L’Algérie qui fait face à une raréfaction de l’eau, en raison du manque de la pluviométrie et baisse drastique des niveaux du remplissage des barrages, est confrontée à un autre problème. Il s’agit du phénomène du gaspillage, avec un taux avoisinant les 45%, selon le premier responsable de ce secteur, en l’occurrence Mustapha Kamel Mihoubi.
Akrem R.
En effet, et devant l’inconscience des certains ménages et la défaillance des entreprises chargées de gestion de l’eau, des quantités énormes en cette ressource vitale pour la vie continuent de se déverser dans la nature. La notion de rationalisation dans l’utilisation de l’eau est pratiquement absente chez les ménages.
En effet, l’Algérien consomme beaucoup, vraiment beaucoup d’eau. Chaque jour, en moyenne 180 litres, alors que cette quantité ne dépasse pas les 120 litres/jour par citoyen dans plusieurs pays développés ! Afin de constater l’ampleur du gaspillage d’eau dans notre pays, il suffit juste d’effectuer une petite tournée aux niveaux des artères de nos villes pour constater de près les mauvaises habitudes de gaspillage de l’eau potable. Certaines personnes mettent le robinet à grande pression afin de laver leurs véhicules, en le laissant parfois ouvert sans raison, d’autres résidents déversent de l’eau potable pour tenir plus ou moins propre le perron de leur maison.
Des restaurateurs, les petites boutiques d’Alger, lavent à grande eau les devantures, trottoirs et rues…C’est relativement propre, mais au prix d’un grand gaspillage d’eau. Cette eau qui coûte des milliards de DA Trésor public.
Le groupe pétrolier Sonatrach contribue à lui seul annuellement avec plus de 50 milliards de DA pour assurer le bon fonctionnement des unités de dessalement de l’eau de mer, selon les chiffres du ministère de l’Energie. Ainsi, il est à noter que durant les dernières années, l’Etat a déboursé près de 60 milliards de DA pour le secteur des Ressources en eau.
Le coût de production d’un mètre cube d’eau est estimé entre 60 et 80 DA, alors que l’Etat le cède à un tarif dérisoire variant entre 3 à 6 DA m3. En dépit de cette politique de tarification très basse, des ménages bloquent carrément leurs compteurs pour ne pas payer leurs factures, dans la plupart des cas ne dépassant pas les 2 000 DA/trimestre pour les gros consommateurs. Ces pratiques d’incivisme ont impacté sévèrement le budget de l’Algérienne des eaux (ADE), avec des créances de 57 milliards de DA à fin 2020. S’agissant du problème de fuites d’eau, l’ADE ambitionne à l’horizon 2030 de réduire le taux de perte d’eau à un taux «techniquement admissible», et ce, en engageant un vaste programme de mise à niveau des réseaux et des installations stockage et de distribution à travers l’ensemble des wilayas.
Mihoubi veut mettre de l’ordre
Devant cette situation d’anarchie caractérisant, notamment, la gestion de leau dans notre pays, le ministre de tutelle, Mustapha Kamel Mihoubi, a annoncé que son département est en phase d’élaborer une nouvelle feuille de route, dont l’économie d’eau sera son axe principale. «Cette option est inévitable pour déterminer efficacement l’usage rationnel des différentes sources de l’eau par ces temps de déficit pluviométrique», a indiqué avant-hier M. Mihoubi au forum de la radio nationale, expliquant qu’il faut effectuer, d’abord, une campagne de sensibilisation au niveau de plusieurs secteurs autour de cette charte, pour ensuite passer à la répression par le biais d’une police de l’eau».
Quant aux prérogatives de cette police, qui sera instaurée en temps opportun, elle agira sur la base d’une loi, précise-t-il, ajoutant que le projet de loi est en cours de révision, ajoutant, toutefois, que son département va commencer par soumettre une charte à différents secteurs pour enrichissement avec des actions concrètes et adoption. Le secteur œuvre à «promulguer des textes législatifs relatifs aux infractions de branchement illégal aux réseaux de distribution dans le cadre de la nouvelle loi sur l’eau devant réduire ces infractions d’une part, et la régularisation des situations qui peuvent être régularisées par la mise en place de compteurs et le paiement des factures, d’autre part», a précisé le ministre.
A.R.