La célébration de la journée internationale des femmes, coïncidant avec le 8 mars de chaque année, est devenue une occasion pour faire une halte sur la situation socio-économique de cette frange importante de la société.
Par Akrem R.
Des avancées, certes, ont été enregistrées ces dernières années en matière de condition de la femme et de la famille, mais nous sommes encore loin de la parité, notamment en matière d’accès à l’emploi, de l’entrepreneriat et autres.
Des contraintes et entraves persistent encore sur le terrain, en effet, et minimisent le rôle de la femme dans le développement socio-économique du pays. D’ailleurs, pour des raisons surtout culturelles, beaucoup de femmes diplômées et autres, sont au chômage. Elles sont devenues des femmes au foyer dépendantes des chefs de familles. Une situation qualifiée d’inconcevable par la présidente de l’Association des Femmes Algériennes Chefs d’Entreprises « S E V E », Chahrazed Saâdi. Pour elle, « il est temps de trouver des solutions à cette question d’employabilité des femmes.
C’est le seul moyen, d’ailleurs, de les extirper de cette situation qu’elles vivent au quotidien. Il est inconcevable que 60% des diplômés en Algérie soient des femmes, mais dont peu d’entre-elles contribue au développement économique du pays.
Une perte sèche en matière d’investissement pour l’Etat. Des milliards de DA sont consentis annuellement au secteur de l’Enseignement supérieur et de la formation, sans être optimisés et rentabilisés ! » Selon cette responsable, dans notre pays l’homme est avantagé en matière d’employabilité.
En somme beaucoup reste à faire dans le domaine de l’entreprenariat féminin. Selon Hamamche Kahina, chercheuse au Cread, elle a indiqué que le non développement de ce domaine en Algérie est dû à beaucoup d’obstacles qui viennent décourager la femme lors de son parcours entrepreneurial.
Parmi ces contraintes on peut citer: l’absence de soutien et d’accompagnement spécifique et adapté, l’accès au marché et à l’information, l’accès au financement et surtout les contraintes sociales et culturelles. Tout cela décourage, donc, la femme à aller à l’entrepreneuriat. Selon les estimations d’une récente étude du Cread, le nombre de femmes chefs d’entreprises ne dépasse pas les 5 à 6% en Algérie.
Intensifier le soutien et l’accompagnement des femmes
Le moment est, donc, venu de revoir les politiques et les programmes de l’Etat à l’adresse des femmes. D’ailleurs, même le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a exhorté l’Exécutif à intensifier son soutien et son accompagnement de tous les efforts visant à renforcer la solidarité nationale, à promouvoir les droits de la femme et à préserver la famille algérienne.
«L’Algérie qui a consacré dans sa législation le principe d’équité et d’égalité des chances, met sur pied ses politiques publiques, pleinement consciente de la nécessaire valorisation et qualification des ressources humaines. La femme partage avec l’homme les valeurs citoyennes ainsi que les droits et les devoirs sur le même pied d’égalité», a affirmé le chef de l’Etat dans son message.
Dans ce cadre, il est à noter que l’Etat, n’a pas lésiné sur les moyens. Des financements pour la création de micro-entreprises dans les domaines de l’artisanat, l’agriculture et même pour financer des activités à domicile, sont au programme. Toutefois, et avec le manque de communication au niveau de ces institutions, la femme est toujours «marginalisée». Les Associations des femmes plaident pour la constitution de véritables programmes structurels dédiés exclusivement aux femmes. Il s’est avéré en finalité que la volonté politique affichée pour la promotion du rôle de la femme dans le monde socio-economique, elle seule, n’est pas suffisante. Un grand travail doit être consenti, notamment en matière de sensibilisation et d’information, en particulier, dans les régions rurales, afin de donner toutes les chances de réussites à la femme.
Lancement d’un projet d’appui au commerce électronique dédié aux femmes
En termes d’actions concrètes au profit des femmes entreoreuneures, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Yacine Hamadi, a supervisé à Alger le lancement officiel du programme d’appui au commerce électronique pour les petits et moyens projets dirigés par les femmes en Algérie, dans le but de former des femmes entrepreneures dans le domaine du numérique.
S’exprimant à cette occasion, M. Hamadi a affirmé que ce projet, lancé en coopération avec la Banque mondiale (BM), « intervient pour donner une nouvelle dynamique aux relations bilatérales entre l’Algérie et les institutions de Bretton Woods en général, et la Banque mondiale (BM) en particulier, afin de booster la croissance économique et sociale globale ».
La veille, donc, de la célébration de la Journée internationale des femmes, le ministre a souligné l’engagement de son secteur à « aller de l’avant dans l’accompagnement et le soutien à la femme pour accéder au monde de l’entrepreneuriat, et ce dans l’optique de soutenir l’économie nationale ».
Ce projet, lancé après deux ans d’arrêt en raison de la pandémie du Coronavirus (COVID-19), vise à « soutenir les porteuses de projets parmi les femmes artisanes, en élargissant l’accès aux biens et services financiers, en renforçant les capacités, en offrant des opportunités d’accès aux marchés mondiaux, et en améliorant l’intégration et la compétitivité économique de la femme en matière de commerce électronique et de marketing numérique », a-t-il précisé.
« Cette initiative est au centre des engagements du Président de la République, en vue d’exécuter une politique efficiente à même de promouvoir et d’autonomiser la femme, réalisant ainsi la transformation numérique », a-t-il ajouté.
De son côté, le représentant de la BM pour l’Algérie, Kamel Braham a affirmé que ce projet avait pour but d' »assurer l’appui numérique aux femmes entrepreneures en Algérie, en les formant dans l’utilisation des outils numériques en vue de faciliter leur accès aux marchés national et international ».
Le projet, dit-il, sera financé via l’Initiative de financement en faveur des femmes entrepreneures (We-Fi), qui « est une initiative internationale financée par 14 Etats donateurs et 8 banques de développement, avec une valeur totale estimée à 300 millions de dollars au profit de 60 Etats, dont 6 pays arabes ».
Concernant l’Algérie, le représentant de la BM a fait savoir que plus de 100 femmes entrepreneures algériennes seraient formées dans l’utilisation des plateformes du e-commerce par quelques 20 conseillers en la matière.
A. R.