Le ministre de la Santé a annoncé que l’Algérie achètera le vaccin anti-covid quelque en soit le prix. Lors d’une conférence de presse animée avec des cadres du ministère sur la situation épidémiologique de la propagation du nouveau coronavirus, le ministre avait précisé que «l’Algérie a intégré le groupe Covax, qui compte 170 pays, pour garantir une protection à travers l’utilisation du vaccin que recherchent actuellement quelque 200 laboratoires à travers le monde, dont 8 à 10 laboratoires sont à des stades avancés dans leurs tests cliniques». «Dès sa commercialisation, l’Algérie acquerra le vaccin pour protéger ses citoyens, quel que soit son prix», a-t-il souligné.
Par Réda Hadi
L’annonce du ministre de la Santé a, toutefois, soulevé une certaine polémique parmi les professionnels et la population.
Reste qu’en attendant la certification de ce vaccin par l’OMS et l’Institut Pasteur d’Alger, il faut établir les prévisions quant à l’utilisation du futur vaccin. Quelle quantité acheter et quelle population vacciner en priorité ? Auprès de qui achètera-t-on cet anti-Covid-19 et quand ?
Interrogations
Si le ministre de la Santé s’est montré rassurant sur ce processus à venir, la population est restée dubitative. Echaudée déjà par l’indisponibilité du vaccin de la grippe saisonnière, beaucoup se demandent, qu’en sera-t-il alors pour le vaccin anti-Covid.
En cas da vaccination massive, chacun voudra être servi en premier.
Or, dans ce cas précis, le ministre de la Santé a été clair : «C’est le comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de coronavirus (Covid-19) qui est chargé d’établir les prévisions», et ledit comité aura «la charge de déterminer, en premier lieu, les quantités de doses de vaccin dont l’Algérie aura besoin». Pour ce faire, il faudra d’abord avoir une idée précise sur le nombre et les catégories de la population qui en ont le plus besoin, donc les plus susceptibles d’être atteintes par le coronavirus. Dans ce sens, le ministre de la Santé en a situé le taux approximatif et donné des exemples des catégories qui seront prioritaires pour le vaccin anti-Covid-19. «Lorsque l’anti-Covid-19 sera disponible et que nous l’aurions acquis, la priorité dans la vaccination devrait être accordée au personnel médical, aux personnes vulnérables, atteintes de maladies chroniques ainsi que les éléments de l’armée», a-t-il précisé.
Reste à définir l’identité du ou des fournisseurs. Sur la question, le ministre n’a fourni aucune explication.
Pour le Dr. Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), «si les dispositions prises par le département de la Santé sont conformes, il n’en demeure pas moins que l‘échancre pour une vaccination massive reste assez lointaine».
Celui-ci a précisé, en outre, que la demande mondiale sera tellement forte, que les laboratoires concernés commenceront à approvisionner leurs pays en premier lieu.
A ce sujet, il est utile de rappeler que certains pays (USA, entre autres) et l’Union européenne ont engagé des sommes énormes en direction de laboratoires pour faire avancer la recherche et le développement du vaccin, et seront, par conséquent, les premiers livrés.
Pour M. Yousfi, l’Algérie, «malgré son inscription à la Covax (initiative qui fédère 156 Etats, afin de faciliter l’accès des pays pauvres au vaccin contre la Covid-19), ne sera en aucun cas privilégiée par rapport aux autres, dans la mesure où cet organisme lui-même, peine à recueillir des financements pour aider la recherche et le développement».
De plus, pour lui il reste à déterminer le prix exact du vaccin, et notre aptitude à engager une vaccination aussi étendue, tout en s’interrogeant sur le fait que puisque tant d’efforts sont fournis pour contenir la pandémie, pourquoi, alors, le vaccin ne sera-t-il pas obligatoire ?
En ce sens que, M. Benbouzid, ministre de la Santé, a affirmé que «ne seront vaccinées que les personnes qui le voudront», étant donné que «le vaccin ne sera pas obligatoire et que leur liberté de choix sera respectée».
En somme, si l’Algérie s’engage à acheter le vaccin, au prix fort s’il le fallait, sa disponibilité de fabrication à grande échelle pose déjà problème, ce qui retarderait sa disponibilité chez nous.
Pénurie d’emballage
Les vaccins sont généralement distribués dans de petits récipients en verre. Même s’il peut être surprenant de dire que le verre est une denrée rare, les vaccins sont souvent conditionnés dans un type de verre spécial, appelé verre borosilicaté. Il est très résistant aux changements de température et a une faible réactivité chimique pour éviter que ce qu’il contient ne soit contaminé.
Compte tenu de l’énorme demande pour ces conteneurs que la Covid-19 entraîne, cela pourrait également limiter la quantité de vaccins disponibles dans un premier temps.
R. H.