Durement impactée par la crise sanitaire marquée par le confinement et l’arrêt de la quasi-totalité des transactions, l’activité de promotion immobilière peine à sortir la tête de l’eau. Les raisons sont multiples, puisqu’en plus des effets de cette conjoncture défavorable, il y a de sérieux problèmes induits par une législation qui, selon les professionnels du domaine, nécessiterais un «bon lifting».
Par Nadjib K.
«Quand le bâtiment va, tout va ! » dit l’adage. Mais qu’en dira-t-on lorsque ce n’est plus le cas ? Les professionnels du secteur tirent la sonnette d’alarme, eux qui enregistrent à présent des pertes «énormes». En effet, le secteur de l’immobilier reste l’un des secteurs les plus impactés par la crise sanitaire, avec son lot de pertes d’emplois et ses conséquences sur les revenus des ménages qui ne peuvent plus désormais s’offrir le luxe d’acheter un logement.
Toutefois, pour les professionnels du secteur, la question ne se pose pas qu’à ce niveau. Pour les opérateurs affiliés à l’Organisation nationale des promoteurs immobiliers (ONPI), la révision de la loi 11-04 fixant les règles régissant l’activité de promotion immobilière, est une nécessité impérieuse, pour préparer une reprise porteuse de nouvelles perspectives.
Des ateliers qui vont regrouper les acteurs du bâtiment
Selon la présidente de l’ONPI, Houria Bouhired, la réforme du système de promotion immobilière passe par la révision et l’actualisation des dispositions de la loi 11-04. En ce sens, l’ONPI plaide pour la création d’une commission ad-hoc réunissant l’ensemble des intervenants dans le domaine de la promotion immobilière et des chercheurs spécialisés pour analyser les entraves administratives, techniques et financières découlant de l’application des textes juridiques et réglementaires en vigueur.
Un appel qui semble ne pas tomber dans l’oreille d’un sourd, puisque le ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville, Kamel Nasri, a annoncé ce jeudi, l’organisation prochaine d’ateliers, dans le cadre de la discussion de plusieurs aspects de la loi régissant l’activité de promotion immobilière.
Sur ce, le ministre a fait savoir que ces ateliers vont regrouper l’ensemble des acteurs du secteur afin de discuter et de renforcer plusieurs aspects de la réglementation en vigueur.
De son côté, le directeur général de l’Habitat au niveau du ministère, Anis Bendaoud, a fait savoir qu’une large opération de consultation a été entamée depuis plusieurs mois avec l’implication de nombreux spécialistes et professionnels du secteur ayant émis des propositions touchant 69 articles sur 81 articles que comprend le texte de loi. Cette consultation a également permis d’enregistrer 20 contributions concernant les textes d’application et 38 contributions.
Recenser les défis et les problèmes…
«Si au terme de ces différents travaux d’évaluation il apparait nécessaire d’amender cette loi, il y aura un texte complémentaire soumis aux experts et par la suite aux parlementaires et au Gouvernement», a-t-il indiqué.
Pour rappel, l’ONPI a réalisé une étude qui a conclut que 50% des motifs de suspension des chantiers était d’ordre financier, citant en particulier le non accès des promoteurs immobiliers à un financement banquier ou à l’accompagnement de la Caisse nationale du logement (CNL). L’étude a dévoilé aussi que les entraves administratives sont, dans une large mesure, à l’origine du retard accusé dans la réalisation des projets.
C’est pour cela que l’ONPI plaide pour de profonds chantiers avec la participation de la tutelle pour recenser les défis et les problèmes, en vue de leur traitement, notamment ceux liés à l’aspect financier, aux entraves administratives et à la distribution inéquitable des projets entre promoteurs immobiliers publics et privés. Selon cette organisation, ce n’est qu’à cette condition que l’on pourra espérer une véritable relance du secteur après cette crise du coronavirus.
Crise terrible…
Il est utile de noter que le secteur du bâtiment en Algérie subit une «crise terrible» depuis maintenant plus d’une année. Selon certaines sources, ce ne sont pas moins de 80% des entreprises activant dans le secteur qui ont mis la clé sous le paillasson, et celles qui «résistent» encore ne font que vivoter en assurant un service qualifié de «minimum».
En effet, le secteur de la construction a été fortement impacté par les mesures de confinement sanitaire imposées par le coronavirus avec plus de 24.000 entreprises de bâtiment à l’arrêt en 2020, selon le ministère de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville.
Pour accélérer la reprise des chantiers et rattraper le retard engendré par la crise sanitaire, les autorités publiques misent sur de nouvelles mesures à même d’aider les entreprises algériennes, lesquelles bénéficieront à l’avenir de la préférence dans la réalisation des projets lancés. «Les programmes de logement seront désormais réservés exclusivement aux entreprises Algériennes», affirme-t-on.
A noter enfin, que le secteur du bâtiment, travaux publics et hydraulique (BTPH), compte environ 300.000 travailleurs qui sont actuellement au chômage technique et plus de 4.000 entreprises à l’arrêt.
N. K.