Eco Times : Le président Français Emmanuel Macron, effectuera à partir de ce jeudi une visite de trois jours. Dans quel contexte s’inscrit cette visite selon vous?
Abderrahmane Hadef: Je pense déjà que c’est une visite qui revêt un caractère hautement diplomatique pour essayer de remettre les relations entre les deux pays à des niveaux espérés et des niveaux plus élevés qu’ils le sont aujourd’hui, par certaines circonstance et des positions de la France vis-à-vis de certains dossiers internationaux, et que l’Algérie tous en étant un pays souverain n’admet pas ce revirement et changement d’attitude selon les humeurs.
Donc aujourd’hui, ce sera une visite qui intervient dans une conjoncture internationale particulière, en tenant compte du contexte économique actuel caractérisé par une volatilité des marchés, instabilité des perspectives dans tous les secteurs, un ordre économique mondial en pleine gestation, marqué par la monté en puissance de nouveaux acteurs des pays émergents.
Aussi, il y a les conséquences de la crise russo-ukrainienne qui fait naitre un chamboulement total dans l’économique mondiale. Donc cette visite vient également dans un contexte où l’UE vit une crise économique majeure et d’éventuelles récessions redoutées chez les grandes puissances à l’instar de l’Allemagne, la France, l’Espagne et Italie.
Vous avez évoqué le caractère difficile dont se trouve notamment l’Europe et en particulier la France. Que va proposer le président français à l’Algérie pour relancer les relations entre les deux pays?
Je pense que le président français va essayer de relancer la coopération et remettre en marche le train du partenariat entre les deux pays. Mais aujourd’hui, ce qu’il faut noter c’est que le temps ne permet plus de rester au stade du discours.
Il est très important de convenir d’un programme de coopération effectif, un programme qui doit concerner des secteurs bien définis et qui doit aller au-delà des intérêts unilatéraux de la France, en incluant les intérêts mutuellement bénéfiques pour les deux pays.
La France, aujourd’hui, a besoin de l’Algérie comme partenaire stratégique dans certains domaines, en particuliers l’énergie, surtout que l’Algérie est l’un des fournisseurs fiables de l’Europe.
La France doit accepter -si elle veut rester comme partenaire de l’Algérie-, de travailler sur le lancement de projets d’investissements dans divers domaines.
La France aura tous à gagner en lançant des projets industriels, agricole, pharmaceutiques et dans les services. Déjà, par le fait de la proximité, par la position de l’Algérie, et vu que la France est en perte de vitesse en Afrique. Je pense que la balle est dans le camp de la partie française.
Si on veut aller vers une nouvelle phase dans la coopération, il est temps d’ouvrir une nouvelle page dans cette coopération et lui donner un élan plus opérationnel. Il est important de travailler sur des perspectives à long terme.
Aujourd’hui, le président Macron, a tout intérêt de développer un partenariat stratégique avec l’Algérie. D’ailleurs, il peut s’inspirer de l’élan amorcé par l’Italie. Les français ont tout intérêt de travailler avec l’Algérie de façon à impulser une dynamique basée sur des projets mutuellement bénéfiques.
Pourquoi ne pas aller dans de des projets de coproduction, comme cela a été développé par le passé par Brandt et Oxxo du groupe privé Cevital. On peut généraliser l’expérience avec de nouveaux partenariats, des projets importants dans le domaine agroalimentaire, industrie manufacturière, le tourisme. Je le dirais encore une fois, la balle est au niveau du camp français. C’est à eux de proposer et de tenir le langage qu’il faut.
Quelques suggestions susceptibles de donner un nouvel élan à la coopération économique entre l’Algérie et la France?
Si on veut donner un nouvel élan à la coopération économique entre les deux pays, il faut vraiment identifier les pistes et surtout les atouts qui peuvent être mis en valeur entre les deux pays. A cela, je voudrais qu’on ait une nouvelle vision pour développer un nouveau partenariat selon de nouveaux paradigmes.
Aujourd’hui, il est très important d’ouvrir de nouvelles perspectives vers des optiques plus positives et prometteuses. Je citerais à titre exemple, le potentiel humain existant entre les deux pays, avec une nouvelle génération de chefs d’entreprises d’origine algérienne ou binationaux. Des chefs d’entreprises et des cadres qui n’attendent qu’une chance pour permettre à cette coopération de prendre un nouvel élan. Donc, il est important de leur donner cette occasion de construire cette passerelle entre les deux pays sur de nouvelles bases.
On peut aller dans de nouvelles perspectives intéressante dans les domaines de l’innovation, la recherche scientifique en impliquant la diaspora algérienne en France, laquelle pourra donner un appui important à cette coopération. Il y a aussi tout le potentiel qui pourrait être mobilisé pour assurer le renouveau entre les deux pays dans le domaine économique.
Entretien réalisé par A R