Le Coronavirus qui fait ravage l’économie mondiale et par extension, l’Algérie, a eu ceci de particulier, c’est qu’il a fait baisser le prix de l’immobilier. Certes si d’aucuns y voient une opportunité pour investir, il n’en demeure pas moins que dans un secteur livré à lui-même, et qui n’obéit qu’à ses propres lois spéculatives, essentiellement, cela peut entrainer des conséquences assez préjudiciables. A commencer par la construction qui malgré des prix de matériaux accessibles, connait un ralentissement inexpliqué.
Par Réda Hadi
L’achat des biens immobiliers ainsi que la vente stagnent depuis des mois en raison de l’incertitude que génère la pandémie en cours et les prolongations répétitives du confinement qui rebutent les «investisseurs». Par conséquent, ceux qui sont à l’affût des programmes immobiliers en vue d’un achat d’un bien ou pour des placements juteux, continuent à thésauriser leur argent en attendant la fin de cette pandémie. Mais, ils restent surtout en attente d’une baisse du prix au mètre carré. Pour précision et selon les propos de Nordine Menasri, porte parole de la FNAI (Fédération nationale des agences immobilières), 70 % de ce marché est tenu par le secteur informel.
Partant de ce constat, il est difficile de tirer des conclusions et encore moins, de faire des projections.
Déjà que le marché immobilier n’obéit nullement à des règles économiques de l’offre et de la demande, et beaucoup de ces «investisseurs», préfèrent attendre la fin de la pandémie et donc, une reprise très probable, pour réinvestir le terrain.
La question qui se pose est de savoir si cette baisse est durable, ou juste circonstancielle.
Selon des agents immobiliers, cette baisse n’est que l’effet circonstancié de la pandémie. Tôt ou tard, les choses reprendront leurs cours normal.
Mais le fait le plus marquant ces deniers mois, est l’immobilisme du secteur. Un immobilisme qui fait craindre le pire aux investisseurs (ou spéculateurs) à cause de la baisse du pouvoir d’achat et la crise économique.
Pour Ammar B. qui tient une agence immobilière à Bab Ezzouar, «depuis le début du Coronavirus, aucune personne ne peut estimer le coût d’un bien foncier pour l’achat ou la vente. Les estimations fluctuent en fonction de paramètres aléatoires, ou se mêlent les conditions d’accès, l’environnement et la réputation de l’endroit où se situe le bien. De plus, concernant les logements à louer, la situation est plus délicate, du fait qu’il est difficile de préparer des visites. Les bailleurs hésitent à recevoir pour éviter la prolifération du virus. « Le Coronavirus a déstabilisé notre activité» a-t-il conclu.
Par ailleurs, de nombreux bailleurs évitent de louer à perte; en revanche, une d’autres tentent d’imposer des tarifs assez élevés en faisant en sorte d’accepter une avance de loyer de six mois au lieu d’une année; l’objectif des propriétaires étant de perdre le moins d’argent possible.
Le wait and see
La plupart des agents immobiliers que nous avons rencontrés, sont unanimes et affirment avoir mis en hibernation leurs activités en attendant la reprise. Car pour eux, il y aura une reprise très forte. Mais entre temps, ils laissent passer la crise.
Pour Seddik, les transactions si elles étaient effectuées en ce moment, elles le seraient à perte.
A titre d’exemple, ce patron d‘une agence immobilière à Mohammadia (Alger), qui affirme qu’ «un appartement (F3) dans une résidence cotée est proposé actuellement à 10, 8 MDA, alors qu’avant la pandémie, le prix était de 30 MDA. Alors pourquoi vendre à perte. Le marché va se relever, il n’y a aucun doute.»
Mais d’ici à ce que cela advienne, la prudence est de rigueur, et attendre ne peut qu’être profitable…
R. H.