Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a promis lors de son discours à la Nation jeudi soir, de libérer des dizaines de détenus d’opinion, dans un geste d’apaisement à l’adresse du mouvement de contestation populaire, dit hirak. Il a également annoncé la dissolution de l’APN et a appelé à des élections législatives anticipées. De retour, il y a une semaine, d’Allemagne, où il était soigné pour des complications post-Covid, M. Tebboune avait tenu depuis, des consultations avec six partis politiques, dont des formations de l’opposition. Le chef de l’État n’a toutefois pas reçu les deux partis majoritaires au Parlement, le Front de libération nationale (FLN) et le RND (Rassemblement national démocratique), très impopulaires en raison de leur proximité avec l’ex-président Abdelaziz Bouteflika et son clan.
Par Réda Hadi
Avec ce discours, le Président Tebboune veut donner des gages de ses intentions à réformer l’Etat, dans le sens voulu par la société. Des observateurs proches de la présidence affirment aussi, que cela résulte surtout d’une réelle volonté politique, pour que ses promesses de campagne, se traduisent concrètement par des faits.
Du point de vue politique, le Président Abdelmadjid Tebboune, a promis lors de ce discours à la Nation, de libérer des dizaines de détenus d’opinion, dans un geste d’apaisement à l’adresse du mouvement de contestation populaire, dit hirak. Il a également annoncé la dissolution de l’APN et a appelé à des élections législatives anticipées. «Le Hirak authentique béni a sauvé l’Algérie. J’ai décidé d’accorder la grâce présidentielle à une trentaine de personnes pour lesquelles une décision de justice avait été rendue ainsi qu’à d’autres pour lesquelles aucun verdict n’a été prononcé. Entre 55 et 60 personnes rejoindront à partir de ce soir ou demain, leurs familles», a-t-il déclaré.
Quelque 70 personnes étaient jusque-là, en prison pour des faits en lien avec les manifestations du hirak et/où les libertés individuelles, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une organisation de soutien aux détenus. Cette annonce survient à la veille du 2ème anniversaire du soulèvement populaire inédit qui a forcé l’ex-président Abdelaziz Bouteflika à renoncer à un cinquième mandat présidentiel et à quitter le pouvoir.
De même qu’il a annoncé plusieurs décisions importantes, faisant état d’autres à venir, dans le cadre du changement radical, revendiqué par le Hirak «authentique béni», et ce à travers «des solutions institutionnelles et pérennes» a-t-il souligné.
Pour affirmer encore plus sa volonté de reformes qu’il a engagées, Tebboune a par ailleurs, décidé de «dissoudre l’Assemblée populaire nationale (APN) pour appeler à des élections», en disant souhaiter «ouvrir ses portes à la jeunesse».
Il faut souligner surtout que cette dissolution répond à un appel du peuple algérien, qui en a fait un leitmotiv, lors de ses manifestations, et qui a perdu confiance en des élus, plus aptes à protéger leurs intérêts que ceux du peuple.
Les élections législatives -prévues en 2022 – devraient avoir lieu d’ici la fin de l’année.
Un gouvernement défaillant
Tebboune a voulu par ce discours, accréditer l’idée, que le peuple est entendu, car celui-ci a, par ailleurs, annoncé un remaniement ministériel «dans les 48 heures au maximum».
Il faut se souvenir aussi que le jour de son départ pour Berlin, le président Tebboune avait exprimé publiquement son insatisfaction devant l’action du gouvernement d’Abdelaziz Djerad, alimentant les rumeurs de formation d’un nouveau gouvernement. «Ce remaniement concernera des secteurs qui enregistrent des déficits dans leur gestion ressentis par les citoyens et nous-mêmes », a-t-il déclaré.
Pour le Président, «la bataille institutionnelle» est un chantier important, dans le sens, où tous les efforts qu’il exige, ne doivent ne tendre qu’à plus de libertés démocratiques pour le peuple algérien. «Nous avons mené la bataille du changement des textes et des institutions, comme l’a revendiqué le hirak béni et authentique du 22 février 2019 », a-t-il dit, dans ce cadre, ajoutant que le changement radical «ne peut être concrétisé qu’à travers de nouvelles lois et institutions».
Il citera, à cet égard, la révision de la Constitution «dans laquelle nous avons inclu toutes les revendications du hirak», un texte, a-t-il ajouté, qui « consacre la liberté absolue, tant individuellement que collectivement, puisque, par exemple, une simple déclaration suffit, désormais, pour créer des partis et des associations».
«Nous nous sommes aussi attelés à organiser la société civile en lui donnant la parole pour qu’elle soit efficace et partie intégrante de l’Etat », a ajouté le Président Tebboune, assurant que la société civile «marginalisée par le passé, fera entendre sa voix à l’avenir». Abordant «les changements apportés par la Constitution et palpables pour le citoyen », le Chef de l’Etat a cité la limitation des prérogatives du président de la République et la consolidation des pouvoirs des élus, notamment, au niveau du Parlement.
Par la même occasion, le Président Tebboune a remercié les Algériens pour «leur participation et accompagnement à tous les chantiers ouverts ensemble, dont le plus grand a été, dès le début du mandat présidentiel, le changement des modes et pratiques de prise en charge sociale des citoyens, en souffrance, durant des années, sans que personne ne prenne leur défense».
R. H.