C’est une réalité amère. Des innovations sont produites annuellement en Algérie par de jeunes-génies Algériens, mais peu voire, aucune de ces inventions ne voient le jour !
Par Akrem R.
Les entreprises algériennes, en effet, à l’exception des grands groupes, à l’instar de Sonatrach, Sonelgaz et Saidal, n’accordent aucune importance à la recherche et l’innovation.
Par conséquent, le gouvernement est appelé à revoir sa copie dans ce domaine en encourageant davantage les innovateurs et les entreprises à l’industrialisation de ces inventions à même d’améliorer, pourtant, leur compétitivité et partant, d’apporter de la valeur ajoutée à l’économie nationale.
C’est dans ce cadre qu’un salon national de l’innovation a été organisé, hier, au Centre international des conférences (CIC), Abdelatif-Rahal à Alger, par le ministère de la Formation et l’Enseignement professionnels. Le ministre de tutelle, en l’occurrence, Yacine Merabi, a affirmé dans son discours inaugural, que l’organisation de cet événement vise à mettre en lien direct les jeunes innovateurs avec les chefs d’entreprises.
Placé sous le thème «L’innovation : socle du développement durable», le salon, précise Merabi, permet de présenter les modèles innovants et les projets professionnels pour mettre en valeur les savoir-faire et les capacités des enseignants, des stagiaires et des apprentis de la formation professionnelle, toutes filières et spécialités confondues. «Ce salon est un espace d’échanges entre les différents acteurs et une opportunité de faire la promotion de ces travaux d’innovations afin de la concrétiser sur le terrain», a-t-il souligné, en appelant les entreprises et les mécanismes de soutien à l’entreprenariat à l’accompagnement de ces jeunes. «Notre souhait est de voir ces innovations transformées en projets économiques», dira-t-il. En outre, et afin de sécuriser ces innovations, le ministre de la Formation et de l’enseignement professionnels M. Merabi, accompagné de plusieurs ministres, dont celui de l’Industrie, Ahmed Zeghdar et de la Micro-entreprise, en l’occurrence, Diafat Nassim, a annoncé qu’une convention a été signée avec l’Institut national algérien de propriété industrielle (INAPI), pour acter les travaux innovant de fin d’étude et également ceux des étudiants. Cette protection est une mesure d’accompagnement de plus, en attendant de trouver des preneurs pour le développement de ces produits. L’autre mesure-phare prévue dans le dispositif de la tutelle pour le suivi de ces jeunes innovants, est la création d’une maison d’accompagnement et d’orientation au niveau des différents centres de formation à travers le pays. Des orientations et des expériences seront données à ces jeunes jusqu’à la création d’entreprise ou la concrétisation de leurs projets sur le terrain. D’ailleurs, annonce également le ministre, une convention est signée avec le ministère délégué auprès du Premier ministre chargé de la Micro-entreprise à cet effet.
A. R.
Ishak Kherchi, expert en économie : «La relation innovation-économie n’existe pas en Algérie »
L’expert en économie et enseignant universitaire, Ishak Kherchi, a déploré l’absence d’un véritable lien entre la recherche scientifique et le développement économique en Algérie. Il a affirmé, dans une déclaration accordé à notre journal, que la recherche scientifique est «passée à côté du développement économique inexistant». La plupart des études effectuées par nos chercheurs soit n’ont pas de lien avec les problématiques existantes dans l’économie nationale, soit ne sont pas applicables. « Même les études de fin d’études (master, doctorats) n’ont aucun lien avec les problèmes de l’économie algérienne. Et si elles existent, les décideurs ne les prennent pas en considération !», a souligné Kherchi, tout en s’interrogeant sur le sort des études universitaires effectuées, en sachant que le gouvernement possède son propre outil (le CNESE) de consultation. Notre intervenant a fait savoir, également, que les programmes de l’université algérienne sont théoriques et n’ont aucune relation avec les problèmes et les spécificités de l’économie nationale. « Le marché algérien est complexe et les règles économiques ne s’appliquent pas sur lui. Le prix en Algérie ne se fixe pas selon l’offre et la demande», déplore-t-il. L’intervenant a affirmé, également, que les conventions existant entre les universités et les sociétés économiques ne sont pas opérationnelles. « Les problèmes économiques des entreprises se règlent par des décisions administratives et non par des études scientifiques. Ceci dit, il y a un grand fossé entre la recherche scientifique et le développement économique. Il n’y aucune relation dans ce sens en Algérie», précise-t-il.
S’agissant de l’innovation et de l’intérêt des entreprises à cet égard, l’enseignant universitaire a indiqué que le problème se pose au niveau des mentalités des gérants d’entreprises. «Au moment où le salaire d’un responsable n’est pas soumis à une évaluation, il n’y aura pas d’innovation», tranche-t-il. La libération des initiatives et la valorisation des innovations est tributaire de la mise en place d’un système de rémunération spécial au niveau des entreprises économiques, conclut-il.
A. R.