L’entrée en vigueur dès la semaine en cours de la mesure prise par le chef de l’Etat autorisant le recours à l’importation des équipements agricoles, y compris les tracteurs de moins de 5 ans d’âge, suscite l’intérêt et la satisfaction des acteurs du secteur et des experts en la matière.
Par Mohamed Naïli
C’est avec le même enthousiasme que sont accueillies les autres mesures concernant la modernisation des exploitations agricoles et des systèmes de production mais aussi la protection des ressources utilisées dans l’agriculture, comme l’eau et les sols, qui ont été prises ces dernières semaines également.
Ces mesures sont perçues en effet comme une volonté de franchir un nouveau cap dans la relance et l’amélioration de la production agricole, particulièrement pour les filières stratégiques, comme les céréales, l’aliment de bétail, la pomme de terre et autres.
S’exprimant sur ces nouvelles décisions prises en faveur du secteur agricole, le vice président du CNIC (Conseil national interprofessionnel des céréales), Benali Abdelghani, estime que la décision autorisant le recours à l’importation d’agroéquipements va « renforcer la mécanisation et contribuera à l’essor de la production agricole, d’autant plus qu’elle permettra une augmentation massive de la productivité du travail ».
Pour lui, ladite mesure a toute la latitude de permettre la réalisation d’un « rebond dans le secteur à travers l’amélioration de la compétitivité et de la performance des exploitations », dès lors que, affirme le même responsable au niveau du Conseil interprofessionnel des céréales, « les agriculteurs vont bénéficier de facilités supplémentaires. Ce qui les aidera à surpasser certains obstacles et de concentrer davantage leurs énergies sur l’augmentation de leur production ».
Bien qu’il exprime sa satisfaction quant à cette décision, M. Benali avertit toutefois que la réalisation de l’objectif de l’amélioration des rendements et de la productivité au niveau des exploitations agricoles « dépend de l’ampleur du soutien à la recherche et aux centres de développement ainsi que des instituts spécialisés en agriculture pour contribuer à donner une empreinte scientifique à l’agriculture algérienne ».
Exhortant ainsi les responsables sectoriels et les opérateurs intervenant sur le terrain à favoriser le recours à la technicité et des approches nouvelles en rupture avec les modèles traditionnels de production, le membre du CNIC rappelle la nécessité de privilégier la démarche scientifique à tous les niveaux du processus de production, en formulant dans ce sillage le souhait de « permettre à l’avenir l’importation de certains équipements technologiques de pointe, tels que les drones agricoles ». Lesquelles équipements de dernières technologies qui seront d’une grande utilité notamment pour la gestion de l’itinéraire du traitement phytosanitaire et la détection des zones affectées par les maladies et autres parasites portant atteinte aux plantes et aux cultures.
Rendements en hausse, selon l’USDA
De son côté, le président de l’Association algérienne du génie agricole, Yahia Zane, lui aussi a exprimé un sentiment de satisfaction quant aux récentes décisions concernant le secteur de l’agriculture, principalement l’autorisation de l’importation des équipements agricoles, qu’il perçoit comme une volonté d’accélérer la mise en pratique de la stratégie de développement du secteur mise en place ces dernières années. Les récentes décisions du chef de l’Etat viennent, estime-t-il donc, comme « une réponse aux revendications des experts agricoles et des agriculteurs, notamment en ce qui concerne la libération de l’importation du matériel agricole dont l’insuffisance a entravé la mise en œuvre de la stratégie nationale et la réalisation du programme de développement global du secteur agricole, visant le renforcement de la sécurité alimentaire du pays ».
Enfin, c’est la modernisation du secteur agricole dans tous ses aspects qui est recommandée par les spécialistes en la matière. A ce propos, M. Zane suggère d’aller jusqu’à revoir « les modes de gestion du secteur et sa promotion en utilisant des technologies modernes et avancées, ce qui est devenu urgent et plus que nécessaire afin de surmonter les écueils administratifs ».
En outre, la mise en place de nouveaux mécanismes pour le contrôle de l’utilisation des ressources dédiées à l’agriculture suscite elle aussi la satisfaction des acteurs du secteur, à l’instar de la décision de renforcer davantage le contrôle sur la réalisation des forages et la lutte contre la réalisation d’ouvrages sans études préalables. Sur ce point, pour le président de l’association du génie agricole, le recours au « forage non étudié des puits expose les eaux souterraines au danger de salinité, notamment avec le stress hydrique et les changements climatiques ».
Par ailleurs, la nouvelle approche qui vient d’être imprimée au secteur agricole suscite l’intérêt même au niveau international, comme vient de le souligner le Département américain de l’agriculture, dans sa dernière note prévisionnelle sur l’Algérie. Analysant uniquement la production céréalière, l’USDA prévoie ainsi une hausse non moins importante des rendements en blé, de l’ordre de 38%, durant la saison 2022/2023.
En revanche, compte tenu des besoins exprimés en céréales, en constante croissance, l’USDA n’exclut pas une consommation globale en céréales pouvant dépasser les 110 millions de quintaux en blé, dont 83 millions de quintaux à importer, et près de 20 millions de quintaux d’orge pour l’aliment de bétail durant la prochaine campagne agricole, avec des importations pouvant atteindre près de 8 millions de quintaux. Outre l’orge, le PDG de l’ONAB, de son côté, a fait savoir récemment que les besoins en maïs destiné à la fabrication de l’aliment de bétail et de volaille s’élèvent à 40 millions de quintaux par an.
M. N.