L’Algérie est déterminée à poursuivre sa lutte contre la corruption. La célébration, hier, du double anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures et la création de l’UGTA, a été une occasion pour le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, d’annoncer depuis Hassi-Messaoud, (Laghouat), l’émission d’un mandat d’arrêt international contre le « principal accusé » dans l’affaire de corruption relative à l’acquisition par le Groupe Sonatrach de la raffinerie d’Augusta (Italie). Sans le nommer, le Premier ministre, aurait visé l’ex-Pdg de la compagnie nationale, Abdelmoumene Ould Kaddour.
Par Akrem R.
La Sonatrach a déboursé, rappelle-t-on, près de un milliard de dollars pour l’achat de cette raffinerie vielle de 70 ans. Une transaction qualifiée par l’ancien Pdg de Sonatrach de « bonne affaire », et d’ «investissement intelligent» du fait, qu’elle « économiserait à l’Algérie 2 milliards de dollars d’importations, annuellement, en carburant », selon ses déclarations, à l’époque. En réalité, cette raffinerie ne s’est avérée être qu’une énième autre affaire de corruption, dont le but était de nuire à l’économie nationale et de satisfaire des intérêts personnels.
M. Djerad a, en effet, annoncé dans un discours devant les cadres et travailleurs de la Sonatrach que « le Pôle pénal économique et financier a ouvert une enquête sur l’affaire de la raffinerie d’Augusta, dans laquelle un mandat d’arrêt international a été émis contre le principal accusé». Et d’ajouter : «Nous continuerons à poursuivre en justice tous les responsables impliqués dans les affaires de corruption et les tentatives d’atteinte à l’économie nationale».
A cet effet, le Premier ministre a réaffirmé «la détermination de l’Etat à poursuivre la moralisation de la vie publique et du domaine économique, en réunissant les conditions idoines pour un climat économique empreint de transparence et de concurrence loyale et saine, d’une part, et à lutter contre la corruption dans le cadre de la loi, d’autre part». Pour rappel, la raffinerie Augusta (Sicile) a été acquise par le groupe Sonatrach en 2018, à la faveur d’un accord conclu avec ESSO Italiana (ex filiale du groupe américain ExxonMobil).
Cette transaction inclut également les trois terminaux pétroliers de Palerme, Naples et Augusta, ainsi que des participations dans des pipelines reliant la raffinerie aux différents terminaux. Plusieurs réserves ont été émises sur cette transaction, mais aussi, sur l’efficience de cet investissement de Sonatrach à l’étranger.
L’ex ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, avait déclaré que la Justice a été déjà saisie de l’affaire. «Quand on m’a informé du projet (rachat de la raffinerie d’Augusta, ndlr), on m’a dit que c’était une bonne affaire, ça va réduire nos importations, on va pouvoir traiter le brut algérien. J’ai dit, aussi, que c’était une bonne affaire. Mais finalement, le dossier est tout à fait autre », avait-t-il avoué.
La première affaire est liée aux circonstances dans lesquelles Sonatrach a racheté, en 2018 à hauteur de 720 millions de dollars, la raffinerie d’Augusta en Sicile (Italie), auprès de groupe Exxonmobil. Les accusations portent essentiellement, sur l’âge de cette raffinerie qui est de 70 ans, et donc, à un prix jugé exorbitant. En décembre 2019, la société arabe des investissements pétroliers «Apicorp», avait octroyé deux crédits d’une globalité de 250 millions de dollars au groupe Sonatrach. L’un à hauteur de 150 millions de dollars avait été consacré à l’achat du pétrole saoudien en vue de le raffiner dans le complexe d’Augusta. Le restant, 100 millions de dollars étaient destinés aux travaux de maintenance. L’enquête concernant cette affaire avait été, rappelons-le, ouverte l’été dernier par le tribunal de Bir Mourad Raïs, puis le dossier avait été transféré, il y a quelques mois, au pôle financier. L’enquête a abouti à la mise en détention de l’ex-vice-président du groupe sonatrach, Ahmed Mazighi.
A.R.