. Il a vu le jour en 1723 à Kirkaldy (nord-est de l’Ecosse), et mourut en 1790 à Edimbourg, la capitale du pays. Il perdit son père dès sa naissance et étudia à Glasgow (Ecosse), puis à Oxford (Angleterre). Diplômé, il fut professeur de philosophie morale, et participe à des cercles intellectuels et devint précepteur d’un jeune aristocrate, ce qui lui permit de visiter le continent européen. Parmi les pays visités, figurent la Suisse et la France, où il devait rencontrer plusieurs des auteurs célèbres à l’image de Voltaire (1694-1778), ou de François Quesnay (1694-1774), qui vont influencer toute son œuvre plus tard. Puis, il entreprend d’écrire un essai économique, qui nécessita une douzaine d’années d’effort, réunissant la pensée de dizaines d’auteurs qu’il synthétise et modifie pour rendre l’ensemble cohérent avec sa propre pensée. Le premier grand ouvrage d’économie était né et qui deviendra célèbre dans le monde entier, avec le titre de Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, souvent raccourci la Richesse des nations (1776).
Deux années plus tard, Adam Smith est nommé commissaire de douanes dans la capitale écossaise, pour terminer comme recteur de son université jusqu’à sa mort (en 1790), qui survint presque dans l’indifférence générale, vu le contexte politique européen d’alors, entre autres la Révolution française et les événements qui l’ont accompagnée et suivie.
R. M.