Censée assurer un service public d’information, et s’astreindre à des règles universelles de déontologie et d’éthique, la presse algérienne patauge encore dans les abysses de l’anachronisme et de la dépravation, engendrés par plusieurs années de gestion approximative et d’une volonté d’asservissement, qui n’a pas tenu compte des intérêts suprêmes de la société et du pays. Le constat est amer ! Toutefois, l’évolution de la situation du pays ainsi que les mutations sociologiques et technologiques actuelles, imposent des refondations, une nouvelle vision et un nouveau modus operandi. L’actuel ministre de la Communication, Amar Belhimer, n’en pense pas moins, lui qui, dès son installation, fait de l’assainissement de la presse nationale, son cheval de bataille.
Par Lyazid Khaber
«La démarche d’assainissement du secteur de l’information et d’organisation de la publicité publique s’inscrit dans le cadre de la politique gouvernementale de mise en œuvre du principe de transparence dans la gestion», a indiqué la semaine dernière, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Amar Belhimer, dans un entretien accordé au journal El-Wassat. Pour le premier responsable du secteur, qui souligne la détermination du gouvernement à «opérer la rupture avec les anciennes pratiques», la démarche consiste à créer les conditions nécessaires à «l’exercice d’un journalisme professionnel, objectif et constructif à même de répondre aux attentes des citoyens».
Voilà un préalable qui détermine la marche à suivre, lequel ne doit pas être l’apanage des seuls responsables à quelque niveau qu’ils soient. C’est, avant tout, l’affaire des professionnels des médias, lesquels doivent se remettre en cause, et œuvrer pour asseoir les bases d’une presse responsable, citoyenne et, surtout, utile.
La nécessaire transition…
Cela dit, une transition est nécessaire, tant au niveau de la pratique journalistique que celui de la gestion proprement dite des entreprises de presse. Les patrons de presse doivent, en effet, arrêter de voir en leurs organes des sources d’enrichissement, et de voir dans l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep), la source d’une rente inépuisable, destinée à en faire de nouveaux riches, comme cela a été le cas durant des décennies. Parallèlement à cela, les autorités publiques, et à leur tête les responsables de l’Anep, ne doivent pas, eux aussi, perdre de vue qu’ils assurent un service public, et de là, accélérer la procédure de mise en œuvre de la nouvelle politique, et de mettre un terme à la gabegie qui sert les rentiers de l’ancien système révolu.
En ce sens, M. Belhimer ne va pas avec le dos de la cuillère, lui qui connaît très bien les torts et les travers du secteur de la presse, où il a exercé durant des décennies. Pour lui, «il faudrait passer par une période de transition permettant de réhabiliter et d’assainir le secteur de la publicité publique». Considérée comme un moyen d’assurer la continuité des médias et de «les mettre à l’abri des financements douteux», la publicité publique doit, également, servir à former une presse à la hauteur des défis de l’heure. Car, il faut admettre que jusque-là, la manne publicitaire étatique n’a pas servi à grand-chose en matière de développement de la presse nationale. En avril dernier, et dans un entretien accordé à nos confrères d’El Khabar, M. Belhimer a affirmé que cet assainissement s’impose par «l’ampleur de la corruption qui a gangréné les structures de ce secteur, et facilité la dilapidation des deniers publics par des forces externes à l’information, des clans politiques et des hordes de puissances diaboliques, agissant dans l’ombre et qui tiraient les ficelles au sein même de l’Agence nationale d’édition et de publicité [ANEP]».
«Fournir un service médiatique de qualité»
C’est pour cela, d’ailleurs, que le ministère de la Communication s’attèle présentement à mettre de l’ordre et ce, à travers «la mise en place de mécanismes permettant aux journalistes de superviser la profession», à travers les conseils qui seront installés à cet effet, dont le Conseil de régulation de la presse écrite et du secteur audiovisuel.
Dans ce cadre, il est utile de noter que l’amendement de la Constitution proposé à l’adoption par voie référendaire le 1er novembre prochain, comporte plusieurs articles qui sont de nature à «accroître la performance des journalistes», appelés à «fournir un service médiatique de qualité». Le texte, poursuit M. Belhimer, est «au diapason de l’évolution, en ce sens qu’il a inclus le projet de la presse électronique qui exerçait en dehors de la loi, en lui accordant une large liberté, dans le cadre de la responsabilité en vigueur au plan international».
L. K.