Hormis le gaz et le pétrole, l’Algérie s’est fixé comme objectif d’exporter hors ce secteur, pour 5 milliards de dollars fin 2021. Si pour les pouvoirs publics l’objectif n’est pas insurmontable en soi, il n’en demeure pas moins que beaucoup s’interrogent sur sa faisabilité. Pour le directeur général par intérim de l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), Abdelatif El Houari, «au rythme actuel des opérations d’exportations réalisées hors secteur pétrolier, le pays pourra atteindre l’objectif fixé par les hautes autorités de réaliser un montant de 4 à 5 milliards de dollars d’ici fin 2021 ».
Par Réda Hadi
En effet certains observateurs soulignent qu’au nombre des exportateurs enregistrés (800 selon la Cagex -Compagnie algérienne d’assurance et de garantie des exportations), la tâche est immense.
Le directeur général d’Algex, quant à lui, semble confiant et soutient que « L’objectif fixé par les hautes autorités du pays d’exporter hors secteur des hydrocarbures pour un montant de 4 à 5 milliards de dollars en 2021 pourrait être atteint » et ce, lors d’une journée d’information organisée par Algex sur les perspectives d’export post-Brexit vers le Royaume-Uni.
Experts dubitatifs
Pourtant, des économistes algériens restent dubitatifs et disent que ce montant n’est expliqué par personne et se demandent, comment notre pays pourra doubler ses exportations hors hydrocarbures, et passer de 2,58 milliards de dollars en 2019, et 2,26 milliards de dollars en 2020, à 5 milliards de dollars en 2021 ?
Pour Nabil Djemaa, expert agréé en économie, « la mission est impossible. On ne peut atteindre cet objectif, sans avoir au préalable tout un environnement logistique. Pour exporter l’équivalent de 5 milliards de dollars, nous manquons déjà d’un port opérationnel important. Celui de Hamdania n’est pas encore prêt. Il faut revoir toute notre logistique maritime et aérienne et la multiplier considérablement».
Outre ces moyens logistiques M. Djemaa souligne aussi le manque de compétence dans certains cas et la frilosité des banques algériennes qui se cantonnent dans des attitudes bureaucratiques. « Nous avons, pour pénétrer les marchés, des banques qui ouvrent des bureaux à l’étranger. Or La BEA, n’a aucune représentation, hors Algérie ! »
Par ailleurs, l’expert souligne aussi « l’importance de bureaux de trading. Certains pays du Golf arabique s’approvisionnent en produits algériens très concurrentiels à partir de bureaux de trading algériens en Offshore. L’Etat doit promouvoir ces bureaux, car cela ne revient pas cher. De plus en matière de compétence, il faut des personnes habituées au commerce extérieur, des personnes qui sachent comment pénétrer un marché. Or, de cela, nous n‘avons rien. Nous ne pouvons pas attendre que l’Etat se charge de trouver des débouchées à nos produits. C ‘est pour cela que l’on doit ouvrir des bureaux dans les principales places de marchés étrangers », et de préciser : «Avec une législation rigide et répressive, la question se pose sur les objectifs déjà fixés par les pouvoirs publics. Je me pose la question de savoir comment serait-il réalisable avec un dispositif qui n’est pas adapté justement à cette politique commerciale agressive sur les marchés étrangers »
L’expert a précisé sa pensée et affirme : « A Ouargla on s’attend à des récoltes record en agriculture. Mais le problème est de savoir qui va pouvoir les vendre à l’étranger. Ce n’est pas l’affaire de technocrates ni de bureaucrates. Mais des bureaux de trading. Sauf que ceux-ci n’existent pas. Nous concurrençons déjà l’agriculture marocaine, tant en qualité qu’en matière de prix. Pourtant, c’est ce pays qui continue de livrer l’Europe. Les Marocains ont su mettre en place toute une organisation à l’étranger pour placer leurs produits. De ce point de vue, nous sommes à la traine.».
« Il faut diversifier aussi nos exportations, car selon les chiffres du CNESE, le marché des exportations est accaparé par 5 grands exportateurs hors hydrocarbures, sur l’ensemble des 1468 opérateurs qui activent dans le domaine », a t-il conclu
Les Douanes algériennes notent quant à elles, que cinq produits exportés ont totalisé plus de 74,8% des exportations hors hydrocarbures. Il s’agit des engrais minéraux ou chimiques azotés, des huiles et autres produits provenant de la distillation des goudrons de houille, de l’ammoniac anhydre, des sucres de canne ou de betterave et les phosphates de calcium naturels.
L’agriculture qui a pourtant le plus fort potentiel est encore absente
R. H.