À quelques jours de l’Aïd El Fitre, les ménages ayant déjà fait face à une rude épreuve, suite à la flambée des prix de large consommation durant ce mois de ramadhan, sont appelés à consentir plus d’efforts pour l’achat des vêtements de l’Aïd, aux enfants, notamment.
Par Akrem R.
C’est un véritable casse-tête pour les parents qui ne savent pas à quel sain se vouer. Les artères et ruelles abritant les magasins de vêtements sont, ces jours-ci, de jour comme de nuit, bondées de familles en quête d’habits neufs à l’occasion de la fête de l’Aïd el-fitr. D’ailleurs, la demande sur le marché de l’habillement, notamment ceux des enfants, enregistre une hausse de 50%.
Selon certains vendeurs, les prix pratiqués cette année ne diffèrent pas de ceux affichés l’année dernière, du fait que la plupart des articles proposés sont issus de stocks de la période de la pandémie. Toutefois, les vêtements importés, récemment, ont connu une hausse de 30 à 40%, selon les commerçants. Ceci a compliqué la tâche des ménages. Lors d’une virée que nous avons effectuée dans certains marchés et magasins de la capitale, des chefs de familles ont avoué que les prix sont hors de portée et dont leur budget n’arrive pas à suivre le cours.
Selon eux, il très difficile, voire, impossible de satisfaire les besoins de leurs enfants. Les prix de robes pour fillettes de 2 à 8 ans, varient entre 4000 DA à 9000 DA, les pantalons (garçon/fille) à partir de 1500 DA, chemises à 1900 DA, t-shirt à partir de 1000 DA, un ensemble pour enfant de 7 ans est proposé à 4900 DA.
Outre la cherté du prêt-à-porter, il y a le problème de la disponibilité de certains vêtements. Beaucoup de commerçants que nous avons interrogés ont soulevé ce problème, indiquant qu’il ya peu de marchandises sur le marché. Les mesures de restrictions sur les importations, en sont à l’origine. « L’interdiction de l’importations de vêtements et chaussures, notamment, sous forme de « Chouala » (en vrac) est derrière la flambée des prix autant que l’indisponibilité des produits. Mon frère a ramené des vêtements de la Turquie, en payant 1000 DA/ kilogramme comme frais du fret aérien !», précise un vendeur de vêtements à El Harrach.
Sur ce point, le président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA) Hadj Tahar Boulenouar a expliqué la hausse des prix par la baisse des exportations des pays producteurs, l’augmentation des prix des matières premières et aussi, par les coûts d’expédition et de transport. À tout cela, s’ajoute la dévaluation de la valeur de la monnaie nationale.
À la veille de l’Aïd El Fitr, les parents risquent, donc, de se heurter à des difficultés quant à habiller leurs enfants et beaucoup, notamment ceux à faibles revenus, s’en priveront ou s’orienteront vers les magasins de friperie, dont les prix sont, relativement, plus abordables.
C’est ce dont Toufik, chauffeur dans un secteur de la fonction publique, a témoigné : « Mon salaire n’excédant pas les 30.000DA, il ne me permet pas d’acheter des vêtements neufs pour mes 4 enfants. Le seul moyen est d’aller chercher de bonnes affaires dans les magasins de friperie. Et encore, même là, les prix des vêtements utilisés ont enregistré une hausse par rapport aux années précédentes», souligne-t-il. L’achat de tenues de l’Aïd d’une qualité moyenne pour 3 enfants de nos jours, nécessite un salaire mensuel d’un simple employé, soit une moyenne de 10 000 DA par enfant.
A. R.
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Hadj Tahar Boulenouar, président de l’ANCA :
«La solution c’est de promouvoir notre production locale»
Le président de l’Association des commerçants et artisans (ANCA), Hadj Tahar Boulenouar, a estimé nécessaire d’accorder tous les moyens aux fabricants locaux afin de leur permettre d’augmenter la production nationale qui reste le seul moyen de maitriser les prix. Actuellement, le marché de l’habillement est estimé à 5 milliards de dollars, dont 4 milliards sont issus de l’importation, soit seulement 25% des besoins de notre marché. Par conséquent, « nous devons impérativement consentir d’énorme investissements dans le domaine des textiles afin de réduire cette facture d’importation salée». Le président de l’ANCA a noté, au passage, que la production nationale a enregistré une hausse importante, passant de 10% durant les trois dernières années à 25%, actuellement. Mais elle reste toujours insuffisante. M. Boulenouar a fait savoir qu’un programme de mise à niveau de 3000 ateliers de couture est en cours d’exécution, et ce, dans le but d’améliorer la qualité et la compétitivité. Toutefois, et malgré l’importance de la démarche, elle reste insuffisante pour relever le défi, dira-t-il. La solution réside dans l’encouragement de ces ateliers en les fournissant en matières premières (tissu – caoutchouc – boutons) et, également, dans l’organisation de ces ateliers sous forme de coopératives. L’unique moyen pour faire face à la concurrence des marchandises, notamment chinoises et turques, indique-t-il.
Le représentant des commerçants a appelé, également, à l’exploitation de nos matières premières, à savoir la peau de mouton et la laine. Ces deux richesses sont mal exploitées, quand l’on sait que seulement 15% du cuir et de laine générés, annuellement, sont valorisés ! En clair, 85% de cette matière première sont jetés dans les décharges publiques. Ce qui constitue un manque à gagner important pour les caisses de l’Etat, en matière de recettes et emplois.
A. R.