Le Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), remettra, incessamment, son rapport annuel de 2022 au président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Il est en phase de finalisation, dira d’emblée, Mehdi Bouchetara, directeur d’études au département gouvernance et régulation au CNESE.
Par Akrem R.
«Nous sommes en discussions avec les différents départements ministériels, dans le cadre de la concrétisation du principe de la gouvernance sur certains aspects, avant la finalisation du rapport et sa remise au président de la République», a-t-il souligné, en faisant savoir que ce dernier (le rapport) contient des études sur l’impact des changements économiques mondiales sur l’Algérie, les finances et banques, l’économie réelle et l’investissement, l’enseignement supérieur, le marché de l’emploi.
Ainsi, le rapport contient également, affirme-t-il, des recommandations pour la poursuite des réformes économiques afin d’atteindre l’objectif escompté, à savoir, la réalisation d’un développement durable. Selon l’intervenant qui s’exprimait, hier, sur les ondes de la radio nationale, les chiffres et les indicateurs économiques sont au vert. Ceci, indique-t-il, «nous amène à dire qu’il y aura de la croissance économique durant les trois à quatre prochaines années». D’ailleurs, les experts du CNESE tablent sur une croissance économique de plus de 4% durant les deux années prochaines (2023 et 2024).
« Nous attendons à ce qu’il y aura une stabilité économique, des investissements étrangers direct (IDE) et la création de PME et PMI, génératrices de la richesse et d’emploi», affirme-t-il.
Et d’ajouter : «Les indicateurs de l’économie globale (croissance économique, de l’emploi, de l’équilibre extérieur, et de la stabilité des prix), confirment que l’Algérie est en phase de renouer avec la croissance et vers un retour à la normale (la situation d’avant pandémie)». En effet, l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l’investissement donnera, certainement, un second souffle pour l’économie nationale d’une manière générale.
Parvenir à capter des IDE et des PME
Selon Mehdi Bouchetara, ce nouveau Code a répondu aux principales problématiques posées par le Doing business, concernant, notamment, l’amélioration du climat des affaires. La nouvelle loi sur l’investissement aura certainement un impact positif sur la relance de l’économie nationale, souligne-t-il, affirmant que le principal challenge c’est de parvenir à capter des IDE et des PME et PMI de l’étranger. C’est à travers, indique-t-il, un tissu de PME intense qu’on pourra diversifier notre économie et apporter de la valeur ajoutée, la création de postes d’emploi et surtout maitriser l’inflation.
En outre, le représentant du CNESE a estimé qu’est nécessaire la promulgation de la nouvelle loi sur le crédit et la monnaie. Une loi attendue par le patronat, qualifiée, d’ailleurs, comme étant la mère des réformes. Le Premier ministre, Aïmen Benabderhamane, avait annoncé que le projet de loi est presque finalisé et sera présenté, incessamment, lors d’un Conseil des ministres, avant d’être débattu par le Parlement. En effet, avec la finalisation de cette réforme, l’Algérie aura réuni tous les ingrédients pour booster l’investissement et redynamiser la machine industrielle. Ainsi, la circulation des capitaux sera plus souple et transparente. Le financement étranger est considéré comme étant un des leviers de la diversification de l’économie nationale. A cet effet, « nous devons avoir une stratégie bien claire concernant le financement de l’extérieur destiné à l’investissement», a recommandé le représentant du CNESE, en précisant que le partenariat avec des étrangers garantira un transfert technologique et, surtout, le partage des risques. Pour Bouchetara, l’ouverture du marché financier devient une condition sine qua non pour capter des investisseurs dans le secteur financier et bancaire.
Il faut développer la micro-finance
Actuellement, le secteur bancaire en Algérie est dominé, à 80%, par le secteur public. C’est pourquoi le Cnese a formulé une série de recommandations dans le cadre des réformes du secteur, lancée, par ailleurs, par le gouvernement. Il s’agit, en effet, de l’ouverture d’agences de banques algériennes à l’étranger, dont les premières sont déjà lancées en Afrique ; le renforcement de l’inclusion financière, à travers l’élargissement du réseau bancaire à travers le pays, le développement du e-paiement ; l’inscription de l’éducation financière dans le cursus éducatif et, enfin, le développement de la micro-finance.
Un créneau peu développé dans notre pays, les PME et PMI trouvant d’énormes difficultés dans le financement de leurs projets. «Le secteur de la Pme en Algérie fait encore face à plusieurs obstacles, et ce, en dépit de toutes les séries de réformes entreprises depuis l’engagement du pays dans la voie de l’économie de marché », a affirmé Abdenour Mouloud, de l’université de Bejaia, dans une récente étude. Sur les 70 entrepreneurs enquêtés, l’étude indique que l’accès au crédit est une «contrainte très sévère pour 54% des personnes enquêtées et une contrainte majeure pour 26% d’entre elles» ! Ceci résume la situation à laquelle fait face le monde de l’entrepreneuriat et économique d’une manière générale. En somme, le gouvernement est appelé à mettre en place les mécanismes nécessaires pour la création d’un million de PME à l’horizon 2024, comme cela a été fixé dans le programme électorale du président Tebboune.
A. R.