La situation économique et financière que vit notre pays, à l’instar des pays du monde depuis le début de la crise sanitaire, a provoqué un déséquilibre économique forcé. C’est pourquoi les institutions financières et bancaires ont adopté des mesures exceptionnelles à l’endroit de leur clientèle, pour alléger l’impact de la Covid-19 sur les entreprises et le marché des affaires national et international, et de garantir par-là la continuité de l’activité économique et financière.
Par Saïd Si Amara
Economiste, banquier, auteur
Parmi les mesures qui ont été mises en place, il y a celle qui consiste à revoir à la baisse le taux de réserve obligatoire appliquée par la Banque d’Algérie comme règle prudentielle, et de le ramener de 6% à 3%. L’objectif principal de cette décision est la libération du différentiel, soit 3% en flux additionnel, à celui déjà existant dans le circuit monétaire ; afin de permettre aux banques l’augmentation de leur niveau de liquidité pour renforcer et soutenir les entreprises toutes catégories confondues.
A mon sens, la Banque d’Algérie a bien réagi pour soulager les banques en matière de liquidité, mais la problématique posée est que cette situation a perduré, et le retour des placements effectués par ces banques devrait générer les produits attendus à court terme, ce qui, malheureusement, n’a pas été le cas. On aurait aimé si cette libération des flux additionnels était au profit des banques, et que leur utilisation soit conditionnée et orientée vers les secteurs lourds, à l’instar de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Car, ce sont des secteurs qui renferment un condensé important en matière de ressources humaines et financières, sans oublier qu’ils sont le moteur des activités intermédiaires.
Concernant le report de paiement des échéances de la clientèle impactée par la Covid-19 ou le rééchelonnement de leurs créances, je trouve que cette mesure est la plus idéale compte tenu du contexte actuel. D’ailleurs, je l’avais déjà abordé lors de mes différentes interventions où j’ai insisté sur l’accompagnement qui devrait être assuré à ces entreprises par la prise en charge immédiate de toute demande de rééchelonnement.
Par contre, je ne partage absolument pas la vision distinctive qui accompagne cette mesure entre les entreprises impactées par cette crise sanitaire et celles d’avant, car c’est tout l’environnement économique national et mondial qui vit cette crise sanitaire. Ce qui sous-entend que toutes les entreprises sont impactées, et celles d’avant sont enfoncées davantage et se retrouvent en situation plus critique (faillite-liquidation). C’est pour cette raison que je recommande le traitement de toute demande de report d’échéance et de rééchelonnement des créances introduites par la clientèle. Et ce, pour assurer l’équilibre économique et financier du pays, qui ne peut se réaliser sans les acteurs économiques et sans le soutien des établissements bancaires et financiers, et de là, soulager le mode de remboursement des échéances pour ceux des ménages pour éviter la baisse de la demande et de la consommation pouvant même provoquer une dégradation socio-économique très grave.
Il est évident de voir, ainsi, la possibilité d’une grâce partielle ou totale des agios et des commissions générés en sus de l’annulation totale des pénalités de retard, lors de la mise en place effective de ces mesures entre les clients et leurs banques, d’où le fait que cette période a connu réellement une stagnation affichée à tous les niveaux et touchant toutes les activités et les secteurs sans exception. A mon sens, c’est punissable d’exiger leur règlement. Le plus important à l’heure actuelle est que les banques doivent sauvegarder et fidéliser leur portefeuille, pour qu’elles ne se retrouvent pas en face d’une baisse soudaine des dépôts en épargne et en flux commerciaux et financiers, en ce moment de crise profonde qui va perdurer sans doute.