L’administration algérienne continue encore à surconsommer du papier, et ce, en dépit des efforts, consentis ces dernières années par le gouvernement pour sa numérisation. Il suffit, en effet, juste de se rendre à un service de l’état civil dans une APC, pour constater l’ampleur de l’utilisation du papier.
Akrem R.
Certes, ces services sont informatisés et dotés de micro-ordinateurs, mais à côté, « cohabitent» les imprimantes. Ainsi, donc, le papier est toujours là et son élimination nécessitera la numérisation tous azimuts des différentes procédures.
Selon le président du Groupement Algérien des Acteurs du Numérique (GAAN), Bachir Tadjeddine, notre pays débourse, annuellement, des sommes colossales en devises pour répondre à ces besoins en la matière.
Ainsi, uniquement pour l’année précédente (2020), l’Algérie a importé pas moins de 1,2 million de tonnes de papier pour une valeur de 400 millions d’euros ! C’est astronomique comme budget, notamment, en cette conjoncture, où les devises se font rares. D’ailleurs, la consommation de l’Algérie en papier représente l’équivalent de la consommation globale des pays de l’UE !, a relevé pour sa part, la Directrice Générale de l’Autorité gouvernementale de certification électronique (AGCE), Mme Zahia Brahimi. Ceci témoigne du retard qu’enregistre l’Algérie en matière de numérisation, d’où la nécessité d’accélérer les procédures, tout en mettant en place les mécanismes adéquats pour atteindre l’objectif : «Administration zéro papier».
Le lancement, dernièrement, de la certification et de la signature électronique s’avère, comme étant le coup de starter de la dématérialisation totale dans notre pays. À travers ce service innovant appelé à se généraliser au niveau des différents départements ministériels et administration, l’Algérie pourrait réduire grandement l’utilisation du papier. Une large campagne de communication et de sensibilisation a d’ailleurs été lancée, sur les bienfaits de la certification et la signature électronique, afin de convaincre les gens de recourir à ce moyen efficace et moins coûteux. Dans ce cadre, la DG de l’AGCE, Mme Zahia Brahimi, a expliqué que la certification vient ajouter une couche de sécurité et apporter la confiance aux parties dans un contrat/transaction, dans une perspective de « renforcer l’identité numérique par l’authentification». Selon Mme Brahimi, l’AGCE a reçu des demandes de 76 entités gouvernementales dont 4 sont en voie de finalisation du processus de certification. Pour les entités relevant du secteur économique, elles dépendent de la certification de l’ARPCE, a-t-elle ajouté.
Bientôt un schéma directeur national de la numérisation
Par ailleurs, la réussite de la numérisation impose aux pouvoirs publics d’investir dans les plateformes afin de promouvoir l’interopérabilité des données entre les différentes institutions de l’Etat. Actuellement, l’opération se fait, malheureusement, via des supports amovibles. «C’est inadmissible !», dira le directeur général de la Numérisation au ministère de la Numérisation et des Statistiques, Derrar Hacène, en faisant savoir que ce genre de données doit être échangé via des applications. Le même responsable, présent à ce rendez-vous a fait savoir que son département a été saisi par le gouvernement afin d’organiser un atelier sur l’interopérabilité des données entre l’ONS, DGI, Douanes et CRNC.
À cet effet, le ministère de la Numérisation lancera à partir d’aujourd’hui, jeudi, des concertations avec les départements ministériels et acteurs de l’écosystème numérique afin d’élaborer une stratégie nationale pour la numérisation. Toutefois, la réussite de cette transition vers le numérique et la digitalisation de toutes les opérations, nécessite l’amélioration de la rapidité de la connexion Internet. Tout le monde se plaint de la mauvaise qualité de l’internet. Algérie Télécom travaille sur la question, a assuré le SG du ministère des postes et télécommunication, Hanni Abderezak.
Ce dernier a promis une meilleure connexion internet à travers l’ensemble du pays afin de parvenir dès l’année en cours et à partir de juin prochain à une amélioration dans les grandes villes, à l’instar d’Alger, Constantine et Oran. Des travaux de rénovation du réseau sont en cours, affirme-t-il.
A. R.