Le paysage économique algérien est un chantier perpétuel. Avec la double crise, économique et sanitaire, que nous traversons beaucoup s’accordent à dire, que parfois, nous adoptons une politique plus conjoncturelle que structurelle. Cette politique est critiquée par des économistes, dont M. Abderrahmane Benkhalfa, analyste financier et ancien ministre, qui a estimé chez nos confrères de la radio chaîne III, hier dimanche, que les traitements conjoncturels de l’économie ne peuvent remplacer ceux structurels.
M. Benkhalfa n‘est pas le seul en fait, à dénoncer cette politique des petit pas, en fonction des problèmes du moment. Même les présidents de groupes à l’APN, ont mainte fois demandé à accélérer les réformes. M. Benkhalfa indique que nous changeons trop les règles de l’investissement, alors que partout ailleurs, les règles sont stabilisées pour dix, voire vingt ans. «L’Algérie accuse quelques décalages et disfonctionnements dans ce domaine » déplore-t-il à cet égard.
Pourtant, la nécessité de diversifier l’économie algérienne pour diminuer sa dépendance aux hydrocarbures revêt un caractère d’urgence, depuis que le cours du pétrole a commencé à chuter de façon spectaculaire, en 2014.
Les nouvelles réalités financières ne permettent plus de maintenir le niveau élevé des dépenses publiques des dix dernières années, qui vide rapidement les caisses de l’Etat et augmente le déficit. Malgré les promesses des gouvernements successifs de procéder aux réformes et de rééquilibrer les finances publiques, la paralysie politique a fait obstacle à toute mesure décisive et significative.
Des observateurs estiment, sur ce plan, que trop de lois, tuent la loi. En ce sens que le politique agit en fonction des difficultés rencontrées et non sur la base d’un plan et d’une vision à long terme. C’est la conjoncture qui dicte la règle.
Une forme de gouvernance que critique l’ancien ministre qui affirme, entre autres, «qu’il y a trop de textes d’application. Lorsque un texte de loi est promulgué, la série des textes d’applications faits que l’applicabilité des textes est lointaine», explique-t-il, appelant, à cette occasion, à la révision de notre ingénierie juridique.
A terme, l’Algérie ne pourra pas se contenter d’apporter de petits ajustements techniques à sa politique économique. Ce à quoi M. Benkhalfa en évoquant le code l’investissement affirme «que celui-ci, doit consacrer une ouverture de l’économie qui est essentielle, parce que développe t-il, notre économie est restée, pendant une longue période, trop fermée sur elle-même. La preuve, est qu’à l’intérieur du pays nous avançons valablement, notamment, dans certains secteurs comme l‘agriculture, mais au plan international nous n’avons pas l’attractivité souhaitée», regrette-t-il.
Réda Hadi