Accord d’association, aplanir par le dialogue les divergences : L’Algérie et l’Europe deux partenaires stratégiques

Abderrahmane Mebtoul

Par Abderrahmane MEBTOUL

3-Pour l’Algérie, bien que l’Accord englobe une multitude de domaines de coopération, politique, économique, culturel, la libre circulation des personnes et autres, mais c’est le volet relatif au rééquilibrage des échanges commerciaux qui motive le plus la demande de la partie algérienne à renégocier l’accord en question invoquant le titre 2 de l’accord, portant «libre circulation des marchandises», dans son premier chapitre sur «les produits industriels» où l’article 11 donne la possibilité à l’Algérie de bénéficier de «mesures exceptionnelles» de durée limitée dérogeant aux dispositions de levée des barrières douanières., bien que ces mesures ne pouvant s’appliquer qu’à des industries naissantes ou à certains secteurs en restructuration ou confrontés à de sérieuses difficultés, surtout lorsque ces difficultés entraînent de graves problèmes sociaux.

Les droits de douane à l’importation applicables en Algérie à des produits originaires de la Communauté introduites par ces mesures, ne peuvent excéder 25% ad valorem et doivent maintenir un élément de préférence pour les produits originaires de la Communauté, mais selon l’ article 11, l’UE reconnait à l’Algérie un droit de prendre des mesures de protection, mais ces mesures sont soumises à des conditions défavorables, les droits de douanes à protéger étant limités à 25% et étant exigé aussi la mention de préférence de produit d’origine de l’Union européenne.

En outre, l’article 24, donne à l’Algérie de prendre des mesures de sauvegarde, en arrêtant l’importation d’une catégorie de produits si elle porte préjudice à la production nationale, devant être renégocié pour rendre son champ d’application plus efficace et avantageux.

Aussi, pour l’Algérie, l’objectif de cet accord est de « densifier » cette coopération, dont la dé- marche d’évaluation réclamée ne vise nullement à remettre en cause le cadre global de l’Accord, mais, bien au contraire, à l’utiliser pleinement dans le sens d’une interprétation positive de ses dispositions permettant un rééquilibrage des liens de coopération et que seules des négociations constructives permettraient de relancer la coopération entre l’Algérie et l’UE dans le but de mettre les relations économiques au centre de cette coopération, de donner à cet accord toute son importance et d’utiliser tout son énorme potentiel dans ses trois composantes: politique, économique et humaine et l’Algérie a toujours plaidé pour le renforcement du «dialogue et de la concertation» entre l’Algérie et l’Union européenne (UE).

Aux préoccupations soulevées par l’UE concernant ses parts de marché en Algérie suite aux mesures de rationalisation des importations prises par le gouvernement algérien dans un contexte bien particulier, cela n’est pas propre à notre pays comme en, témoigne bien avant l’épidémie du coronavirus les mesures restrictives de bon nombre de pays tant pour les USA que l’Europe et les tensions avec la Chine.

L’Algérie reste convaincu que les discussions que doivent engager les deux parties permettront d’arriver à des solutions pragmatiques et acceptables qui prennent en ligne de compte les intérêts légitimes de chaque partie.

Pour l’Algérie, faisant un bilan en 2020. En 15 ans d’application de l’Accord d’association avec l’Union européenne (UE), le partenaire européen a réussi à vendre l’équivalent de plus de 310 milliards de dollars de marchandises, alors que ce même partenaire a acheté pour quelque 15 milliards de dollars de produits algériens, hors hydrocarbures.

Le nouveau code d’investissement assouplissant la règle des 49/51%, ainsi que nouvelle loi des hydrocarbures ont pour objectif combiné avec une lutte contre la bureaucratie néfaste rendent plus trafic le marché algérien afin de dynamiser l’investissement direct étranger hors hydrocarbures qui a baissé entre 2008/2023. En conclusion , contrairement à certains qui supputent une détérioration des relations économiques entre l’Algérie et l’Europe, dans un but de déstabilisation, malgré ces divergences conjoncturelles, il s’agit comme je l’ai souligné il y a quelques années lors d’une conférence, à l’invitation du parlement européen à Bruxelles, de dépassionner les relations car la stabilité des deux rives de la Méditerranée, nous impose d’entreprendre ensemble, l’Algérie et l’Europe étant deux partenaires stratégiques.

C’est que l’Europe reste un partenaire clef pour l’Algérie comme en témoigne la structure du commerce extérieur de l’Algérie où l’Europe en 2022 s’impose comme le premier partenaire commercial de l’Algérie avec 61,1 milliards de dollars soit environ la moitié des échanges totaux où En 2022, les échanges commerciaux de l’Algérie se sont élevés à 104,2 Mds USD, en hausse de 37% par rapport à 2021.

Mais pour un développement durable , et être un pays pivot au niveau de la région, une Nation n’étant respecte que si elle a une économie forte, des réformes de structures doivent avoir lieu avec pour finalité une économie diversifiée , loin des aléas de la rente des hydrocarbures (98% des recettes en devises avec les dérives inclus dans la rubrique hors hydrocarbures pour 67% en 2023), encourager l’investissement créateur de valeur ajoutée passant par la lutte contre la bureaucratie afin d’améliorer le climat des affaires, la refonte du système socio-éducatif, le foncier, le système financier, (douanier, fiscal, domaine, banques) l’administration centrale/ locale et une nouvelle régulation sociale ciblée au profit des plus démunis, loin du populisme, des salaires versés sans contreparties productives conduisant à terme à de vives tensions sociales.

A. M.

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