Après le continent africain, auquel l’Algérie accorde un intérêt prioritaire, la volonté d’adhérer au groupe des BRICS et, plus récemment, l’appel à renforcer la coopération économique et les échanges commerciaux interarabes à l’occasion du sommet de la Ligue des pays arabes qui s’est tenu la semaine dernière à Alger, l’Algérie met désormais le cap sur l’espace méditerranéen, réitérant ainsi ses projections d’élargir l’ouverture de l’économie nationale sur le marché internationale et régional dans diverses dimensions.
Par Mohamed Naïli
Dans une intervention qu’il a faite à la 4ème édition de la Plateforme régionale de l’Union pour la Méditerranée (UPM), tenue ce week-end en Turquie, et à laquelle il représentait l’Algérie, le ministre du Commerce et de la promotion des exportations, Kamel Rezig, a ainsi saisi l’opportunité pour appeler à la nécessité d’accorder « un intérêt particulier » à cet espace de coopération régionale. Lequel espace, méditerranéen en l’occurrence, qui, selon le ministre, renferme des atouts pour une action commune visant « la promotion des investissements et la création de postes d’emplois dans les pays de la rive sud de la Méditerranée, en tenant compte de leurs ressources naturelles et humaines considérables, qui requièrent le développement de programmes économiques, l’échange d’expertises, la formation, le transfert des technologies et le soutien à la recherche scientifique afin d’accompagner les politiques de la transition verte et de la transition numérique dans la région ».
Certes, depuis son lancement en 2007, ce nouvel espace de coopération régionale qui est l’UPM a connu une évolution à un rythme ralenti, mais il n’en demeure pas moins que les quelques projets qui ont été lancés durant ces 15 ans dans ce cadre portent sur des domaines non moins stratégiques. C’est le cas, à titre illustratif, de l’initiative lancée en 2021 pour une nouvelle approche d’exploitation des ressources hydriques et le développement d’une économie bleue au niveau de la région.
En soulignant en effet dans la déclaration finale de la réunion de lancement de cette nouvelle approche dans un contexte où l’espace méditerranéen est le plus affecté que d’autres régions du monde par les conséquences du réchauffement climatique qu’« aujourd’hui, les ministres de l’Union pour la Méditerranée sont convenus de la transition vers une économie bleue véritablement durable, dans le cadre de notre stratégie de relance consécutive à la crise de Covid-19 et de lutte contre les graves conséquences du changement climatique et de la dégradation de l’environnement. C’est une étape déterminante vers la gestion durable de la Méditerranée – notre mer commune – et une contribution aux ambitions du Pacte vert européen », les gouvernements des pays du pourtour méditerranéen expriment la volonté de se joindre à des actions communes dans les différents domaines en lien direct ou indirect avec le développement économique.
Une position géographique privilégiée
C’est pourquoi donc l’UPM, réunissant l’Union européenne et les 15 pays des rives sud et est de la Méditerranée, représente des opportunités non moindres à même d’enclencher un nouveau processus de partenariat régional dans divers secteurs économiques, compte tenu de la complémentarité dont jouissent les différents pays qui y adhèrent, que ce soit dans la rive sud ou nord de la Méditerranée. Si le nord se caractérise en effet par les progrès technologiques, l’expertise et le savoir faire, le sud, lui, jouit de ressources naturelles, de matières premières mais aussi d’une main d’œuvre en abondance qui n’attend que son insertion dans le marché de travail.
S’inscrivant dans cette démarche dont le corolaire est de rapprocher les deux rives de la Méditerranée, le ministre du Commerce a appelé ce vendredi, lors de la réunion d’Istanbul, à l’intensification des efforts pour des actions communes dans le cadre de la coopération commerciale régionale. Cependant, dans la conjoncture actuelle, marquée par les bouleversements qui tendent à reconfigurer les paradigmes de multilatéralisme économique mondial, l’UPM est susceptible de servir de nouveau cadre pour une coopération régionale réussie. « Le partenariat économique euro-méditerranéen sera prochainement plus attractif pour les investissements étrangers, de par la position géographique privilégiée de la région euro-méditerranéenne, au détriment de l’intégration économique avec des partenaires lointains, particulièrement en Asie ou en Amérique latine », a déclaré Kamel Rezig pour décrire l’importance des nouveaux enjeux de la coopération régionale.
Avec cette nouvelle vision, l’Algérie ne fait donc que confirmer sa nouvelle politique mise en œuvre ces deux dernières années et prônant plus d’ouverture sur l’investissement étranger et l’intégration de différents espaces de coopération régionale. La réunion de l’UPM d’Istanbul intervient effet au lendemain de la clôture de la 31ème session du sommet de la Ligue arabe d’Alger, à l’occasion de laquelle un accent a été mis sur le renforcement de la coopération économique et commerciale dans le cadre de la GZALE (Grande zone arabe de libre-échange). La volonté de l’Algérie d’intégrer le groupe des pays émergents, dits les BRICS et qui sont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, s’inscrit elle aussi dans le même cadre.
Cependant, depuis quelques mois, un accent particulier est mis pour la mise en place d’un nouveau cadre de coopération continentale en Afrique, qui s’est traduit par la promulgation de nouveaux textes réglementaires censés faciliter l’accompagnement des entreprises nationales, publiques et privées, pour se positionner sur le marché africain, à l’image de la loi relative à la création de zones franches promulguée cet été ou l’accélération du processus d’ouverture de filiales de banques publiques dans des capitales africaines, dont Dakar et Nouakchott, afin d’accompagner les entreprises nationales dans leurs opérations d’exportation ou d’investissement dans ces pays.
M. N.