Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid a présidé, à Alger, le lancement de trois cliniques mobiles de dépistage précoce des maladies chroniques dans plusieurs wilayas, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre l’obésité célébrée le 4 mars.
Par Nadia B.
La première clinique mobile est destinée au dépistage précoce du diabète, de l’Hypertension artérielle (HTA) et des maladies du cœur dans les zones d’ombre de la wilaya de Bouira.
Il s’agit, pour la deuxième clinique, du dépistage précoce des mêmes maladies dans les zones d’ombre de la wilaya de Chlef.
Destinée aux wilayas d’Adrar et de Timimoune, la troisième clinique prend en charge le dépistage du cancer du sein et la sensibilisation sur le cancer colorectal.
Dans une allocution lue en son nom par le directeur de la prévention et de la promotion de la santé au ministère, Dr Djamel Fourar, le ministre a souligné que la contraction de la Covid-19 chez une personne obèse « a augmenté le risque de mortalité », précisant que « toutes les études affirment le danger de mort quand il y a association de l’obésité et de la Covid-19 ».
Chiffres alarmants
En Algérie, entre 12% à 14% d’enfants âgés entre 0 et 5 ans ont été atteints d’obésité en 2013 contre 9 % en 2007, a précisé le ministre, indiquant que les études à indicateurs multiples font état d’une stabilité de ces chiffres en 2020.
Le taux des personnes souffrant de surpoids et d’obésité âgées entre 18 et 69 ans était de 55,6 % en 2017 (63,3 % chez les femmes et 48,3% chez les hommes), selon des études réalisées en 2017.
Pour faire face à cette situation, le ministère de la Santé a mis en place, « un plan national stratégique multisectoriel de prévention et de la lutte contre les facteurs de risque des maladies non transmissibles pour la période (2015-2019), avec pour axe stratégique, la promotion d’une alimentation saine, lequel vise à prévenir l’obésité chez la population.
Ce plan se décline à travers deux mesures. La 1ère visant à mettre en place un programme d’information et de communication autour de la prise de poids et l’obésité. La 2e mesure, vise quant à elle, à développer la prévention et le traitement du surpoids et de l’obésité.
Selon le même responsable, le secteur de la Santé a tenu à ce que certaines mesures structurantes puissent bénéficier de la priorité absolue dans la prise en charge de l’obésité, à travers la mise en place d’un guide de prise en charge de l’obésité au profit des professionnels de la santé, lequel se veut » un outil indispensable » aux bonnes pratiques, tout en associant le médecin généraliste au niveau des structures de proximité.
Le ministère de la Santé œuvre également, dans ce cadre, à relever le niveau des professionnels de la santé, à travers la mise en place d’un programme de formation, avec un encadrement assuré par des experts du terrain, tout en impliquant les décideurs de différents secteurs concernés, dans les opérations de sensibilisation.
Pour le ministre, les défis de la phase actuelle « consistent principalement en le renforcement des mesures prises, à travers l’implication permanente du mouvement associatif d’une part, et la mise en œuvre efficace de l’ensemble des mesures visant à améliorer la prise en charge des patients, d’autre part ».
Soulignant que l’obésité « est l’une des maladies résultants des changements dans le mode de vie qui peuvent toucher n’importe quel pays », M. Benbouzid a rappelé « l’intérêt mondial accordé à la mise au point d’un plan d’action national stratégique pour lutter contre la propagation de cette maladie ».
Il a également estimé que l’obésité « résulte d’un déséquilibre entre les calories consommées et dépensées, ce qui entraine une augmentation de la graisse donnant lieu à des complications qui diminuent l’espérance de vie ».
A l’instar de tous les pays du monde, l’Algérie célèbre le 4 mars la Journée mondiale de lutte contre l’obésité, placée pour la deuxième fois sous le slogan « Ensemble, nous pouvons changer le regard sur l’obésité ».
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50% des hommes et un tiers des femmes souffrent d’obésité
Les spécialistes donnent l’alerte
Le surpoids et l’obésité deviennent un sérieux problème de santé publique. Selon les statistiques de l’Institut national de santé publique (INSP), «un Algérien sur deux et une Algérienne sur trois souffrent de surpoids». Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme et mettent en garde contre cette prévalence croissante de l’obésité au sein de la société.
Le Pr Rachid Malek, chef de service de médecine interne au CHU de Sétif, rappelle que « les personnes obèses sont exposées à plusieurs maladies graves, à l’instar des maladies cardiovasculaires, de l’Hypertension artérielle (HTA), du diabète et du cancer ». Il précise que « le monde souffre de trois pandémies que sont le diabète qui vient en tête, suivie de l’obésité puis de la Covid-19 ».
Les personnes obèses sont les plus exposées à contracter le coronavirus pouvant causer la mort, a-t-il ajouté, précisant que les obèses et diabétiques figurent en tête des cas contaminés au coronavirus ayant été hospitalisées.
Pour sa part, le directeur de la prévention et de la promotion de la santé au ministère de la Santé, Djamel Fourar a souligné que la prise en charge de l’obésité exigeait la conjugaison des efforts de tous les secteurs, chacun dans sa spécialité,
Le ministère a mis en place une stratégie nationale de lutte contre ce phénomène, a-t-elle rappelé.
De son côté, Pr Nassima Foudala, chef de service d’endocrinologie au CHU Lamine Debaghine (ex-Maillot) a mis l’accent sur l’impératif d’une lutte effective contre l’obésité, vu ses menaces sur la santé et le Trésor public.
Pr Bensmina, chef de service de diabétologie à l’Etablissement Hospitalo-universitaire (EHU) de Douéra a déploré, quant à elle, la situation sanitaire de certaines catégories d’âge chez les enfants dont le taux de surcharge pondérale a atteint un degré alarmant.
Pour prévenir cette maladie dangereuse, les spécialistes ont souligné la nécessité d’encourager la pratique du sport, la sensibilisation à une alimentation équilibrée et la lutte contre le tabagisme, en impliquant tous les acteurs de la société dans la prévention de cette maladie.
De son côté, le président de l’Association de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce), Mustapha Zebdi a déploré l’absence d’informations détaillées sur les ingrédients des produits alimentaires commercialisés, ainsi que leur taux de sucre et de sel, ce qui a fait augmenter le nombre des malades chroniques ses dernières années.
F. D.