L’expert en économie, Abderhamane Hadef a estimé qu’aujourd’hui, de toutes ces réformes que nous appelons à mettre en œuvre, il y a la partie, la plus importante qui concerne le monde du travail et surtout la valorisation des compétences et de l’emploi, à travers une adéquation formation et besoin du monde économique et en même temps, essayer de lancer un débat avec les partenaires sociaux sur la nécessité de réviser le Code du travail.
« Nous constatons aujourd’hui qu’il y a un déphasage par rapport au besoin de l’entreprise et du monde économique et aussi, en termes de qualité de la formation et de programme d’enseignement dispensés destinés à fournir une main d’ouvre à la fois compétente et qualifiée. Il est à mentionner, également, la création d’entrepreneurs et non pas de demandeurs d’emploi», souligne-t-il.
Pour cela, indique-t-il, « je pense qu’il est très important de débattre de cette problématique de l’emploi et de la nécessité de réhabiliter la valeur du travail parce que aujourd’hui, on est très loin des normes internationales en termes de performance et rendement dans le travail. Très important si l’on veut aller vers un marché du travail de qualité et de la compétence qui tirerait vers le haut l’entreprise algérienne».
Maintenant, sur les aspects opérationnels, ajoute-t-il, « nous sommes aussi appelés à revoir la relation entre les institutions de formation (l’enseignant supérieur, formation professionnelle, etc.) et le monde économique».
Cette relation, il faut, déjà, qu’elle soit très agile, flexible, et repensée de façon à fluidifier le mouvement, recommande-t-il. Donc, «il est important, aujourd’hui, de revenir vers le système des stages, parce qu’ils sont une porte d’entrée pour les futures employés ; une phase durant laquelle ils ont la possibilité d’acquérir les connaissances et des compétences. La notion de stage, à mon sens, a été tellement négligée et mal encadrée, que nous sommes aujourd’hui en train de patiner dans des considérations qui sont loin des vrais problèmes de l’emploi et de l’employabilité des jeunes. Parce que cette employabilité requiert des préalables, surtout en termes de connaissance et de compétences. A mon avis, le stage doit être redéfini (stage pratique et l’immersion dans les entreprises) et doit être aussi encadré par une nouvelle réglementation qui permettra, à la fois aux concernés d’êtres placées dans une entreprise et, en même temps, à l’entreprise de bénéficier de certains accompagnements et surtout d’avantages en contrepartie de sa prise en charge», détaille Abderrahmane Hadef.
Le deuxième point, c’est d’aller vers une révision des types de contrats de travail. «Aujourd’hui, on ne parle que CDI et CDD, avec une prédominance des CDD, qui entraine une vulnérabilité et une situation précaire aux employés, sans répondre, forcément, aux attentes de l’entreprise économique. Donc, il est important de penser ensemble à de nouvelles relations de travail avec des contrats plus adaptés au marché algérien et selon les secteurs, les filières, etc.
À mon sens, c’est un sujet qu’il faut traiter au niveau, à la fois politique et, surtout, au niveau opérationnel (des territoires et collectivités locales), parce que nous sommes appelés à maitriser notre marché du travail en ayant les éléments nécessaires et en maitrisant les besoins, avec les vrais chiffres et les vrais profils de chaque personne. Et de là, il est important de mettre en valeur les technologies nouvelles pour essayer de tracer des profils et pouvoir accompagner les jeunes vers un meilleur avenir», conclut-il.
Propos recueillis par Akrem R.