Si la hausse des prix du pétrole renflouera les caisses de l’Etat de devises, les dépenses de l’Algérie pour approvisionner son marché local, notamment en matières premières et produits alimentaire, seront en hausse.
Par Akrem R.
En effet, et suite à la guerre en Ukraine, les prix de l’ammoniac et autres fertilisants nécessaires au secteur agricole, ont enregistré une hausse de 155%. Idem, pour le fret maritime.
Ce secteur est en fluctuation permanente, notamment, depuis le début de la pandémie Covid-19 et, maintenant, avec la guerre en Ukraine. En effet, il est très difficile de trouver de navires pour le fret de nos importations, a déclaré hier Ali Bey Nasri, président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal).
«Certainement, les prix de pétrole ont augmenté entre 70 à 80%, mais nous en avons perdus 20% d’une manière indirecte, suite à la hausse des prix sur le marché international. A cela s’ajoutent les coûts du fret maritime», a-t-il précisé, lors de son passage sur les ondes de la radio nationale.
Pour Bey Nasri, il est inadmissible que 16 millions de tonnes de produits stratégiques (sucre, blé, huile et maïs) soient transportés par des armateurs étrangers.
En clair, notre sécurité alimentaire est menacée, notamment durant les situations de crises et guerres dans le monde. Ainsi, la facture des importations pour 2022 sera plus salée que les années précédentes, notamment, celle des produits alimentaires avoisinant les 9 milliards de dollars en situation normale.
Le président de l’Anexal a réitéré son appel pour la reconstruction d’un pavillon national au moins pour le fret des produits stratégiques et, également, en accélérant l’investissement dans les filières, dans lesquelles nous avons un déficit. La sécurité alimentaire est la priorité actuelle des pouvoirs publics. « Nous devons amorcer une politique volontariste, en fixant des objectifs à atteindre dans les 3 années à venir. Les recettes, en plus de l’exportation des hydrocarbures doivent être investies dans des projets d’investissements pour la sécurité alimentaire (blé et lait) avec l’objectif de réduire la facture de 20% en trois ans. Nous avons tous les ingrédients et potentiels pour réduire notre dépendance alimentaire. Il nous manque seulement de fixer un délai et un objectif», souligne-t-il.
Pour illustrer ses propos, le président de l’Anexal a cité l’exemple du Qatar. Ce pays, en un laps de temps, suite à l’embargo de 2017 imposé par l’Arabie saoudite et ses alliés, a réussi l’augmentation de sa production en lait et autres produits de 10 à 90% en trois ans. « Nous avons besoin d’une stratégie bien claire et surtout d’une stricte application», dit-il.
6 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures en 2022
Sur un autre registre, Ali Bey Nasri, a révélé que la croissance des exportations hors hydrocarbures en Algérie a connu une reprise qualitative entre 2020 et 2021.
À ce propos, il a indiqué que la croissance est passée de 2,3 milliards de dollars à 5 milliards de dollars, et que ce montant va augmenter et pourrait atteindre les 6 milliards de dollars en 2022, grâce à la volonté qui a été enregistrée au cours du premier trimestre de cette année.
Bey Nasri a indiqué que « les efforts des autorités visent à élargir la base des exportations en dehors des hydrocarbures en encourageant les investissements, notamment étrangers, dans les secteurs et les produits qui sont en forte demande sur le marché mondial ».
Par conséquent, il a souligné que « la nouvelle loi sur les investissements encouragera les investissements locaux et étrangers, et permettra, également, aux entreprises de se développer dans un environnement sain et plus compétitif, sans discrimination entre les secteurs public et privé ».
L’intervenant a également ajouté que « la nouvelle loi sur les investissements est importante, et elle doit s’inscrire dans la stratégie nationale d’exportation, avec la contribution de tous les secteurs, y compris les exportateurs, dont le nombre est actuellement estimé à 1 200, et ce, en supprimant tous les obstacles qui entravent la reprise de cette activité. Sur ce point, l’ex-ministre de l’Industrie et des statistiques, Abdelkader Samari a plaidé pour la mise en place d’un climat des affaires, incitatif, d’abord, pour les investisseurs et opérateurs économiques algériens. Pour lui, «on ne peut parler d’investissements étrangers directs (IDE) avant l’assainissement du climat des affaires et l’environnement économique pour les opérateurs nationaux». Ceci est considéré comme étant une condition sine qua non pour l’amélioration de l’attractivité de l’Algérie au niveau international.
A. R.