L’Algérie a plus que jamais besoin de sa diaspora. Elle attend les porteurs de projets sur des secteurs prometteurs tels que de l’agriculture, l’agro-industrie, le tourisme, l’économie numérique, l’industrie de transformation, les énergies renouvelables ou encore, l’économie verte. Autant de secteurs prometteurs, qui peuvent, désormais, voir le jour, après l’annonce du ministère délégué auprès du Premier ministre chargé de la micro-entreprise de l’exemption des jeunes établis à l’étranger désirant créer des micro-entreprises dans le cadre de l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (Anade), de l’obligation de rentrer au pays.
Par Réda Hadi
Une annonce très favorablement accueillie par notre diaspora, qui, depuis des années se bat pour lever les entraves à la création d’entreprises en Algérie. Les Algériens de la diaspora disent être considérés comme étrangers. Pas moins d’ailleurs, qu’ils ne le sont dans les pays où ils résident. S’ils arrivent à s’imposer, là-bas, par leur savoir-faire, ils sont peinés par le traitement qu’on leur réserve dans leur propre pays.
Certains n’ont pas caché leur amertume, du fait que leur envie de créer des emplois dans leur pays d’origine a été bloquée, outre, par les lourdeurs de la machine bureaucratique, surtout par le fait de devoir résider en Algérie. Une amertume aggravée par le fait, aussi, que de grandes entreprises étrangères s’installent chez nous sans pour autant changer de domiciliation. Ce «deux-poids- deux mesures », a freiné plus d’un.
Par cette mesure, il s’agit d’une véritable prise de conscience, d’un engagement sérieux qui vise à faire désormais une place pour les Algériens vivant à l’étranger, qu’ils aient la double nationalité ou uniquement un passeport algérien.
Ces facilitations sont censées ouvrir toutes les portes, puisque, selon le ministère délègue à la micro-entreprise, les citoyens intéressés peuvent mandater un tiers par une procuration établie par les centres diplomatiques et consulaires algériens à l’étranger, accompagnée d’une copie de la carte consulaire valide et une copie du passeport algérien valide du mandataire.
Cette mesure demeure valable tout au long de l’opération de constitution du dossier et de réunion des conditions prévues par la loi, a précisé la même source.
Une fois toutes les conditions satisfaites et le dossier de création d’une microentreprise constitué, la personne concernée sera invitée à se présenter devant une commission de sélection, d’adoption et de financement des projets d’investissement de l’ANADE pour examiner son dossier, a ajouté la même source, soulignant qu’en cas d’empêchement justifié de se présenter devant ladite commission, la personne concernée peut recourir à la technique de visioconférence.
Pourtant, des observateurs et des économistes tempèrent l’engouement et disent qu’avant tout, pour aider les jeunes à entreprendre, il faut revoir notre système de crédits. En ce sens, M. Djemaa Nabil, expert financier, soutient lui aussi la nécessité des réformes financières. «Toutes ces facilitations peuvent être caduques si les banques ne suivent pas et ne prennent pas de risques. Il faut savoir qu’en Algérie la prise de risques par la banque est nulle (et c’est la réglementation). Les banques algériennes n’accordent des prêts que sur la garantie réelle. Autant dire que les banques ne financent pas les idées. De plus, «il faut que ces nouveaux entrepreneurs n’optent pas pour des secteurs déjà saturés comme les transports par exemple» précise-t-il. Un système obsolète qui rend les banques frileuses et de ce fait, «elles ne s’engagent pas. La garantie réelle doit disparaitre au profit du risque partagé» a conclu l’expert.
De plus, celui-ci explique qu’ «avec un déficit de près de 2 millions d entreprises (tous types confondus), cela ne peut être qu’une bonne chose, reste que le fonds proposé pour aider à l’investissement, un milliard de DA, on ne peut aider que 100 entrepreneurs au plus» a-t-il fait remarquer.
Les facilitations sont de «bonne augure» pour que l’environnement économique soit «favorable et que les institutions bancaires jouent le jeu surtout», nous dit Billel Laouali, quant à lui, expert en économie qui nous précise que «les banques ont un rôle considérable à jouer. Car avec cette mesure, en plus de faciliter la création d’entreprise, l’Etat entend récupérer, une partie des devises de l’informel».
«Il faut viser le cœur du problème et veiller surtout à ce que les banques jouent leur véritable rôle, et qu’elles ne soient plus que ce tiroir-caisse, comme l’a souligné le Président Tebboune. Elles doivent s’assumer et partager les risques surtout. S’il faut changer la législation faisons-le» a-t-il préconisé. R. H.