L’Algérie, qui cherche à développer ses exportations hors hydrocarbures et à renforcer sa présence économique sur les marchés à l’international, notamment en Afrique, a engagé des réformes profondes pour la restructuration de sa flotte maritime. Une nouvelle stratégie est, en effet, en cours d’élaboration par le Groupe algérien de transport maritime (GATMA).
Par Akrem R.
Ce dernier vise, dans une première étape, à la reconquête de 25% des parts du marché Algérien, dominé à 98% par les armateurs étrangers jusqu’à présent.
Donc, un énorme travail reste encore à faire afin d’atteindre ces objectifs ambitieux par la compagnie publique de fret maritime, notamment en matière de gestion et augmentation des capacités de fret.
En effet, un avis d’appel d’offres international sera lancé incessamment pour l’acquisition de nouveaux navires, dont des vraquiers de capacité de 55 000 à 60 000 tonnes, a annoncé hier la PDG du Groupe, Nadia Rabia, dans une déclaration à la radio nationale « Chaîne I».
Ces nouvelles acquisitions vont renforcer les capacités de la nouvelle entité créée, Cnan El Djazair, dont la fusion des deux entreprises regroupant Cnan Nord et Cnan Med), interviendra dans les prochains jours, annonce-t-elle. L’intervenante a explique que dans le cadre de la restructuration du pavillon maritime, « nous allons procéder à une réforme profonde en matière de gestion».
Les politiques anciennes en la matière sont d’ailleurs à l’origine de la perte de 25 % des parts du marché algérien, déplore-t-elle, annonçant que tous les efforts seront axés sur cet aspect afin de permettre à Cnan El Djazair de récupérer des parts sur le marché national.
L’objectif escompté est de réduire les coûts du fret maritime avoisinant actuellement les 6 milliards de dollars. C’est énorme comme dépense pour un pays comme l’Algérie qui veut porter ses exportations hors hydrocarbures à 29 milliards de dollars d’ici 2030.
Donc, l’investissement dans ce domaine est plus que nécessaire pour la maitrise des prix des marchandises dans le cadre du commerce extérieur (importation et exportation).
52 milliards DA alloués par l’Etat
Outre l’ouverture de l’investissement maritime, avec ces deux segments voyageurs et marchandises, aux opérateurs publics et privés, l’Etat a débloqué un budget conséquent de 52 milliards de DA pour le renforcement des capacités du groupe public.
«Le secteur du transport maritime est stratégique. Nous tablons sur la récupération, dans une première étape, de 25% des parts du marché national», précise-t-elle.
Ceci passe par la mobilisation de tous les moyens et la remise en état de navigation des neuf navires (héritage de la CNAN Nord).
Un budget de 5 milliards de DA a été alloué à cet effet, a fait savoir, Mme RABIA. L’intervenant a fait savoir que «nous avons acquis dans une première phase neuf navires et 3 autres, appartenant auparavant à CNAN MED. Le reste du budget sera réservé également à l’acquisition d’autres navires avec une capacité plus grande pour l’importation des céréales.
Le groupe public compte également investir dans l’acquisition de conteneurs de l’étranger et également en lançant la production en local afin d’augmenter les capacités nationales en la matière.
Actuellement, le groupe ne possède que 3500 conteneurs. Un nombre insuffisant pour la couverture des besoins nationaux. Un projet pour la fabrication de conteneurs est en cours d’étude, indique la responsable.
« Nous sommes en passe de finaliser cette étude qui nous permettra de nous lancer dans la fabrication de conteneurs en partenariats», précise-t-elle, annonçant également que le groupe public a lancé de nouveaux services pour le transport de marchandises par voie maritime en interne.
Développer de nouveaux services
La PDG de GATMA a rappelé que les navires du groupe public transportent des tubes d’acier pour Cosider depuis le Port d’Arzew vers Annaba. « Notre domaine d’activité est certes à l’international, mais nous comptons mettre en place une stratégie pour le développement de cette activité et du transport maritime interne. Nous espérons décrocher de nouveaux contrats avec d’autres sociétés activant en Algérie», souligne-t-elle.
Sur le plan international, Nadia Rabia a souligné que les efforts sont déployés pour l’ouverture de nouvelles lignes maritimes. En effet, après l’ouverture d’une ligne Alger-Nouakchott en avril 2024, dont 9 traversées ont été déjà effectuées depuis son lancement, de nouvelles lignes sont à l’étude, en particulier, vers le Qatar et l’Arabie saoudite. Concernant la ligne Alger-Nouakchott, la responsable a précisé que cette dernière est en plein développement.
Les opérateurs s’intéressent de plus en plus au transport de leurs marchandises par bateau, en particulier après la signature d’une convention entre Algex et le groupe public pour le fret maritime de marchandises à des prix très compétitifs (une réduction de 50%).
Pour la traversée du mois septembre prochain, « nous avons enregistré le chargement de 110 conteneurs d’Alger vers Nouakchott et 123 conteneurs de Nouakchott vers l’Algérie».
146 000 voyageurs transportés
Par ailleurs, le groupe algérien de transport maritime (GATMA) a effectué 173 traversées, transportant 146 000 passagers et 43 000 véhicules, a indique hier sa PDG, Mme Nadia Rabia.
Elle a précisé que dans son programme pour cette saison d’été 2024, le groupe prévoit le transport de 511 000 passagers et 143 000 véhicules.
Un objectif qui ne pourrait être réalisé, suite notamment aux problèmes techniques qu’a connus un navire affrété. À cet effet, le groupe compte renforcer sa flotte à travers l’acquisition de nouveaux navires pour améliorer ses services et a également lancé une plateforme numérique pour l’achat de billets.
En parallèle, plusieurs navires, dont le « Tarik Ibn Ziyad », sont en cours de réparation dans le cadre du plan quinquennal et de son prolongement.
A. R.