Par Akrem R.
Le déficit de la balance commerciale de l’Algérie s’aggrave. Il est passé de 6,1 milliards de dollars en 2019 à… 10,6 milliards en 2020, soit, une hausse de 4,5 milliards ! Une situation préoccupante pour le gouvernement, dont des efforts doivent être consentis, notamment en matière de la promotion de la production nationale afin d’augmenter nos exportations.
D’ailleurs, selon les explications fournies hier mardi par le directeur du Commerce extérieur au ministère du Commerce, en l’occurrence Khaled Chelghoum, dans une intervention radiophonique, le recul drastique des prix du pétrole durant l’année précédente, la baisse de la production nationale en la matière et également la dépréciation de la monnaie nationale (le dinar), sont autant de raisons à l’origine de ce déséquilibre dans la balance commerciale de l’Algérie.
En effet, les importations durant 2020 se sont établies à 43,4 milliards de dollars, avec une baisse de 33% par rapport à 2019. Le détail de la facture des importations montre que 9,4 milliards de dollars (27%) sont consacrés à l’acquisition de machines et matériels pour le secteur agricole, 8 milliards (23%), pour la matière première et produits semi-finis et 8 autres milliards (23%), pour les produits alimentaires, industrielles et animaux vivants.
Quand aux exportations composées principalement de 92% en hydrocarbures, elles ont connu une baisse significative, estimée à 12 milliards de dollars (18%), en passant de 35,8 milliards en 2019 à 23,8 milliards l’année suivante. Ces dernières se sont composées de 21 milliards dollars (92%) en hydrocarbures, de 1,1 milliards (4,6%) de produits chimiques, 430 millions de dollars de produits alimentaires (sucre, fruits et légumes) et animaux. Le représentant du ministère du Commerce a, de ce fait, déploré la fragilité des exportations hors hydrocarbures qui restent insignifiantes et ne dépassent pas les 10% de la totalité de nos exportations.
Khaled Chelghoum a indiqué que le problème ne réside pas dans la rationalisation des importations, mais dans l’augmentation des exportations, à travers la diversification de l’économie nationale. C’est un challenge et cheval de bataille pour les années à venir, dira-t-il. «L’équilibre de la balance commerciale de notre pays passe par la diversification de notre économie et une synergie entre les différents secteurs et opérateurs économiques (publics et privés). Nous devons encourager l’investissement productif local et étranger, et ce, en améliorant le climat des affaires», a-t-il préconisé, en rappelant que des propositions ont été déjà faites à cet effet, mais qui demeurent «insuffisantes». Le même responsable a indiqué, dans ce cadre, que le ministère du Commerce travaille sur la question dans le but d’éliminer les contraintes et en simplifiant les procédures administratives régissant le Commerce extérieur et l’investissement.
Un nouveau règlement pour l’activité de la revente en l’état
Indiquant que le système des licences d’importation n’est plus en vigueur et qu’aucun produit n’est soumis à ce mécanisme, M Chelghoum, a fait savoir qu’un projet de loi est en cours de finalisation pour la réglementation de l’activité de la revente en l’état. Actuellement, l’opérateur peut importer plus de 40 produits différents. C’est inadmissible!, s’élèvera-t-il.
La révision de cette activité permettra, précise-t-il, à l’opérateur de se spécialiser dans un seul domaine, d’une part, et d’autre part, de faciliter l’opération du contrôle à l’administration douanière. Une fois le projet finalisé, l’activité de la revente en l’état sera désormais encadrée par un cahier des charges bien défini, imposant à l’opérateur de se spécialiser dans un seul créneau. Il a, en outre, rassuré les professionnels de ce créneau qu’il s’agit seulement d’une nouvelle organisation.
ZlecaF : l’accord n’est pas effectif pour l’Algérie
Questionné par ailleurs sur la zone de libre échange africaine (ZlecaF), le représentant du ministère du Commerce l’a qualifiée d’importante et d’opportunité pour l’Algérie pour promouvoir ses exportations hors hydrocarbures.
Toutefois, il a précisé que l’Accord en vigueur depuis janvier 2021, n’est pas en effectif pour l’Algérie. Il reste la publication d’un décret présidentiel pour la ratification de la ZlecaF et le dépôt par la suite, des instruments de ratifications au niveau du Secrétariat de l’UA, sis à Addis Ababa. L’invité de la radio nationale, a fait savoir, par ailleurs, qu’un démantèlement tarifaire de cinq ans à partir de 2021, concernera 90 % des tarifs douaniers, 7% des produits sensibles pendant 10 ans et 3 % de tarifs douaniers ne seront pas concernés par le démantèlement tarifaire, outre, que chaque pays est souverain de sélectionner sa liste de produits.
Comme premier objectif, rappelle-t-il, l’Algérie qui possède 7 portes frontalières, axera sa stratégie d’abord, sur la diversification des partenaires, l’accès au marché de la CEDAO et la dynamisation des zones frontalières. « Nous devrons être parmi les premiers dans ce marché de 3500 milliards de dollars. On doit dérocher notre part», a-t-il préconisé, en mettant l’accent sur la nécessité d’améliorer le climat des affaires afin de produire suffisamment et s’inscrire durablement dans l’action d’exportation. Une Stratégie nationale pour la promotion des exportations (SNE) est en cours de finalisation, rappelle-t-il à ce sujet, et à travers de laquelle, les préoccupations des opérateurs économiques seront prises en charge, précisant que dès que le gouvernement l’adoptera, chaque département ministériel procédera à l’application de cette stratégie.
A. R.