En dépit des tentatives des autorités pour le développement des moyens de payement électroniques, les Algériens préfèrent toujours le bon vieux… «Cash». Les retraits effectués durant l’année précédente marquée par la pandémie du Coronavirus, témoignent de l’ampleur de cette pratique qui nuit à l’économie nationale.
Akrem R.
En effet, plus de 400 milliards de DA ont été retirés en 2020, soit, une moyenne de 22 milliards de DA/mois ! C’est ce que Tayeb Bouktab directeur à à Algérie Poste a annoncé hier lors de son passage une chaîne de télévision privée.
Il a noté que durant la période du confinement, «nous avons enregistrés des flux importants de clients pour le retrait de leur argent !» Des mesures, indique-t-il, ont été prises par Algérie Poste afin de répondre à cette forte demande, en mettant en place un dispositif de veille afin d’intervenir à temps et faire face aux éventuelles situations de manque de liquidité.
D’ailleurs, grâce à ces mesures, entre autres, l’augmentation du montant à retirer sur DAB à 50 000 DA et à 200 000DA au niveau du guichet, Algérie Poste a réussi à améliorer ses qualités de services, tout en éliminant à 95% le phénomène de files d’attente, et ce, grâce à la délivrance de 9 millions de carte CIB «EDAHABIA» aux clients.
Dans ce cadre, le même responsable a fait savoir, que quelque 1 500 distributeurs sont installés au niveau des 4 060 bureaux de postes, dont 90% sont en service et dont seulement entre 5 à 12% connaissent des perturbations.
M. Bouktab a relevé, également, que sur les 23 millions de comptes CCP, 15 à 18 millions, sont des comptes opérationnels d’une manière régulière et que le nombre de postes dépassait les 4 000 bureaux.
S’agissant du mois de Ramadhan, le représentant d’Algérie Poste a rassuré les clients quant à la disponibilité de liquidités pendant ce mois sacré 2021, où les opérations de retraits connaissent des «pics», notamment, durant la première semaine et la veille de l’Aïd. «Des préparatifs sont en cours afin d’assurer la disponibilité de liquidités pendant le mois de Ramadan 2021. Toutes les dispositions nécessaires sont prises en coordination avec la Banque d’Algérie», a-t-il indiqué, en promettant que les Algériens ne connaîtront pas les problèmes de retraits d’argent pendant le mois de Ramadan 2021 au niveau d’Algérie Poste.
Déficit de confiance
L’enseignant universitaire et expert en questions économiques, le Dr Ahmed Souahlia dans une déclaration à EcoTimes, a affirmé que la liquidité est un réel problème. Il s’explique par l’absence de la confiance entre le citoyen et les institutions financières, notamment. Pour lui, le problème de manque de confiance n’apparaît pas seulement dans le domaine économique mais, également, au niveau politique. La situation d’inertie politique a aggravé le fossé entre les institutions de l’Etat et les citoyens. Ceci a conduit, explique-t-il, les détenteurs de fonds à des retraits de leur argent des bureaux de poste et des Banques. L’intervenant a également expliqué le recours au retrait massif de l’argent par l’approche du mois de Ramadhan où les achats et la consommation des ménages augmentent.
Dr Souahlia a affirmé, en outre, qu’en dépit de l’adoption de la finance islamique et de l’E-paiement pour réduire le «cash», la situation demeure inchangée et les gens continuent de recourir à l’argent liquide pour répondre à leurs besoins. «Ces mesures n’ont pas et n’auront pas un impact positif, si elles ne sont pas accompagnées par des garanties et de la confiance. Le problème est plus que technique. Il est lié à la confiance», a-t-il expliqué.
D’ailleurs, affirme-t-il, cette confiance est derrière la non-bancarisation de l’argent de l’informel qui est de l’ordre de 6 000 milliards de DA ! Pour lui, les banques et les institutions financières n’ont pas joué le rôle qui leur est assigné, à savoir, la mobilisation de l’épargne. Un grand travail doit être consenti dans ce domaine, notamment par le biais de garanties et un discours politique fort, a-t-il préconisé.
Concernant la généralisation des moyens du paiement électronique, caractérisé par un saut enregistré en 2020, avec notamment 4 millions d’opérations d’un montant de 4 milliards de DA contre 671 opérations en 2019 avec un montant de 1 milliard de DA, le représentant d’Algérie Poste s’est montré optimiste pour l’avenir du e-commerce et de l’e-paiement, relevant, dans ce cadre, que 4500 TPE sont opérationnels au niveau national. Sur ce point, l’économiste Souahlia a tiré à boulets rouges sur certaines institutions de l’Etat qui n’adhérent pas à la politique générale du gouvernement. « Je me suis déplacé, ce matin, pour l’acquisition de la vignette-auto, j’ai demandé à ce que la somme soit retirée de mon compte CCP, mais l’agent en place, n’a pas bougé! Comment voulez-vous que le e-paiement se développe dans notre pays !».
A. R.