Une fois encore, telle une fatalité, le citoyen est surpris par une hausse soudaine et brutale des produits alimentaires de base, qui constituent le quotidien de son alimentation.
Par Hakim. Outoudert
Des augmentations survenues du jour au lendemain, sans crier gare. Une fois encore, donc, aucune annonce ni communication d’aucune sorte et de quelque partie que ce soit, n’est venue au préalable l’en avertir, encore moins lui en expliquer les tenants et aboutissants.
A telle enseigne, que tout un chacun, experts compris, s’en vont de leurs spéculations autour des raisons «économiques» éventuelles ayant engendré une si subite envolée des prix.
Pour l’essentiel, tous s’accordent à sérier un nombre précis de causes éventuelles qui en seraient à l’origine. En réalité, une série de facteurs combinés, dont, entre autres, l’interdiction d’importations de certains produits alimentaires, les taxes imposées à d’autres importations, la dévaluation et/ou la dépréciation du dinar… Ce dernier facteur, la cotation du dinar, en l’occurrence, promet de sombres perspectives économiques, d’autant plus que la valeur d’une monnaie dépend, essentiellement (à plus de 70% selon l’expert A. Mebtoul), du niveau des réserves de change. Or, selon le projet de loi de finance 2021, présenté lundi 19 octobre, devant la commission des finances et du budget de l’APN, les réserves de change se situent, désormais, sous la barre des 50 milliards de dollars, soit à 46,8 MDS…
En somme, beaucoup de paramètres classiques, mais qui s’en sont trouvés exacerbés par la situation exceptionnelle que subit l’économie nationale, pour cause de pandémie mondiale.
La donnée sanitaire, à caractère extraordinaire et les dures contraintes qu’elle impose, pose avec d’autant plus d’acuité la problématique du rôle régulateur de l’Etat, en contexte d’économie de marché, dans la mesure où celui-ci se trouve «parasité» par la survenance d’un impondérable et qui, donc, requiert doublement, l’intervention de la puissance publique.
Une intervention, dont celle du contrôle des prix du marché semble a priori la plus évidente et celle qui répond le mieux à la vocation de l’Etat régulateur. Or, déjà sans la Covid-19, les services de contrôle de l’Etat, ont de tout temps, et en ce moment encore, été pointés du doigt par les consommateurs qui les accusent de manquements, voire de démission face aux pratiques spéculatives des commerçants. Avec l’épidémie du coronavirus et de ses contraintes sociales, cette «passivité» semble exacerbée, du fait que le personnel de ces services aurait réduit leurs déplacements et fait, ainsi, le bonheur des spéculateurs.
Mais, est-ce une raison suffisante pour justifier que le consommateur en fasse les frais ? N’est-ce pas qu’au contraire, l’Etat se doit, en période de crise et/ou de dysfonctionnements du marché, d’être l’ultime recours du citoyen, dans la mesure où il est censé être doté des moyens d’organisation et d’action pour ce faire ? Et encore, une intervention en aval n’équivaut pas la mise en branle de mécanismes de régulation en possession de l’Etat, qui est en droit d’en user en toute légitimité. Entre autres de ces mécanismes, les experts en citent au moins deux, à savoir, agir à la baisse sur la TVA et le plafonnement des marges bénéficiaires à travers la traçabilité des produits. Autant d’instruments aux mains des pouvoirs publics, mais qui, hélas, sont, au mieux, exploités sans grande efficacité, au pire, non exploités du tout.
Des prérogatives que l’Etat devrait recouvrir impérativement, sachant les sombres perspectives socio-économiques qui nous attendent, avec un taux d’inflation annoncé pour 2021 à 4,5%, une dévaluation de la monnaie dont on prévoit qu’elle s’approfondira, le tout sur fond d’une fonte tendancielle des réserves de change…
H. O.