La campagne de lutte contre l’argent «sale», engagée juste après le début du «Hirak» et l’arrivé de Tebboune au Palais d’El-Mouradia, est salutaire. Mais des entreprises, activant dans plusieurs domaines, notamment dans l’agroalimentaire, pharmaceutique, BTPH, etc. sont depuis à l’arrêt et des milliers de travailleurs au chômage.
Par Akrem R.
La désignation d’administrateurs par l’Etat n’a pas eu l’effet escompté pour le maintien en vie de ces entreprises et le développement des activités de ces entités.
D’ailleurs, la rupture de la chaine d’approvisionnement de certains produits alimentaires (huile de table et pâtes alimentaires), enregistrée ces derniers jours, témoigne de la dégradation de l’outil de production. Il est préférable, estime l’économiste Mahfoudh Kaouabi, de recapitaliser les dettes et les actifs de ces entreprises en action.
« Si on avait réagi rapidement, on n’en serait pas là. On aurait pu transformer en participation de l’Etat les dettes et les créances fiscales de ces entreprises, et ce, conformément à la logique économique», a-t-il souligné dans une déclaration à la radio nationale « Chaine III». L’économiste a réitéré sa position pour la création d’un Fonds d’investissements qui reprendrait ces activités et créances comme actions dans le capital de ces entreprises. «L’Etat aurait pu, avec une agressivité objective, donner de la stratégie à ces entreprises, plus de métiers également. Ceci permettrait donc, de maintenir les emplois, l’outil de production et surtout d’éviter la détérioration des comptes publics, ces entités ayant bénéficié de financements conséquent pour leur développement», a-t-il affirmé. M Kaoubi a, par conséquent, plaidé pour la renationalisation des ces entreprises, notamment durant cette conjoncture difficile, tout en se conformant à une logique économique, à travers la récupération de l’activité de ces entreprises qui ont un actif sur le marché. « Nous devons aller vite sur cette question afin de conserver ces outils du travail, dans lesquels l’Etat a investi énormément», a-t-il soutenu. La dernière décision de Tebboune lors du Conseil des ministres de dimanche soir, sera-t-elle le début de la procédure de renationalisation des entreprises des hommes d’affaires de l’ancien régime ? Il est à noter que le chef de l’Etat a instruit le ministre du Commerce, Kamel Rezig de chercher une solution immédiate pour engager le transfert de propriété de l’usine de Jijel de production de l’huile de table, suite aux jugements définitifs rendus contre les anciens propriétaires, et à accélérer sa remise en production.
Retours à la planche à billet ….
Par ailleurs, l’économiste a plaidé pour le retour à «la planche à billet» pour répondre aux besoins du financement de l’économie nationale pour une période de 2 à 3 ans. Cette option s’impose, notamment, avec le manque de liquidités au niveau des banques et l’état peu développé de la Bourse d’Alger. La plateforme financière d’Alger, indique-t-il, n’est pas en mesure, actuellement, de répondre aux besoins du financement de l’économie. Toutefois, M. Kouabi a conditionné le recours au financement non conventionnel par l’orientation de l’argent exclusivement vers l’investissement productif (création d’entreprises et postes d’emplois). «La conjoncture financière difficile impose aujourd’hui d’activer le financement non conventionnel afin d’avoir de la liquidité pour financer des projets à l’arrêt. Il permettra également, d’instaurer la confiance et retourner graduellement vers le monde de l’investissement et la création de la richesse», a-t-il expliqué. L’expert a souligné l’urgence de trouver une solution urgente à une situation socioéconomique du pays dont les voyants sont au rouge, et ce, en dépit des assurances du gouvernement. La dégradation du pouvoir d’achat, la hausse des prix des denrées alimentaires et le chômage galopant, sont autant de facteurs à prendre en considération par les pouvoirs publics. Il y a des choix à faire, qui seront sans doute douloureux, pour sortir de cette crise.
A.R.