Le secteur des assurances a été lourdement impacté par la double crise sanitaire et financière, à laquelle fait face l’Algérie. Le chiffre d’affaires des compagnies d’assurances a enregistré des baisses significatives en 2020. Globalement, l’activité dans ce secteur tourne au ralenti.
Akrem R
Les chiffres dévoilés hier par le vice-président du l’Union Algérienne des Sociétés d’Assurance et de Réassurance (UAR), Hassan Khelifati, font foi: l’assurance-dommage est passée de 132,9 milliards de DA à 126 milliards, soit une baisse de 5%, la branche automobile, elle aussi, a connu un recul de 6,6 milliards et l’assurance des personnes est passée de 13 milliards de DA en 2019 à 11 milliards en 2020. L’autre branche qui a été sévèrement impactée durant 2020, c’est celle de l’assurance sur le visa.
En effet, la fermeture de l’espace aérien a fait baisser de 72% la demande sur cette branche. M. Khelifati qui s’exprimait sur un plateau de télévision privée, a expliqué que le développement de la branche d’assurance des personnes, nécessite au préalable, un marché financier dynamique. Au passage, l’intervenant a regretté que, contrairement aux marchés d’assurances, notamment dans la région MENA ayant enregistré des taux de croissance importants en 2020, le marché algérien n’est pas encore développé. Le taux de pénétration des assurances dans le PIB est de 0,7% ! Un taux insignifiant et qui ne reflète pas les potentialités réelles de notre pays, et est, également, loin de la moyenne mondiale avoisinant les 3 et 5%. Le chiffre d’affaires de notre secteur, dira M. Khelifati, devrait être entre 5 à 7 milliards de dollars, annuellement. Cet argent pourrait nous rapporter plus, s’il était injecté dans l’investissement, préconise-t-il. Toutefois, l’intervenant a estimé qu’il est plus que nécessaire, d’engager des réformes dans le secteur des assurances afin de revoir certaines clauses et réglementations entravant son émergence et son développement.
Il a recommandé la création d’une commission indépendante du ministère des Finances pour la gestion et l’organisation du secteur. D’ailleurs, indique-t-il, un projet est en cours d’élaboration. Ainsi, il est primordial de revoir l’article 17 en interdisant la vente par facilité des produits d’assurance. « Nous sommes l’unique pays au monde qui appliquons cette mesure. On doit tout simplement se conformer au marché mondial», a insisté Khilifati.
Sur un autre registré, il a mis en garde contre la dégradation davantage de la situation des assurances, « le gouvernement ne trouvant pas de solution à la guerre des prix appliqués par les assureurs en Algérie».
pour illustrer ces propos, ce dernier a relevé qu’en dépit de l’entrée sur le marché de 200 000 nouvelles voitures en 2019, le chiffre d’affaires des compagnies d’assurances qui devrait enregistrer une hausse de 10 milliards de DA, a seulement augmenté de 1 milliard ! Ceci est dû à la guerre des prix sur le marché, explique-t-il.
59 milliards DA de créances impayées
Par ailleurs, le vice-président de l’UAR, a relevé que les créances impayées par les clients à 2020, avoisinent les 59 milliards de DA, représentant 50% du total des créances. En outre, les compagnies d’assurances trouvent des difficultés énormes dans le recouvrement des créances restantes. Une situation qui met en péril la solvabilité du secteur.
S’agissant de l’état d’indemnisation des sinistres, le même responsable a fait savoir que les assureurs ont déboursé 60 milliards de DA comme indemnisation. « La valeur des dossiers de sinistres à payer est estimé à 60 milliards de DA. C’est un chiffre énorme, mais pas préoccupant. Les sociétés d’assurances ont des réserves importantes d’argent. Sur ce point, je rassure les citoyens», a-t-il souligné. Le patron d’Alliance Assurances a indiqué sur un autre registré que les assurances déboursent annuellement plus de 50 milliards de DA pour l’indemnisation des victimes des accidents de la route (3500 morts et entre 30 000 à 35 000 blessés), et ce, sans compter les 100 milliards de DA que l’Etat débourse directement.
Questionné, par ailleurs, sur la situation de l’investissement dans notre pays en 2020, l’intervenant a fait savoir que la crise économique et sanitaire a impacté négativement l’investissement. En dépit des mesures et directives annoncées par le président de la République, la situation sur le terrain demeure inchangée.
«Il y a un grand fossé entre le discours politiques et la réalité économique», a-t-il résumé. M. Khelifati a, en outre, souligné que la branche de l’assurance industrielle ne représente que 23%. Un taux loin de notre patrimoine industriel. Dans ce cadre, l’intervenant a fait savoir qu’un bon nombre d’usines, d’unités de production et autres activités libérales activent dans l’informel et ne souscrivent pas à une police d’assurance, notamment, à l’intérieur du pays. Concernant la dernière instruction du ministre des Finances, liée au traitement des dossiers d’indemnisation dans un délai ne dépassant pas les 21 jours, le vice-président de l’UAR a salué cette note qui s’inscrit dans la nouvelle démarche du gouvernement pour l’amélioration de la qualité de service. Une réunion de l’Union Algérienne des Sociétés d’Assurance et de Réassurance (UAR) sera tenue incessamment pour l’application de cette note sur le terrain.
A. K.