Les échanges commerciaux entre l’Algérie et la Turquie poursuivent leur progression. Ils ont atteint 6 milliards de dollars en 2024, un chiffre, certes important, mais encore en deçà des attentes des deux pays, qui ambitionnent de porter ce volume à 10 milliards de dollars. Tel est l’objectif fixé par les deux chefs d’État, Abdelmadjid Tebboune et Recep Tayyip Erdoğan.
Par Akrem R.
«Il est vrai que nous sommes satisfaits du niveau des échanges commerciaux, qui ont atteint un record historique de 6 milliards de dollars l’année dernière. Mais nous aspirons à faire mieux encore, car l’objectif fixé par nos deux chefs d’État est d’atteindre 10 milliards de dollars », a souligné le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, à l’occasion de l’ouverture de la troisième session du Comité de planification algéro-turc, tenue hier à Alger, co-présidée avec son homologue turc, M. Hakan Fidan.
Dans son discours, le ministre d’État a appelé à lever tous les obstacles entravant la réalisation des objectifs stratégiques définis par les présidents des deux pays.
«Qu’il s’agisse du volume des échanges commerciaux, du niveau des investissements bilatéraux, ou encore de la coopération dans les divers secteurs économiques, sociaux et culturels représentés ici aujourd’hui, nous sommes appelés à surmonter tous les obstacles, grands et petits, afin d’atteindre les objectifs stratégiques qui nous sont assignés», a-t-il affirmé.
Étendre la coopération à d’autres secteurs
Et d’ajouter : « Il est également vrai que nous nous réjouissons du niveau inédit atteint par les investissements turcs en Algérie, qui avoisinent également les 6 milliards de dollars. Nous enregistrons des réussites communes dans plusieurs secteurs tels que la sidérurgie, le textile, l’énergie, les travaux publics, et plus récemment, l’agriculture saharienne. Cependant, nos ambitions demeurent intactes pour aller encore plus loin, car les opportunités d’investissement offertes par l’économie algérienne ne cessent de se révéler dans de nouveaux domaines, à l’instar des énergies renouvelables, de l’industrie pharmaceutique, et bien d’autres secteurs vers lesquels nous aspirons à étendre notre coopération».
Il convient de rappeler, à ce propos, que l’Algérie a mis en place un nouveau dispositif incitatif à destination des investisseurs, nationaux comme étrangers. D’ailleurs, depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l’investissement en 2022, plus de 14 000 projets ont été enregistrés auprès de l’Agence algérienne de Promotion de l’Investissement (AAPI), dans divers secteurs, en particulier l’industrie et l’agriculture.
Cela est considéré comme étant un signe du retour de la confiance chez les opérateurs économiques et surtout, de l’amélioration du climat des affaires.
C’est, en effet, une opportunité pour la Turquie de consolider sa position de premier investisseur en Algérie. Ce partenaire solide de l’Algérie est déjà présent dans de nombreux domaines, notamment le bâtiment et les travaux publics, l’agriculture, la pétrochimie, le textile — avec notamment le complexe Tayal de Relizane — et la sidérurgie, avec le géant Tosyalı implanté à Oran, considéré comme le plus important producteur de fer et d’acier du pays. Ce dernier est souvent cité comme un exemple de réussite du partenariat algéro-turc.
Ce dynamisme témoigne de la profondeur des relations entre l’Algérie et la Turquie. Selon le ministre d’État, Ahmed Attaf, «ce sont d’abord des relations historiques profondes, nourries par une appartenance spirituelle et culturelle partagée. Ce sont ensuite des relations globales et intégrées, visant à renforcer la coopération bilatérale dans tous les domaines : politique, économique, social et culturel. Ce sont, enfin, des relations authentiques et enracinées, fondées sur des objectifs et des priorités que nous avons identifiés et définis ensemble».
Renforcer le partenariat
Le ministre d’État a également souligné la nécessité de consolider la coopération politique et la coordination sur les questions d’intérêt commun. «Tout en veillant à renforcer ce partenariat prometteur dans toutes ses dimensions, nous tenons aussi à consolider les traditions de concertation politique et de coordination autour des questions d’intérêt partagé. Le monde traverse aujourd’hui de profondes mutations, qui n’épargnent aucun pilier de l’ordre international contemporain : ni la sécurité collective, ni l’interconnexion économique, ni le droit international, ni les organisations multilatérales, et encore moins la stabilité des États, notamment en Afrique», a-t-il affirmé.
Dans un tel contexte, Ahmed Attaf a estimé qu’il est plus que jamais nécessaire de renforcer les convergences politiques, fondées sur l’attachement aux principes de la Charte des Nations unies et sur la promotion du dialogue comme moyen de résolution des crises, des conflits et des guerres.
De son côté, le ministre turc des Affaires étrangères a salué le niveau remarquable atteint par les relations algéro-turques dans de nombreux domaines, notamment économiques et commerciaux, grâce à des investissements multiples et fructueux.
«Les relations algéro-turques connaissent une progression significative dans plusieurs secteurs économiques et commerciaux grâce à une coopération dynamique. Par ailleurs, il existe une convergence de vues sur de nombreuses questions internationales, dans un contexte marqué par d’importants défis liés à la conjoncture mondiale actuelle», a-t-il déclaré, insistant sur l’importance de tirer pleinement parti des opportunités de coopération économique, afin d’atteindre l’objectif commun de porter les échanges commerciaux à 10 milliards de dollars.
La Turquie a également exprimé sa volonté de renforcer sa coopération avec l’Algérie dans le secteur de l’énergie, ainsi que d’examiner les voies de collaboration dans les industries de défense, sur la base d’un intérêt mutuel.
Depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdelmadjid Tebboune en décembre 2019, les relations algéro-turques ont connu une nette intensification, marquée par une multiplication des rencontres de haut niveau et des accords de coopération dans divers domaines.
Cet élan a été marqué par deux visites du président Recep Tayyip Erdoğan en Algérie, la première en janvier 2020, et la seconde en novembre 2023, au cours de laquelle il a tenu des entretiens avec Tebboune et prononcé un discours au Forum d’affaires algéro-turc.
Lors de cette dernière visite, 13 accords de coopération ont été signés, dont la prolongation de l’accord d’importation de gaz algérien vers la Turquie pour trois années supplémentaires, jusqu’en 2027.
De son côté, le président Tebboune avait qualifié les relations avec la Turquie de “solides et porteuses de perspectives prometteuses”, assurant qu’il existait une réelle volonté politique des deux parties pour renforcer la coopération.
En contrepartie, le président Tebboune a effectué deux visites en Turquie : la première en mai 2022, qui a vu la tenue de la première réunion du Conseil de coopération de haut niveau et la signature de 15 accords, et la seconde en juillet 2023, axée sur le renforcement des relations économiques et commerciales.
A. R.