En dépit des résultats encourageants réalisés par le secteur agricole algérien, il fait toujours face à des problèmes structurels. Une nouvelle organisation des différentes filières en faisant appel à de vrais professionnels s’impose. La politique actuelle a, d’ailleurs, prouvé ses limites.
Par Akrem R
Les services en charge de ce secteur stratégique n’arrivent toujours pas à mettre en place les mécanises nécessaires pour une meilleures maitrise de la chaine de production, de distribution, de stockage et transformation.
Les dernières tensions qu’a connues, récemment le marché, notamment sur la viande blanche et la pomme de terre, témoignent de l’anarchie et la désorganisation qui dominent l’agriculture algérienne. En clair, il y a un manque flagrant en matière de planification pour les filières agricoles. La production n’est pas stable. Parfois, c’est le fellah qui en est la victime, car obligé de céder sa production, nettement au-dessous de son coût de production, vu que l’offre dépasse largement la demande du marché. Dans ce cas précis et en l’absence de moyens pour la prise en charge des excédents, par le stockage, la transformation et l’exportation, notamment, le fellah abandonne son activité créant ainsi, une tension, et là, la demande se fait sensiblement ressentir ce qui entraine la flambée des prix. Dans ce cas précis, c’est le consommateur final qui en est la première victime. Ce phénomène est malheureusement cyclique et récurrent, déplore, Laala Boukhalfa, expert agricole.
En effet, après avoir cru que l’Algérie a arraché sa sécurité alimentaire en matière de ces deux produits en particuliers, jusqu’à l’exportation, les consommateurs éprouvent de la peine à acquérir des produits essentiels, et ce, pour la simple raison que les prix sont devenus inaccessible et hors de portée de la classe moyenne.
Le président de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Alioui a expliqué cette situation par l’absence d’espace de stockage, de commercialisation et de transformation. Il a affirmé, hier, lors de son passage au forum de la radio nationale, que l’investissement dans la filière pomme de terre a atteint son pic. Les professionnels ne sont plus en mesure de consentir d’autres investissements, au moment où il n’y a pas de débouchés pour leur production.
Les tentatives d’exportations de la pomme de terre par les agriculteurs de Oued Souf vers la Russie, le Qatar, les Emirats Arabe Unis, n’ont pas connu la promotion escomptée, dira-t-il d’emblée. Une situation qui s’explique par le manque de savoir-faire en matière de commercialisation chez les agriculteurs, se contentant de dire, néanmoins à leur décharge, que, « nous, les producteurs, nous nous limitons à la production». Autre problème soulevé par le représentant des paysans, le manque d’accompagnement de l’Etat. « Durant ces trois dernières années, 2019-2020 et 2021, les agriculteurs n’ont été accompagnés par l’Etat», a-t-il déploré. Ainsi, la non mécanisation de ce secteur névralgique a aggravé la situation de l’agriculture algérienne, artisanale par excellence. Toutefois, elle souffre également du manque de main-d’œuvre qualifiée. Sur ce point, Alioui a soulevé que ses paires souffrent énormément de ce problème. Et même lorsqu’on la trouve, indique-t-il, elle est trop chère, et payée à 3000 DA/journée!
La solution à tous ces problèmes, c’est d’ouvrir un dialogue direct, recommande-t-il, avec les représentants des agriculteurs et de revoir l’organisation des filières, en allant vers les coopérations agricoles. Un système qui a donné son fruit partout dans le monde. Un pays comme l’Algérie, est en mesure d’assurer sa sécurité alimentaire et d’aller chercher des parts sur les marché internationaux, indique-t-il, en estimant qu’il est inacceptable de continuer à débourser annuellement, 1,3 milliard de dollars pour la poudre en lait ! « Nous devons mettre les moyens nécessaires pour les agriculteurs et dans les 4 prochains années, on arrivera à réduire notre facture d’importation en poudre de lait et céréales», affirme-t-il.
A. R.