L’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (ANADE) -ex ANSEJ- a mis fin au dispositif en vigueur depuis 4 ans, imposant aux porteurs de projets de s’approvisionner auprès de fournisseurs agréés auprès d’elle.
Akrem R.
En effet, «les porteurs de projets jouissent d’une liberté totale pour le choix des fournisseurs et l’acquisition des matériels et équipements, le rôle de l’Agence se limitant désormais, à ce propos, au contrôle des fournisseurs au niveau de ses directions».
À travers cette décision, garantissant la liberté aux jeunes entrepreneurs de choisir leur fournisseur, les responsables de l’ANDE veulent réorganiser ce créneau entaché d’irrégularités par le passé.
Les jeunes ayant bénéficié d’un accompagnement de l’ANSEJ étaient contraint d’acquérir des machines à des prix excessivement chers et parfois issus de la contrefaçon. Ainsi, ils étaient également confrontés au problème des délais de livraison du matériel. Face à cette situation du monopole, le porteur de projet n’avait pas d’autre choix. Il est, en effet, obligé du subir le diktat de son fournisseur. Il se trouve que dans la plupart des cas, le matériel réceptionné n’arrive plus à fonctionner, présentant des défauts à tous les niveaux, et ce, dès sa première mise en service. Il est alors rapidement hors service bien que coûteux et de surcroît officiellement réceptionné juste à son arrivée sur le sol algérien, par des instances techniques et administratives compétentes.
Il s’agit tout simplement d’un matériel réformé que notre pays, malheureusement, continue d’importer. Les conséquences de ces pratiques sont, d’ailleurs, à l’origine de la mortalité de pas moins de 30 000 micro-entreprises, selon les chiffres avancés par l’union nationale des investisseurs.
La vigilance est de mise
L’application de tarifs élevés réduira la rentabilité du projet, dira l’expert en investissement Mohamed Sayoud. Selon lui, le fournisseur local facture à son client 2 fois le prix du fournisseur étranger ! Alors que dans l’investissement, explique-t-il, le bénéfice d’un projet se fait à l’achat du matériel. « Les jeunes bénéficiaires de l’Anade, ex-Ansej, n’ont aucune idée quant aux prix des machines et équipements, et c’est pour cela que la majorité achète chez les revendeurs algériens avant de se rendre compte que leurs projets ne sont pas rentables. Ces jeunes seront, alors, obligés de rembourser de gros montants des échéances de leurs crédits», a-t-il précisé dans une déclaration accordé à notre journal.
Toutefois, même avec cette décision du libre choix du fournisseur en faveur des porteurs de projets, ces derniers ne sont pas épargnés par «l’arnaque», pour autant. Vu le manque d’expérience dans le domaine de l’entrepreneuriat et dans la connaissance du marché international, il serait judicieux pour l’ANDE de les accompagner, en faisant appel à des experts et cabinets de conseils. En effet, il est effectivement impératif pour l’ANDE de nouer des contrats avec des cabinets de conseils en investissement qui ont une expérience internationale, a soutenu notre interlocuteur. C’est la meilleure solution pour vérifier les montants réels des machines et équipements, et cela, « nous permettra de réduire la spéculation et la surfacturation, ce qui va aider notre pays à réduire la facture d’importation en devises». En outre, cet expert en investissement, a critiqué la démarche de l’ANDE qui n’a aucune notion des prix ou des projets dont notre pays a besoin pour son développement.
L’Anade est chargée, rappelle-t-on, d’élaborer et de développer des outils de Business Intelligence, dans une démarche prospective, dans le but d’un développement économique équilibré et efficace, de moderniser et de numériser les outils de gestion de l’agence et du dispositif de création des micro-entreprises, d’encourager l’échange d’expériences à travers les programmes des organismes internationaux et des partenariats avec les agences étrangères d’appui et de promotion de l’entrepreneuriat et de la micro-entreprise, et d’assurer la gestion des micro-zones d’activités spécialisées, aménagées au profit des micro-entreprises.
Il est à rappeler que sur les 380 000 entreprises créées dans le cadre du dispositif Ansej, plus de 70% sont en crise. Une plate-forme numérique a été créée par cette agence, permettant aux jeunes promoteurs concernés de s’inscrire et d’y renseigner le formulaire dédié au classement des entreprises en difficultés. Ils ont un délai jusqu’au 31 décembre 2021. L’Agence devra réexaminer leur situation, selon les cas, excluant ainsi la perspective d’une poursuite judiciaire.
A.R.