Mohamed Salah Daas, directeur général adjoint du groupe Condor, s’exprime et répond à nos questions, quelques jours seulement après la signature d’un contrat de partenariat entre la SPA Condor et la société italienne SPA Stemin, en marge de la visite du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, la semaine dernière en Italie.
Entretien réalisé par Sofiane Idiri
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Eco Times : Pouvez-vous nous présenter les grandes lignes de l’accord signé entre Condor SPA et Stemin SPA, ainsi que les objectifs stratégiques de cette joint-venture ?
Mohaled Salal DAAS : Effectivement, la signature du nouveau contrat entre Condor et l’entreprise italienne Stemin SPA a eu lieu en marge de la visite de M. le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en Italie. Ce contrat s’inscrit dans une stratégie d’économie circulaire visant à garantir la fabrication d’un produit 100 % algérien. L’objectif stratégique de cette joint-venture est de récupérer et valoriser les déchets d’aluminium issus principalement du marché national, en vue d’approvisionner les filières industrielles locales.
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Pourquoi avoir choisi Stemin SPA comme partenaire ? Quelles sont les compétences ou technologies spécifiques que cette entreprise italienne apporte à ce projet ?
La SPA Stemin est l’un des spécialistes du recyclage de l’aluminium en Italie. Son expertise technologique très avancée, notamment dans les procédés de séparation et de purification des métaux, a été un critère déterminant dans notre choix. Grâce à leurs procédés innovants, nous serons en mesure d’atteindre un haut niveau de pureté de l’aluminium, répondant aux normes industrielles internationales. C’est donc un partenaire stratégique, capable d’apporter une réelle valeur ajoutée à notre projet.
Quel sera l’impact concret de cette joint-venture sur le tissu industriel local, en termes de création d’emplois, de transfert de technologie et de développement de filières ?
Cette joint-venture aura un impact considérable. Elle aboutira à la création d’une unité de recyclage à Bordj Bou Arréridj, à proximité de notre usine VIVAL. Ce projet permettra la création directe de 200 emplois supplémentaires. En parallèle, il favorisera le transfert de savoir-faire et de technologie, tout en stimulant le développement d’une filière locale de récupération et de transformation de l’aluminium. À terme, cela renforcera le tissu industriel national et contribuera à l’essor d’une économie circulaire durable.
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L’usine VIVAL bénéficiera directement de cette matière première recyclée. En quoi cet accord renforcera-t-il votre production locale, notamment dans le secteur du chauffage ?
Il convient premièrement de rappeler qu’une première joint-venture avait été établie l’année passée entre Condor et Radiatori 2000, l’un des pionniers italiens dans la fabrication de radiateurs. Cette collaboration a permis l’installation de l’usine VIVAL à Bordj Bou Arréridj, avec une capacité de production de 10 millions d’unités par an. Sur ce volume, 7 millions sont destinés au marché local, estimé à 12 à 13 millions d’unités par an, tandis que les 3 millions restants sont destinés à l’exportation, pour un chiffre d’affaires annuel de 15 millions de dollars. Cet investissement dépasse les 30 millions de dollars et permettra la création de plus de 350 emplois.
Il y a exactement un an que la construction de l’usine VIVAL a été lancée. Ce projet s’inscrit dans le cadre du processus AAPI l’Agence Algérienne de Promotion de l’Investissement, auprès de laquelle nous avons déposé un dossier et bénéficié d’un terrain. Nous venons désormais de lancer la phase de production, qui sera effective à partir du mois de janvier 2026.
Absolument. Cette nouvelle unité de recyclage sera installée à proximité immédiate de l’usine VIVAL à Bordj Bou Arréridj, afin de faciliter l’alimentation en matière première. Grâce à cette synergie, nous visons un taux d’intégration de 100 %, ce qui signifie que nous pourrons fabriquer des radiateurs totalement algériens, en circuit fermé.
Ainsi, l’accord avec Stemin vient consolider cette chaîne de valeur industrielle en assurant un approvisionnement local, fiable et durable en aluminium recyclé, indispensable à la production de radiateurs de chauffage.
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La production d’aluminium recyclé sera-t-elle destinée uniquement au marché algérien, ou envisagez-vous une commercialisation à l’échelle régionale voire internationale ?
Dans un premier temps, la production sera principalement destinée au marché national, afin de répondre aux besoins des secteurs clés : automobile, électroménager, bâtiment et emballage. Toutefois, nous envisageons à moyen terme de développer une offre exportable vers les marchés régionaux et internationaux, d’autant plus que la qualité de l’aluminium recyclé produit localement répondra aux standards mondiaux.
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Pouvez-vous nous en dire plus sur la technologie de recyclage utilisée ? En quoi est-elle innovante et respectueuse de l’environnement ?
La future unité de production disposera d’un procédé innovant, développé par Stemin, permettant une séparation efficace de l’aluminium des autres matériaux et impuretés. Ce procédé garantit un haut niveau de pureté, tout en étant économe en énergie et respectueux de l’environnement. L’aluminium produit sera issu d’un alliage primaire et secondaire conforme aux exigences des normes industrielles internationales. Cette technologie de pointe nous permet non seulement d’optimiser le recyclage, mais aussi de réduire considérablement notre empreinte écologique.
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Où sera implantée l’usine de recyclage et comment sera structurée la collecte des déchets d’aluminium à travers le pays ? Des partenariats locaux sont-ils prévus ?
L’usine de recyclage sera implantée à Bordj Bou Arréridj, juste à côté de l’usine VIVAL, afin d’optimiser la logistique et la synergie entre les deux unités. La collecte des déchets d’aluminium a déjà commencé depuis quelques mois. Elle s’effectue à la fois à travers les industriels, les ménages et nos propres déchets internes issus des unités de production du groupe Condor. À terme, nous envisageons de nouer des partenariats avec des acteurs locaux pour structurer davantage cette filière de collecte à l’échelle nationale.
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Ce projet marque-t-il une nouvelle étape dans la stratégie de Condor en matière d’économie circulaire, de développement durable et de diversification industrielle ?
Absolument. Ce projet illustre parfaitement l’engagement de Condor dans la transition vers une économie circulaire, durable et souveraine. Il s’inscrit pleinement dans la stratégie nationale de relance industrielle, de substitution aux importations, et d’exploitation optimale des ressources locales. Cette initiative renforce la position de l’Algérie en tant que plateforme industrielle et d’investissement à l’échelle régionale, tout en confirmant le rôle moteur de Condor dans la promotion des filières industrielles à haute valeur ajoutée.
S.I.
