La politique de prévention en Algérie ne se voit consacrer que 1% du budget de l’Etat. Ce qui fait d’elle le parent pauvre de la politique de santé dans le pays. C’est en résumé les propos du Professeur et expert en économie de santé, Ahcene Zehnati, lors de son intervention à la 6 ème session media training des Laboratoires Roche Algérie, portant sur sur ‘’L »accès aux thérapies innovantes en Algérie : État des lieux et recommandations, qui s’est tenue, hier, à l’Hôtel Sofitel d’Alger.
Par Zoheir Zaid
La prévention est une condition sine qua non pour revoir à la baisse la dépense nationale de santé (DNS) et avoir un peuple moins malade, donc plus productif et générateur de rendement économique plus performant.
Ce postulat fait l’unanimité, d’autant que la hausse de la somme dédiée à la prévention aura un compact avéré sur la dépense nationale de santé (DNS), qui, elle, ne cesse d’augmenter sur les deux dernières décennies.
En effet, selon une étude réalisée par IQVIA et le professeur Ahcene Zehnati, la DNS a atteint 3.5% de Produit intérieur brut (Pib) en 2000 et 6.2% en 2018, avec un pic de l’ordre de 07% enregistré en 2015.
La DNS par habitant a été de l’ordre de 61 dollars lors de la première année de référence et de 258 dollars durant la seconde. Le pic étant atteint en 2014 : 360 dollars.
Lors des deux années comparatives, l’Algérie a été au-dessous de la
moyenne de référence en Afrique (5.4%), pour la première année, alors qu’elle l’a été au-dessus lors de la seconde (5.5%). Mêmes positions occupées par notre pays en ce qui concerne la moyenne de la Méditerranée orientale, dont les normes respectives étaient de 4.2% et 5.4%.
Le citoyen paye 3 fois sa santé !
Dans la courbe liée à la répartition de la DNS par agent de financement, à
savoir, l’Etat, les caisses de Sécurité sociale et les ménages, il en ressort que durant l’année 2000, l’Etat a consacré 28% de la somme globale dédiée à la DNS, les caisses de Sécurité sociale, 41% et les ménages, 24%.
En 2018 : les trois agents ont respectivement consacré 39.6%, 26.3% et 34.1%.
« Le citoyen paye trois fois le prix de sa santé, via les impôts, une deuxième par ses cotisations à la Sécurité sociale et, enfin, une troisième pour ses consultations chez le privé. », a tenu à préciser Ahcene Zehnati.
Le paiement des ménages est illustré également par une comparaison entre le poids des payements des ménages (Out Of Pocket), ou l’argent dépensé
qui ne sera pas remboursé, et la part des ménages, estimés respectivement (toujours entre les deux années comparatives), de l’ordre de (25.8%/28%) et (32.6%/34.1%).
Faiblesse de l’assurance privée
Ce qui pose également le problème de la faiblesse de l’assurance privée, traduite par le taux de croissance annuel moyen du chiffre d’affaires (CA) en santé privée, entre 2013 et 2019, de l’ordre de 2.4%, et le taux du CA risque maladie/CA branches assurances des personnes, en 2019, ayant atteint les 0.9%. « Le problème de l’assurance privée en Algérie est liée à des contraintes d’ordre religieux et culturel, mais aussi d’indisponibilité de ressources financières des ménages. », a expliqué le conférencier, avant d’ajouter : « je recommande de lancer des études pour ce genre d’assurance, car c’est un problème urgent à résoudre. »
Pour sa part, le responsable de l’accès aux marchés et des affaires publiques, Khalil Kadaoui, a révélé que « les assureurs privés attendent le soutien des médias pour promouvoir leurs actions inhérentes à l’assurance privée. »
Enfin, il est à souligner que la part de la santé dans le budget de l’Etat, arrive en 4 ème position, après la Défense nationale, l’Education nationale et le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et l’Aménagement du territoire (MICLAT). Elle s’est vue consacrée dans le cadre de la loi de Finances 2021, 410 672 176 000 DA, soit 8.89% du budget global. La 6 ème session media training des Laboratoires Roche Algérie, a été sanctionnée par 15 recommandations.
Principales recommandations
Adopter un processus d’enregistrement accéléré qui s’accompagnerait de décisions de financement et d’approvisionnement tout aussi rapides, à travers les canaux officiels de l’État ou les canaux privés.
Mettre en place un système d’enregistrement accéléré ‘fast-track’ pour les thérapies innovantes internationalement reconnues et déjà enregistrées par la FDA et/ou l’EMA (prévue dans les derniers textes règlementaires).
Dissocier le processus de financement de celui de l’enregistrement afin de limiter l’impact des contraintes budgétaires sur les délais d’enregistrement.
Encourager les contrats innovants et négociations (e.g. accords prix volume, plafonnement de dépenses) entre les autorités et les compagnies pharmaceutiques.
Revoir le système d’appel d’offres par la mise en place d’un comité d’experts clinique et économique qui évalue et valide (entre deux appels d’offres) l’intégration de médicaments innovants dans le cadre d’un accord commercial entre la PCH et le laboratoire pharmaceutique.
Optimiser l’utilisation du fonds de lutte contre le cancer en facilitant ses
conditions d’exploitation et son utilisation à travers des sources de financements alternatifs.
Rendre disponible certains médicaments en pharmacie (officines) notamment ceux administrés par voie orale.
Contractualisation: Débloquer le financement de thérapies innovantes et d’autres médicaments à travers la formulation d’une loi contribuant à la prise en charge des patients dans le secteur privé.
Encourager la population Algérienne à recourir à des assurances complémentaires privées pouvant couvrir la prise en charge du cancer.
Z. Z.