La délégation du Fonds monétaire international (FMI) ayant mené une mission de consultation en Algérie du 6 au 21 novembre courant, conduite par Mme Verdier Geneviève, vient de rendre compte de l’évolution des différents indicateurs macroéconomiques constatée, faisant état d’une « sensible amélioration à court terme », annonce un communiqué publié dans la soirée de ce lundi par l’institution internationale.
Par Mohamed Naïli
« Les perspectives à court terme de l’économie algérienne se sont sensiblement améliorées », est-il mis en exergue dans le document du FMI élaboré à l’issue de la mission menée par la délégation en question. Réagissant à l’évaluation et la nouvelle vision de l’institution de Bretton Woods, l’analyste économique Hamza Boughadi est revenu sur les principaux facteurs sur la base desquels les experts du FMI fondent leur nouvelle perception concernant l’économie nationale, jugeant que « les conclusions de la délégation du FMI sont objectives ».
Tout en rappelant la contribution du redressement des cours du brut sur le marché international depuis le début de l’année en cours à la relance de l’économie nationale et l’amélioration de ses principaux indicateurs, et au-delà de l’incidence de celle-ci à court terme, la délégation menée par Mme Verdier souligne toutefois la nécessité de se pencher sur le déficit budgétaire.
« Un rééquilibrage budgétaire est nécessaire pour préserver la soutenabilité des finances publiques à moyen terme. Un resserrement de la politique monétaire est nécessaire pour juguler l’inflation », est-il noté dans le communiqué du FMI. Au chapitre des points qui nécessitent d’être consolidés davantage, les experts de cette institution notent que « l’accélération de l’inflation et la vulnérabilité à la volatilité des prix des hydrocarbures constituent des défis majeurs qui devraient être relevés pour préserver la stabilité macroéconomique ».
Premier excédent depuis 2013
Dans le détail, les conclusions des consultations menées par la délégation du FMI indiquent que, pour l’année en cours, « le solde des transactions courantes de la balance des paiements devrait afficher son premier excédent depuis 2013, et les réserves internationales (réserves de change, ndlr) ont augmenté à 53,5 milliards de dollars fin septembre contre 46,7 milliards de dollars fin 2021 ».
La hausse des prix du pétrole est perçue donc comme principal stimulateur des indicateurs macroéconomiques de l’économie nationale pour les experts du FMI. Mais pas que, puisque la délégation conduite par Mme Verdier souligne aussi la nette amélioration des recettes des exportations hors hydrocarbures qui, pour la première fois, sont appelées à atteindre le niveau des 7 milliards de dollars à la fin de l’année 2022. « Une hausse significative des exportations hors hydrocarbures a également contribué à cette amélioration », souligne le communiqué rendu public lundi soir par le FMI, avant d’ajouter qu’ « un excédent budgétaire est attendu en 2022 grâce à la hausse des recettes et à des dépenses moins élevées que prévu ».
Sur la période comprenant ces deux dernières années, les mêmes experts relèvent que « la reprise économique suite au choc de la pandémie se poursuit ». Concernant ce dernier point, l’économiste Hamza Boughadi précise que « les facteurs ayant permis une aussi rapide relance de l’économie nationale résident principalement dans la réactivité des pouvoirs publics pour faire face aux conséquences de la crise due à la pandémie de Covid-19, avec notamment des mesures en faveur des différents secteurs économiques, dont le gel des remboursements de crédits pour les entreprises, des aides et subventions aux ménages afin de maintenir le pouvoir d’achat », a-t-il énuméré dans son analyse lors de son passage à la radio nationale hier matin.
Pour ce qui est des principaux indicateurs attendus pour la fin de l’année en cours, les conclusions de la délégation du FMI soulignent que « la croissance du PIB hors hydrocarbures devrait s’accélérer pour atteindre 3,2 % en 2022, contre 2,1 % en 2021. Les pertes de production dues au choc de la pandémie seront ainsi en grande partie résorbées, même si des séquelles durables sur le marché du travail et la croissance à moyen terme constituent toujours un risque ».
En revanche, c’est en termes de croissance globale du PIB que le FMI n’arrive décidément pas à se fixer, en adoptant, une nouvelle fois, un optimisme plutôt modéré. En effet, dans ses nouvelles prévisions, « la croissance du PIB est projetée à 2,9% en 2022 », est-il noté dans le communiqué, alors qu’à la fin octobre dernier, les prévisions de l’institution de Bretton Woods tablaient sur un taux de croissance du PIB à 4,7% à la fin de l’année en cours, et ce, après avoir estimé cette croissance à 2,4% en avril dernier.
En outre, à l’instar de tous les pays dans le monde, les nouvelles évaluations des experts du FMI mettent en exergue les retombées des effets de l’inflation ayant marqué l’année en cours. « Comme dans de nombreux autres pays, l’inflation s’est considérablement accélérée et constitue une préoccupation majeure. Le taux d’inflation annuel moyen s’est établi autour de 9,4% au cours des derniers mois, son niveau le plus élevé sur 25 ans. L’inflation sous-jacente est également en hausse. La banque centrale a pris des mesures pour contrôler les pressions inflationnistes, mais la politique monétaire est restée accommodante », précise le même document.
Pour l’année 2023, la mission du FMI prévoit la poursuite de la croissance, tout en saluant « les progrès réalisés en matière de réformes budgétaires, en particulier dans les domaines de la fiscalité et de la gestion des finances publiques. Elle recommande également une intégration plus étroite entre les plans de dépenses et la stratégie de financement de l’État dans le cadre du processus d’élaboration du budget, ainsi qu’une diversification des sources de financement pour permettre une mise en œuvre graduelle du rééquilibrage budgétaire. »
M. N.